Etude sur mandat de la SRG SSR
Si les votations avaient eu lieu dès le 7 août 2021, l’amendement du Code civil suisse (le mariage pour tous) aurait été adopté, tandis que les personnes désireuses de participer à la votation sur le thème «Alléger les impôts sur les salaires, imposer équitablement le capital» s’avèrent partagées. Cette initiative aurait été adoptée par une majorité relative très ténue. La participation aux votations aurait atteint 42 %, soit un taux légèrement inférieur à la moyenne.
Vous trouverez ci-après un état des lieux dressé environ sept semaines avant le jour du scrutin. Il ne s’agit pas d’un pronostic, mais de la situation en vigueur au début des principales campagnes.
Toute désignation, dans ce document, de personne, de statut ou de fonction s’entend indifféremment au féminin et au masculin.
Toutes les indications valent avec une probabilité de 95 % affectée d’une marge d’imprécision de ± 2.8 points de pourcentage. La campagne de votation ne fait que commencer et l’opinion à se former, faits dont il est prouvé qu’ils peuvent influencer le rapport des Oui et des Non lors des votations populaires. A cela s’ajoutent des effets dus à la mobilisation, encore inconnue, déclenchée par les campagnes.
Le positionnement théorique des constats de l’enquête fait appel à la démarche du gfs.bern en matière de disposition.
Vous trouverez ici des informations de fond sur les projets de loi de la votation du septembre 2021 et ici des informations sur la méthode du projet « SRG-Trendumfragen ».
Vous pouvez également télécharger la présentation Powerpoint des résultats ici .
Intentions de vote actuelles en faveur du Oui
Si l’initiative populaire «Alléger les impôts sur les salaires, imposer équitablement le capital» avait été mise au vote dès le 7 août 2021, les personnes désireuses de participer l’auraient rejetée. 46 % des personnes accepté à participer auraient été pour l’initiative, 45 % contre. Au moment de l’enquête, il restait encore 9 % d’indécis, soit une part proportionnellement importante.
Les titulaires du droit de vote partent à 74 % d’un refus de l’initiative. La part de Oui lors de cette votation du 26 septembre est estimée en moyenne à 44 %.
Stade moyen de formation de l’opinion
55 % des personnes jusqu’à présent mobilisées ont déjà des intentions fermes de vote pour ou contre l’initiative. Ces intentions de vote sont bien explicables avec des arguments, ce qui limite la marge d’influence de la campagne principale aux indécis ou aux personnes ayant des intentions de vote moins fermes.
Schéma conflictuel préliminaire: La sympathie pour les partis et le revenu sont des facteurs décisifs
La décision de vote sur le projet «Alléger les impôts sur les salaires, imposer équitablement le capital» suit en premier lieu les lignes des partis, sachant que l’acceptation va en diminuant de gauche à droite, qu’elle atteint le creux de la vague chez le PLR pour remonter ensuite très légèrement dans les rangs de l’électorat UDC. Seul-e-s les sympathisant-e-s des Verts et du PS veulent en majorité glisser un Oui dans l’urne. Et dans le camp de l’électorat PVL, l’acceptation majoritaire du projet n’est déjà plus qu’extrêmement mince. Les personnes qui votent pour «le Centre» sont 39 % à vouloir voter pour le projet. Chez les Indépendants, où le camp des adversaires et celui des partisan-e-s arrivent approximativement à égalité et où de surcroît 25 % n’ont pas encore pris de décision de vote claire, l’issue demeure entièrement ouverte. Dans l’ensemble par conséquent, les votant-e-s respectent les mots d’ordre de leurs partis préférentiels.
Outre la sympathie pour un parti, la situation financière d’un foyer constitue un facteur d’explication important: Plus le revenu est élevé et moins l’est le consentement pour l’Initiative 99 % ainsi nommée. Les personnes qui vivent dans un foyer disposant de jusqu’à 7000 francs de revenus veulent à ce jour majoritairement voter en faveur de l’initiative. Dans les foyers disposant d’un revenu plus élevé, cela cesse d’être le cas.
Chez les femmes actuellement, l’acceptation du projet dépasse légèrement le seuil de la majorité; les hommes en revanche sont nettement moins nombreux à vouloir placer un Oui dans l’urne. Chez les hommes, en outre, la part de ceux ayant une opinion bien arrêtée est plus élevée que chez les femmes. Les jeunes adultes sont actuellement une majorité à approuver le projet; chez l’électorat de plus de 40 ans par contre, plus aucune majorité ne se dessine.
