Etude sur mandat de la SRG SSR
Si les votations s’étaient déroulées dès le 5 octobre 2024, les projets relatifs au Financement uniforme des prestations de santé, au Droit du bail : sous-location ainsi qu’à l’Aménagement des autoroutes auraient été adoptés devant les urnes, sur le fil (51 %) pour ce projet dernier cité. Pour le projet Droit du bail : sous-location, la situation s’avère ouverte.
L’opinion présente des stades de formation diversement avancés. Le plus avancé des quatre concerne le projet relatif à l’Aménagement des autoroutes, suivi du projet relatif au Droit du bail : résiliation pour besoin propre. Le stade de formation de l’opinion est peu avancé pour le projet relatif au Financement uniforme des prestations de santé et celui relatif au Droit du bail : sous-location. La volonté de participer se situe à 44 % actuellement, soit un peu en dessous de la moyenne à long terme (47 % entre 2011 et 2023 selon l’OFS).
Il s’agit là d’un cliché instantané à environ sept semaines du jour des votations, et non pas d’un pronostic. L’étude décrit la situation de départ en début de phase des campagnes principales.
Toute désignation, dans ce document, de personne, de statut ou de fonction s’entend indifféremment au féminin et au masculin.
Toutes les indications valent avec une probabilité de 95 % affectée d’une marge d’imprécision de ± 2.8 points de pourcentage. La campagne de votation ne fait que commencer et l’opinion à se former, faits dont il est prouvé qu’ils peuvent influencer le rapport des Oui et des Non lors des votations populaires. A cela s’ajoutent des effets dus à la mobilisation, encore inconnue, déclenchée par les campagnes.
Les constats de l’enquête font l’objet d’un positionnement théorique par le gfs.bern à l’aide de l’approche dispositionnelle
Ici se trouvent des informations générales sur les projets mis aux votations de septembre, et ici sur la méthode sous-tendant les enquêtes de tendance SRG.
En outre, vous pouvez télécharger ici un recueil complet des graphiques.
Les intentions de vote actuelles sont proches du oui
Le 5 octobre 2024, une majorité ténue de 51 % des personnes désireuses de participer aurait certainement ou plutôt voté pour l’Aménagement des autoroutes. 45 % se sont exprimées plutôt ou clairement contre. 4 % étaient encore indécises.
Les personnes désireuses de participer s’attendent également à un Oui majoritaire comme issue de la votation du 24 novembre 2024 : le dimanche de la votation, la part de Oui est estimée en moyenne à 53,7 %. 77 % des personnes désireuses de participer partent d’une approbation et seulement 23 % d’un refus.
Stade moyen de formation de l’opinion
Dans cette phase précoce de la campagne pour la votation, 63 % manifestent déjà des intentions de vote fermes. Par ailleurs, 80 % des intentions de vote précoces s’expliquent bien par le biais des arguments. Il s’agit là d’une valeur comparativement élevée.
Cela correspond dans l’ensemble à un stade de formation de l’opinion moyen à avancé. Chez environ un tiers de ces personnes, celles en l’occurrence qui ont tendance à être résolues et celles entièrement irrésolues, il reste encore une marge pour les campagnes des partisans-es et de leur adversaires.
Schéma conflictuel préliminaire en premier lieu politiquement chargé
La ligne de conflit primaire suit, pour ce projet des autorités sur l’Aménagement autoroutier, l’éventail politique gauche-droite. Les sympathisants-es des partis bourgeois approuvent nettement l’aménagement des autoroutes. L’approbation est la plus forte auprès des personnes désireuses de participer ayant des affinités avec le PLR, suivies de celles ayant des affinités avec l’UDC, et des sympathisants-es du Centre. L’électorat des Verts, du PS et du PVL s’opposent en majorité à ce projet des autorités. Les Indépendants se rangent également, bien que seulement de justesse, dans le camp du refus. De la sorte, aucun conflit élite/base ne se dessine jusqu’à présent.
En outre, des intentions de vote divergentes se dessinent dans les groupes suivants : les hommes désireux de participer, ceux dont le foyer dispose de revenus élevés, ceux détenant un niveau d’éducation moyen à réduit, ceux provenant de territoires intermédiaires ou ruraux et ceux qui font confiance au gouvernement approuvent majoritairement l’aménagement des autoroutes. Leurs groupes antagonistes respectifs portent un jugement critique envers le projet.
