Etude sur mandat de la SRG SSR
Si la votation avait eu lieu dès le 8 décembre 2024, l’Initiative pour la responsabilité environnementale aurait été rejetée par une majorité relative.
Dans cette phase précoce de campagne pour la votation, le stade de formation de l’opinion se présente déjà moyennement avancé : Presque les deux-tiers des personnes désireuses de participer manifestent une intention ferme de voter et seulement 6 % sont totalement irrésolues. En outre, en début de campagne principale, un argumentaire sous-tendant les décisions de vote est déjà clairement reconnaissable. La volonté de participer au vote se situe toutefois à 35 %, soit nettement en dessous de la moyenne à long terme (47 % entre 2011 et 2023 selon l’OFS).
Il s’agit là d’un portrait instantané à environ sept semaines du jour de la votation, et non pas d’un pronostic. L’étude décrit la situation de départ en début de phase de la campagne principale.
Toute désignation, dans ce document, de personne, de statut ou de fonction s’entend indifféremment au féminin et au masculin.
Toutes les indications valent avec une probabilité de 95 % affectée d’une marge d’imprécision de ± 2,8 %. La campagne de votation et la formation de l’opinion ne font que commencer, faits dont il est prouvé qu’ils peuvent influencer le rapport des Oui et des Non lors des votations populaires. A cela s’ajoutent des effets dus à la mobilisation, encore inconnue, déclenchée par les campagnes.
Les constats de l’enquête font l’objet d’un positionnement théorique par le gfs.bern à l’aide de l’approche dispositionnelle
Ici se trouvent des informations de fond sur le projet mis à la votation du 9 février 2025, et ici des informations sur la méthode sous-tendant les enquêtes de tendance SRG.
En outre, vous pouvez télécharger ici un recueil complet des graphiques.
Intentions de vote modérément critiques
Si la votation sur l’Initiative pour la responsabilité environnementale avait eu lieu dès le 8 décembre 2024, une majorité relative de 49 % de l’électorat inscrit fermement décidé à participer aurait certainement ou plutôt voté en sa défaveur. 45 % auraient été fermement contre ou plutôt contre cette initiative. L’avance détenue par les adversaires de l’initiative est donc de 4 %, et l’initiative entame la phase de campagne principale sur la défensive.
Le pronostic donné par les titulaires du droit de vote désirant participer est clair : ces personnes sont 81 % à partir d’un refus le 9 février 2025, et seulement 19 % à partir d’une approbation. La part de Oui est estimée en moyenne à 42 %.
Stade moyen de formation de l’opinion
Le tableau d’opinion s’avère déjà relativement affermi avec 61 % de personnes fermement décidées et avec un robuste ancrage des décisions de vote sur des arguments (R2=0,72) dès cette phase précoce. Seul un tiers des personnes désireuses de se rendre aux urnes n’a pas encore d’intention de vote ferme pour ou contre l’initiative et commence seulement à tendre dans une direction, tandis que 6 % supplémentaires sont entièrement irrésolues pour l’instant. Le stade de formation de l’opinion est par conséquent déjà moyennement avancé.
Compte tenu du stade précoce de la campagne pour la votation, et de l’attention jusqu’à présent réduite que les médias consacrent à cette initiative, ces valeurs sont de nature à étonner. Elles signalent un réflexe fondamental de défense vis-à-vis du projet.
Schéma conflictuel préliminaire : les lignes de conflit majeures passent par la préférence partisane, le sexe et les régions linguistiques
Le schéma conflictuel de l’Initiative pour la responsabilité environnementale a un aspect familier : Les sympathisants-es des Verts, du PS et du PVL la soutiennent clairement, tandis que les électorats d’autres partis la rejettent sans équivoque. La polarisation est forte : les Verts (98 % pour) et l’UDC (81 % contre) marquent les deux pôles d’opinions. Les Indépendants sont divisés (43 % pour, 37 % contre). Au sein du PVL, il y a présence d’un conflit élite/base : Tandis que la fraction PVL au Conseil national a voté contre en bloc, l’initiative jouit d’une vaste sympathie au sein de la base du parti.