En règle générale, les projets originaires du camp de la Gauche/des Verts rencontrent plus d’approbation dans un environnement urbain que dans les petites/moyennes agglomérations ou à la campagne. Dans ce cas, la situation est complètement inverse: A la campagne, l’approbation de l’Initiative 99 % est plus élevée que sur les territoires urbains.
En situation de départ, la Suisse italophone manifeste un peu plus de sympathie pour cette problématique. En Suisse francophone et en Suisse germanophone, les personnes interrogées se sont montrées un peu plus critiques.
Certes le Parlement et le Conseil fédéral ont émis le mot d’ordre Non à l’Initiative 99 %; néanmoins, l’approbation du projet est plus élevée chez les personnes qui font confiance au gouvernement que chez les personnes méfiantes envers les autorités.
Arguments
Six arguments ont été formulés directement au sujet de l’initiative sachant que peu nombreux sont ceux à recevoir une approbation (ou un refus) particulièrement clair-e. De nombreux arguments divisent leurs partisan-e-s et leurs adversaires en camps de tailles comparables. Il existe chez les titulaires du droit de vote un consensus clair, en faveur de cette initiative, autour de l’argument selon lequel l’économie est bénéficiaire si les petits et moyens revenus sont tenus de payer moins d’impôts.
L’analyse de l’effet des arguments montre que la formation de l’opinion dépend fortement, dans le camp des partisan-e-s, de la valeur que représente le travail salarié et du souhait que les richesses soient plus équitablement distribuées entre
les pauvres et les riches. L’identification des Suisses hommes et femmes avec les petites et moyennes entreprises est très élevée. Il est donc peu surprenant que l’argument selon lequel un nouvel impôt affecterait non seulement les riches mais aussi les PME s’avère particulièrement percutant. En outre, l’incertitude entourant la situation économique actuelle dans ce contexte de pandémie fait en outre le jeu des adversaires du projet. Qu’un tel impôt puisse menacer la récupération économique des entreprises après la crise est un argument particulièrement efficace à l’encontre du projet.
70 % des voix Oui et voix Non peuvent être expliqués par le jugement porté sur ces six arguments. C’est un taux élevé dans la phase actuelle de la campagne.
Tendance dans la formation de l'opinion
Sans connaissance de la dynamique sous-tendant la formation de l’opinion, il faut laisser ouverte l’issue de la votation du 26 septembre 2021. Les intentions de vote et les attitudes envers les arguments parlent dans l’ensemble pour une situation de départ ouverte. La position adoptée par les élites politiques et les intentions de vote de l’électorat en cohérence avec les mots d’ordre de leurs partis respectifs suggèrent toutefois plutôt un cas normal de formation
d’opinion. Dans le cas présent, l’opinion se forme en direction de la position du Conseil fédéral et du Parlement: une partie des personnes (ayant tendance à être) pour, ainsi que celles encore indécises tendent, malgré des sympathies pour cette problématique, plutôt en direction du Non au final de ce processus de formation d’opinion. Une initiative qui se lance depuis une position minoritaire dans la campagne des votations fait par conséquent face à une situation de départ difficile peu prometteuse de réussite.
Intentions de vote actuelles nettement pour le Oui
Le 7 août 2021, une nette majorité de personnes désireuses de participer (69 %) aurait voté en faveur du mariage pour tous. 29 % s’y seraient opposés. 2 % étaient encore indécis. 72 % des personnes désireuses de participer partent d’une acceptation le 26 septembre 2021 et 27 % d’un refus. La part de Oui est estimée en moyenne à 55 %.
Le stade formation de l’opinion est avancé
Les trois-quarts des titulaires du droit de vote ont déjà un avis bien campé sur le projet (certainement pour/contre). Même si la phase principale de la campagne ne fait que commencer, ce précoce tableau d’opinion sans équivoque et consolidé réduit la probabilité de décalages importants dans les intentions de vote.
Question générationnelle à cachet religieux et politique
Début août, seulement deux groupes sociétaux auraient voté en majorité contre le mariage pour tous: Les membres des Églises chrétiennes libres et les personnes désireuses de voter ayant des affinités avec l’UDC. Il règne sinon un vaste consensus sociétal au sujet du mariage pour tous. Les personnes désireuses de participer se trouvant à la retraite, de sexe masculin, ayant un niveau d’éducation réduit, italophones et critiques envers le gouvernement manifestent, malgré leur soutien majoritaire, plus de critique que leurs groupes antagonistes respectifs.
De la sorte, l’attitude envers le mariage pour tous constitue pour tout le monde une question générationnelle affectée
d’une connotation religieuse et politique. Une lecture politique montre une baisse de l’approbation de la gauche vers la droite. Les Indépendants sont majoritairement pour le projet. Les bases de tous les partis se rangent en majorité aux côtés des dirigeants de ces derniers. C’est là un indice de plus qu’il n’y a pas de grands décalages à attendre dans les rapports de majorité.