Observé au niveau régional, le soutien le plus intense provient de la Suisse germanophone et de la Suisse italophone avec respectivement 52 et 57 % de Oui. En Suisse francophone en revanche, l’aménagement des autoroutes aurait été refusé, début octobre, avec une part de Oui de 48 %.
Argumentaire : Conduit à encore plus de trafic vs. décharge du trafic d'évitement
Les trois arguments en faveur du Oui reposent sur de larges bases : une majorité respective considère que le réseau autoroutier actuel est saturé, accepte que les taxes annuelles soient investies dans le réseau routier lui-même et voit dans l’aménagement des autoroutes une nécessité pour désengorger les centres urbains et les quartiers résidentiels. De même, une majorité adhère aux arguments prônant le Non, à savoir que l’aménagement des autoroutes va détruire des surfaces non bâties et des territoires agricoles, que cet aménagement planifié va nuire au climat, que les problèmes existants ne seront pas résolus par les aménagements autoroutiers et que les surfaces routières supplémentaires ne feront qu’accroître le trafic.
Si l’on indexe les attitudes sur les arguments, les personnes désireuses de participer qui approuvent et celles qui désapprouvent arrivent approximativement à égalité.
Dans l’ensemble, l’approbation issue de la question sur l’intention de vote est, tous partis confondus, légèrement supérieure à ressortant de l’argumentaire.
Il existe fondamentalement une forte congruence entre les intentions de vote et les attitudes envers les arguments, ce qui suggère que les décisions de vote sont fondées sur des contenus (degré d’explication du modèle de régression : 80 %). Les arguments rencontrant le moins d’approbation sont simultanément ceux dont la force d’action sur l’intention de vote est la plus faible : qui considère que l’aménagement des autoroutes ne va pas résoudre les problèmes existants a plutôt tendance à voter contre ce projet des autorités. Qui en revanche considère l’aménagement autoroutier comme une mesure nécessaire pour délester les centres urbains et les quartiers résidentiels sera plus enclin à voter pour cet aménagement.
Tendance dans la formation de l’opinion
Dans l’ensemble, ce projet d’Aménagement des autoroutes est un projet des autorités affecté d’une prédisposition positive de justesse, un projet jugé de façon polarisée déjà en situation de départ, faisant que celles et ceux qui l’approuvent disposent d’un avantage de départ important. L’avance du côté Oui s’avère ténue et les intentions de vote sont déjà relativement affermies dans cette phase précoce de la campagne pour la votation ; leur ligne de partage suit celle de paramètres connus des projets à caractère politique environnemental.
Si se produit le cas normal de formation de l’opinion sur un projet des autorités, la part de Oui va croître à l’approche de la date de votation et il faudrait s’attendre à une approbation.
Toutefois, ce projet d’Aménagement des autoroutes se heurte à la critique des milieux de gauche et des milieux urbains. Si le camp adverse prend le dessus par les arguments au fur et à mesure que la campagne avance, et si les milieux urbains et de gauche parviennent à mobiliser encore plus, une polarisation en direction du Non pourrait se déclencher. Sans connaissance de la dynamique sous-tendant la poursuite de la formation de l’opinion, il faut, pour l’instant encore, laisser l’issue de la votation ouverte compte tenu des rapports de voix serrés.
Sous-location: Intentions actuelles de voter Oui
Début octobre, le projet Droit du bail : sous-location aurait été adopté. 59 % des titulaires du droit de vote ayant l’intention ferme de participer auraient voté en faveur du projet, et 33 % auraient voté contre. En situation de départ, cela procure au camp du Oui une avance de 26 %.
Une majorité parmi les personnes désireuses de participer s’attend à ce que le projet soit adopté devant les urnes (58 % estiment la part de Oui supérieure à 50 % lors de la votation). L’issue attendue de la votation est également de justesse un Oui. La part de Oui au projet sur le Droit du bail : sous-location est estimée en moyenne à 51,3 %.