Huit autres groupes affichent des intentions majoritaires de l’approuver : les femmes, les 18-39 ans, les groupes à bas revenus, les citadins-es ainsi que les titulaires du droit de vote francophones et italophones.
Le fossé séparant les sexes retient particulièrement l’attention : 56 % des femmes approuvent l’initiative, mais 37 % seulement sont certainement pour ; les hommes sont 59 % à la rejeter.
Au niveau régional, le soutien manifesté en Suisse francophone (55 % pour) et en Suisse italophone (52 % pour) est plus élevé qu’en Suisse germanophone où 52 % déjà s’opposent à l’initiative. En Suisse germanophone, la formation de l’opinion est plus avancée, tandis que le Oui dans les autres régions linguistiques est plutôt évalué comme une sympathie initiale.
Des effets d’appartenance à des couches sociales montrent ceci : L’approbation diminue avec l’augmentation du revenu, et elle augmente avec le niveau d’éducation. Les foyers disposant de revenus peu élevés approuvent l’initiative, tandis que ceux disposant de 7000 CHF et plus sont une majorité à la rejeter. Il existe une corrélation entre un niveau d’éducation réduit ou moyen et le refus, tandis que les personnes détenant un haut niveau d’éducation sont divisées.
Argumentaire : Initiative risquée pour le site économique qu’est la Suisse vs Rôle de pionnier et prestige
Les deux-tiers des personnes désireuses de participer reconnaissent fondamentalement que nous consommons aujourd’hui déjà les ressources de demain, et que les bases de nos existences pourraient bientôt être épuisées. 63 % des personnes estiment que la Suisse doit non seulement réduire sa pollution de l’environnement sur son propre territoire mais aussi assumer de la responsabilité envers des dommages environnementaux à l’étranger. En outre, 55 % appuient l’exigence selon laquelle la Suisse devrait assumer un rôle de pionnier dans la protection internationale de l’environnement et de la sorte accroître sa bonne réputation dans le monde entier.
Simultanément toutefois, deux-tiers également des personnes interrogées voient des inconvénients dans la mise en œuvre de l’initiative : Elles craignent que les prix n’augmentent et avec eux le coût de la vie, ce qui irait à l’encontre de la compatibilité sociale réclamée. 65 % estiment qu’il est trop risqué de grever l’économie suisse d’interdictions et de réglementations car cela pourrait affaiblir le site économique qu’est ce pays. Au-delà de ce qui précède, 61 % des personnes estiment que l’initiative force à des renoncements drastiques et qu’elle abaisserait massivement le niveau de vie auquel elles sont habituées.
L’indexation révèle aussi un tableau partagé au niveau des arguments : Sur le plan des arguments, 48 % penchent vers les adversaires de l’initiative. 46 % penchent vers le camp qui la défend.
Au même moment, 6 % se montrent indifférents. De la sorte, l’approbation de l’initiative et les convictions en lien avec l’argumentaire se côtoient de près.
Le test de l’effet des arguments confirme cet équilibre dans l’argumentation, avec un léger avantage pour les partisans-es de l’initiative : Ce sont elles et eux qui, actuellement, disposent de l’argument faisant le plus levier sur l’opinion. A savoir le souhait que la Suisse joue un rôle de pionnier dans la protection internationale de l’environnement. Cet argument est toutefois directement suivi d’un homologue Contre similairement efficace, qui montre le talon d’Achille de l’initiative en phase d’évaluation initiale : à savoir respectivement les risques et les inconvenients pour la Suisse en tant que site économique. Cet argument ne parvient certes à convaincre aucune majorité à gauche, mais il constitue là-bas aussi l’argument le plus puissant contre l’Initiative pour la responsabilité environnementale. Le troisième argument le plus important dans une décision de vote provient à nouveau du camp des partisans-es de l’initiative : La peur que les bases de notre existence soient bientôt épuisées promeut un Oui. Dans l’entourage de l’UDC, une majorité de personnes voient cela certes autrement, mais cette peur agit sur la décision même dans ce camp clairement opposé à l’initiative. Une autre objection capitale arrive en quatrième position : l’absence de compatibilité sociale de l’initiative. L’exigence d’assumer de la responsabilité des dommages environnementaux à l’étranger arrive en cinquième position, tandis que le renoncement radical en tant qu’argument Contre occupe la sixième.