Les effets régionaux sont le plus susceptibles de se manifester dans les régions linguistiques. Car si le Oui se situe à des niveaux élevés similaires de la campagne aux villes, les votes de refus sont plus répandus en Suisse italophone (malgré une approbation majoritaire) que dans les autres régions du pays.
Arguments: une étape qui s’imposait depuis longtemps sur le chemin de la mise sur un pied d’égalité avec l’union, digne d’être protégée, entre l’homme et la femme.
Un pourcentage élevé de personnes désireuses de participer (72 %) considère le mariage pour tous comme une étape depuis longtemps nécessaire vers la mise sur un pied d’égalité des couples de même sexe. 65 % acceptent que l’attention et la sollicitude portées à l’autre ne sont pas une question de forme de la famille et que pour cette raison aussi les couples de même sexe devraient être autorisés à adopter des enfants. L’électorat UDC, les personnes qui ne font pas confiance au gouvernement et les membres des Églises chrétiennes libres refusent en majorité l’argumentation sur l’homoparentalité.
Lorsque la partie adverse argumente que les enfants ont besoin de modèles des deux sexes, ce qui empêche légalement les couples de lesbiennes de bénéficier d’un don de sperme, ou que l’union entre l’homme et la femme est seule capable de donner la vie et qu’elle doit pour cette raison être protégée, elle rencontre 39 % de Oui. Les retraité-e-s, les personnes désireuses de participer ayant un niveau d’éducation réduit,
les enquêté-e-s proches de l’UDC et critiques envers le gouvernement, ainsi que les membres des Églises chrétiennes libres sont en majorité d’accord. A noter en outre le soutien apporté aux deux arguments Contre (resp. absence de père chez les couples de femmes et le mariage en tant qu’union entre l’homme et la femme), en provenance des rangs des partisan-e-s du PLR et des Indépendants. Ce soutien peut ne pas devenir majorité, mais les valeurs, comprises entre 45 % et 49 %, sont considérables.
La congruence entre les intentions de vote et les attitudes envers les arguments est élevée (taux d’explication: 81%). Le mariage pour tous est considéré à grande échelle comme un pas nécessaire depuis longtemps en direction de la mise sur un pied d’égalité, et cette attitude promeut un Oui en faveur du projet de loi concret. Un Non est porté le plus fortement par l’attitude selon laquelle seule l’union entre l’homme et la femme détient la capacité de donner la vie et que pour cette raison elle doit être protégée.
Tendance dans la formation de l’opinion
L’avance du camp du Oui est élevée; la critique envers le mariage pour tous est nettement minoritaire en dehors de l’UDC et des Églises chrétiennes libres. Compte tenu de l’état des mots d’ordre, des votes finaux dans les chambres et des expériences faites avec ce thème devant les urnes, cette situation de départ a peu de quoi surprendre.
Dans un cas normal de formation de l’opinion sur un projet émanant des autorités, les intentions de vote de l’électorat s’alignent, au fil de la campagne, sur les recommandations du Conseil fédéral et du Parlement. Si ce cas normal se produit, le mariage pour tous sera adopté avec une nette majorité le 26 septembre 2021.
Seule la deuxième enquête renseignera sur la dynamique selon laquelle a évolué l’opinion. Les chances d’une acceptation sont actuellement intactes, mais un refus ne peut
pas encore être entièrement exclu du fait qu’actuellement, aussi, la mobilisation inférieure à la moyenne signale la présence d’une marge. Ce projet détient en outre le potentiel de polariser plus fortement qu’en ce moment. Les couples de même sexe doivent-ils être autorisés ou non à adopter des enfants ou à en avoir par don de sperme interposé. De telles questions divisent les titulaires du droit de vote situés au milieu de l’échiquier politique et elles devraient être intensément débattues au cours des semaines à venir. Si au fil de la campagne les arguments de la partie adverse devaient prendre le dessus, la part de Non augmentera. Cela correspondrait à un scénario exceptionnel – plus fréquemment observé ces derniers temps – de formation d’opinion autour d’un projet émanant des autorités. Une inversion des rapports de majorité constituerait toutefois, même dans ce cas, une grosse surprise.