Tendance dans la formation de l’opinion
C’est sur la défensive que l’Initiative pour la responsabilité environnementale entre dans la campagne principale pour la votation : une majorité relative l’aurait clairement rejetée début décembre et ses adversaires disposent d’arguments capables de réunir un majorité et qui dès la phase initiale montrent l’effet souhaité. La résistance s’est déjà formée en particulier en Suisse germanophone, au sein de la droite bourgeoise, chez les hommes et les personnes disposant de revenus élevés. En outre, les titulaires du droit de vote partent majoritairement du principe que l’initiative va échouer – il s’agit là d’un point de départ correspondant à l’évolution typique des initiatives. Au fur et à mesure qu’une campagne pour les votations progresse, la perception s’éloigne de la définition du problème fournie par les personnes à l’origine de l’initiative pour se rapprocher des points faibles et des risques inhérents à cette amorce de solution proposée. Ce phénomène conduit en règle générale à une augmentation de la part de Non. Le fait par conséquent que l’initiative démarre en dessous de la barre d’approbation de 50 % ne présage rien de bon.
Toutefois, ses partisans-es disposent d’arguments robustes et producteurs d’effets sur l’opinion ; ils et elles reçoivent un net soutien de la part de certains groupes. L’approbation des sympathisants-es du PS et des Verts paraît assurée. Les sympathies ici constatées dans d’autres groupes, p. ex. au sein de l’électorat du PVL, chez les femmes, chez les titulaires du droit de vote francophones et italophones, pourraient toutefois s’affaiblir au fil de la campagne pour la votation.
La marge d’effets de la campagne est certes restreinte vu que le stade de formation de l’opinion est moyennement avancé, mais la mobilisation quant à elle est encore clairement inférieure à la moyenne. En raison de l’approbation non majoritaire en situation de départ, et de la claire attitude attentiste de la population, un Non à l’Initiative pour la responsabilité environnementale le 9 février 2025 semble toutefois plus probable qu’un Oui.
Intention de participer à la votation du 9 février 2025 inférieure à la moyenne
La volonté jusqu’à présent mesurée de participer le 9 février 2025 se situe, avec 35 %, nettement en dessous de la moyenne sur de longues années (47 % entre 2011 et 2023 selon l’OFS). Dans cette phase précoce de la campagne pour la votation, au beau milieu des préparatifs de Noël, le projet ne motive pas encore des pans particulièrement larges de la population.
Comme il faut s’y attendre, ce pourcentage pourrait continuer à augmenter au fur et à mesure que le dimanche de la votation approche, faisant que pour le moment se dessine une participation légèrement inférieure à la moyenne, devant les urnes, le 9 février 2025.
Profil des personnes désireuses de participer
Comme à l’habitude, les titulaires du droit de vote détenant un niveau d’éducation élevé et percevant de hauts revenus manifestent des intentions accrues d’aller voter. Normalement, les titulaires du droit de vote d’un âge avancé manifestent eux aussi une plus forte volonté de participer. Actuellement toutefois, la mobilisation chez les jeunes membres de l’électorat (18-39 ans : 41 %) s’avère nettement plus élevée. Compte tenu des personnes à l’origine de l’initiative et du thème de cette dernière, ces paramètres se tiennent dans la plage du prévisible. En outre, les catégories de revenus les plus basses manifestent comparativement, elles aussi, une volonté de participer légèrement plus élevée (35 %).