Intention, légèrement inférieure à la moyenne, de participer aux votations du 26 septembre 2021
Début août, la volonté jusqu’à présent mesurée de participer le 26 septembre 2021 se situe, avec 42 %, légèrement en dessous de la moyenne de ces nombreuses dernières années (46 % entre 2011 et 2020). Actuellement ne se dessine pas de mobilisation inhabituellement élevée comme ce fut fréquemment le cas depuis l’éclatement de la pandémie de Covid-19 en début d’année 2020. Contraire aux votations du dimanche 13 juin 2021, deux projets seulement sont à trancher par les urnes, ce qui devrait conférer moins de poids à la mobilisation
simultanée de nombreux groupes hétérogènes en raison de la différence entre les thèmes.
En règle générale, la volonté de participer augmente au fur et à mesure que le jour des votations approche, raison pour laquelle il est possible de partir du principe que le 26 septembre 2021 aussi, les gens seront plus nombreux que les 42 % mesurés à s’exprimer devant les urnes. Toutefois, le scénario d’une supermobilisation comme en juin est plutôt improbable.
Profil des personnes désireuses de participer
Actuellement, l’électorat mobilisé est en premier lieu celui qui à chaque votation manifeste une volonté élevée de participer: Les moins jeunes (notamment les plus de 65 ans), les titulaires du droit de vote ayant un niveau d’éducation et de revenus élevé ainsi que les couches de population issues des territoires urbains.
Les personnes ayant une affinité pour un parti de gauche tendent à être plus mobilisées que celles qui sympathisent
avec des parties du camp de droite ou que les Indépendants. L’électorat le plus mobilisé est actuellement celui du PVL. La mobilisation ne s’avère pas accompagnée d’une composante critique envers le gouvernement.
La mobilisation est actuellement faible toutes régions linguistiques confondues, sachant que la volonté de participer est, en Suisse germanophone, à peine supérieure à celle des autres régions linguistiques. C’est fréquemment le cas au début d’une campagne de votations.
Première session de l’enquête Trend SRG-SSR sur les votations du 26 septembre 2021, réalisée par l’Institut de recherche gfs.bern entre le 2 et le 16 août 2021 auprès de 22’427 titulaires du droit de vote. La plage d’erreur statistique est donc de +/- 2.8 pour cent.
La partie téléphonique de l’enquête présente a été réalisée par le Service d’enquête gfs, l’institut de recherche gfs.bern est en charge de l’évaluation et de l’analyse des données.
Le sondage suit la procédure RDD/Dual Frame, via les réseaux fixe et mobile. Dans le cadre du mandat SSR, le sondage téléphonique des électeurs est complété par un sondage en ligne depuis l’automne 2018, afin de renforcer la taille d’échantillonnage en Suisse romande et au Tessin. La partie en ligne a été réalisée sous forme de sondage opt-in (sondage participatif) via les portails en ligne de SRG SSR Médias. De plus amples informations sur le mandat et la méthode sont disponibles ici.
Pour pouvoir émettre des affirmations par régions linguistiques, nous avons tenu compte plus que proportionnellement des minorités linguistiques au cours de l’enquête CATI. Les proportions ont été rectifiées pour pouvoir émettre des affirmations au niveau national.
Nous ne pouvons émettre aucune affirmation sur la majorité des cantons vu que le nombre de personnes interrogées ne suffit pas pour effectuer des analyses assurées au niveau cantonal.
Vous trouverez ici plus d’informations sur la théorie et la méthode des sondages SRG Trend.
Rapport technique succinct
Commettant : Conférence CR de la SRG SSR
Corpus de base : Titulaires du droit de vote Suisses
Origine des adresses CATI : Plan d’échantillonnage Gabler/Häder pour RDD/dual-frame; corrigé par liste Swiss Interview
Origine des adresses en ligne : Sondage opt-in via les portails Internet de SRG SSR
Relevé des données : par téléphone, assisté par ordinateur (CATI) et en ligne
Nature de l’échantillonnage CATI : randomisé/par régions linguistiques; méthode de la date de naissance dans le foyer selon régions linguistiques
Nature de l’échantillonnage en ligne : Sondage de participation ouvert
Période d’enquête : 2 – 16 août 2021
Jour médian de l’enquête : 7 août 2021
Taille des échantillons : minimum 1’200, réel 22’427 (Cati: 1’202, Online: 21’225), n DCH: 16’624, n FCH: 4’534, n ICH: 1’269
Erreur d’échantillonnage : ± 2.8 points de pourcentage d’une valeur de 50% (et probabilité de 95%)
Particularités des quotas CATI : sexe/âge interverrouillés
Particularités des quotas en ligne : –
Pondération selon : Pondération dual-frame, langue, lieu de résidence, affinité avec un parti, recall, participation
Durée de l’enquête moyenne CATI : 11.9 minutes (écart-type : 2.8 minutes)
Publication : 20 août 2021, 6h00