Mérite d’être cité le fait que les titulaires du droit de vote plutôt sceptiques envers le gouvernement manifestent une volonté de participer légèrement accentuée (40 %). Même remarque pour l’électorat ayant des affinités avec le PVL (53 %) et l’électorat du PLR (46 %). Inversement, cette initiative ne mobilise que peu l’électorat du PES (34 %) bien que l’initiative ait été lancée par l’aile jeune du parti.
Une observation par régions linguistiques montre que la mobilisation est actuellement un peu plus forte en Suisse francophone qu’en Suisse italophone et germanophone (DCH : 33 %, FCH : 39 %, ICH : 35 %). En plus, les titulaires du droit de vote vivant en territoires urbains manifestent une plus forte volonté de participer (39 %) que leurs homologues des territoires intermédiaires (27 % ; selon l’OFS, les communes des territoires intermédiaires se trouvent dans l’aire d’influence des centres urbains et présentent des caractéristiques aussi bien rurales qu’urbaines) et des territoires ruraux (28 %). La mobilisation est la plus faible au sein de la couche sociale détenant le niveau d’éducation le plus bas (21 %).
Comme il faut s’y attendre, le débat devrait au fil de la campagne se propager à d’autres milieux qui d’habitude participent aux votations, ce qui devrait donner, le 9 février 2025, un schéma de participation légèrement modifié.
Première session de l’enquête Trend SRG-SSR sur les votations du 9 fèvrier 2025, réalisée par l’Institut de recherche gfs.bern entre le 2 décembre le 16 décembre 2024 auprès de 18’845 titulaires du droit de vote. La marge d’erreur statistique est donc de +/- 2.8 pour cent.
La partie téléphonique de l’enquête présente a été réalisée par le Service d’enquête gfs, l’institut de recherche gfs.bern est en charge de l’évaluation et de l’analyse des données. Le sondage suit la procédure RDD/Dual Frame, via les réseaux fixe et mobile.
Dans le cadre du mandat SSR, le sondage téléphonique des électeurs est complété par un sondage en ligne depuis l’automne 2018, afin de renforcer la taille d’échantillonnage en Suisse romande et au Tessin. La partie en ligne a été réalisée sous forme de sondage opt-in (sondage participatif) via les portails en ligne de SRG SSR Médias.
Depuis le début de l’année 2024, avec l’aide de Boomerang Ideas, nous réalisons également des enquêtes systématiques sur les médias sociaux.
Nous ne pouvons émettre aucune affirmation sur la majorité des cantons vu que le nombre de personnes interrogées ne suffit pas pour effectuer des analyses assurées au niveau cantonal.
Vous trouverez ici plus d’informations sur la théorie et la méthode des sondages SRG Trend.
Rapport technique succinct
Commettant : Conférence CR de la SRG SSR
Corpus de base : Titulaires du droit de vote Suisses
Origine des adresses CATI : Plan d’échantillonnage Gabler/Häder pour RDD/dual-frame; corrigé par liste Swiss Interview
Origine des adresses en ligne : Sondage opt-in via les portails Internet de SRG SSR
Relevé des données : par téléphone, assisté par ordinateur (CATI) et en ligne
Nature de l’échantillonnage CATI : randomisé/par régions linguistiques; méthode de la date de naissance dans le foyer selon régions linguistiques
Nature de l’échantillonnage en ligne : Sondage de participation ouvert
Période d’enquête : 2 décembre– 16 décembre 2024
Jour médian de l’enquête : 8 décembre 2024
Taille des échantillons : minimum 1’200, réel 18’845(Cati: 518, Online: 18’327, Boomerang Ideas: 502), n DCH: 14’667, n FCH: 3’819, n ICH: 359
Erreur d’échantillonnage : ± 2.8 points de pourcentage d’une valeur de 50% (et probabilité de 95%)
Particularités des quotas CATI : régions linguistiques
Particularités des quotas en ligne : –
Pondération selon : Pondération dual-frame, langue, lieu de résidence, affinité avec un parti, recall, participation
Durée de l’enquête moyenne CATI : 7.5 minutes (écart-type : 2.0 minutes)
Publication : 20 décembre 2024, 6h00