Résiliation pour besoin propre: Actuellement, les intentions de vote sont dans l’impasse
Le tableau précoce d’opinion sur le deuxième projet Droit du bail : résiliation pour besoin propre manque de clarté en situation de départ : 49 % des personnes désireuses de participer auraient voté le 5 octobre 2024 pour le projet concernant le besoin propre, et 46 % auraient voté contre. Il s’agit d’une situation d’impasse si l’on tient compte de l’erreur d’échantillonnage.Concernant l’issue de la votation, l’état d’esprit est plutôt pessimiste : 52 % partent d’un Non le 24 novembre et 48 % – pourcentage minoritaire – partent d’un Oui. La part de Oui est estimée en moyenne à 49,5 %. Un Non correspondant sur le fil est attendu.
Sous-location: Stade peu avancé de formation de l’opinion
À peine moins de la moitié (48 %) des personnes désireuses de participer a exprimé des intentions de vote fermes pour ou contre ce projet sur le Droit du bail : sous-location, et 8 % d’entre elles n’ont encore pris aucune décision. Un soutien des décisions de vote via l’argumentaire n’est reconnaissable qu’à grands traits pour l’instant (degré d’explication de la régression : 45 %).
Cela correspond dans l’ensemble à un stade moyennement avancé, tout au plus, de formation de l’opinion en situation de départ. Des changements sont à attendre avec les campagnes principales en cours de démarrage, en particulier chez les personnes indécises ou celles qui ont seulement tendance à s’être décidées.
Résiliation pour besoin propre: Stade de formation de l’opinion : moyennement avancé
52 % des personnes interrogées ont des avis arrêtés soit pour soit contre le projet, et seulement 5 % sont encore indécises.Les intentions de vote précoces sont déjà bien explicables par des arguments (degré d’explication de la régression : 62 %).
Le stade de formation de l’opinion est par conséquent moyennement avancé, ce qui laisse un espace restreint aux effets de la campagne. Les personnes indécises ou celles dont l’opinion est peu ancrée peuvent encore être convaincues dans une direction ou l’autre, mais elles constituent toutefois une minorité.
Sous-location: Schéma conflictuel préliminaire : thème politiquement chargé au niveau des partis, effets d’appartenance à des couches sociales et influences régionales
L’orientation politique, selon les partis, des personnes désireuses de participer, est l’un des paramètres les plus puissants pour expliquer les intentions de vote précoces vis-à-vis de la réforme du droit du bail dans le domaine de la sous-location. Sont clairement en faveur du projet, en début de phase de la campagne principale, les électorats proches de l’UDC, du PLR et du Centre. Entrent dans le cas du Oui, avec un taux d’approbation un peu plus faible, les sympathisants-es du PVL et aussi, avec un soutien en majorité relative, les Indépendants. Sont majoritairement contre les personnes désireuses de participer proches des Verts et du PS, mais les premières citées seulement en majorité relative. De la sorte, le tableau des intentions de vote précoces dans les bases des partis concorde largement avec le comportement de vote des élites de ces partis au Parlement et avec leurs mots d’ordre. Y fait exception l’électorat proche du PVL. Il semble plus ouvert que l’élite de ce parti à l’adaptation du droit du bail visant la sous-location.
En situation de départ, on trouve en dehors des sympathisants-es des Verts et du PS uniquement un autre sous-groupe rejetant le projet : les personnes désireuses de participer dont le foyer dispose de très bas revenus. Or l’approbation de la réforme du droit du bail relative à la sous-location est moins clairement reconnaissable chez les personnes jeunes désireuses de participer que chez celles de 40 ans et plus, et elle augmente comme le revenu dont dispose le foyer. Sous l’angle du niveau d’éducation scolaire, on constate exactement le contraire : plus ce niveau est faible et plus l’approbation de la réforme du droit du bail visant la location personnelle est élevée.
A cela s’ajoutent des effets régionaux, sachant que le paramètre qui divise est en premier lieu le type de zone habitée : l’approbation est plus faible sur les territoires urbains que dans les campagnes et dans les agglomérations intermédiaires. Elle est cependant majoritaire sur tous les territoires habités. Il en va de même pour les différentes régions linguistiques du pays, sachant que c’est en Suisse italophone pour l’instant que l’approbation est la plus forte, suivie de celle manifestée en Suisse germanophone.
Résiliation pour besoin propre: Schéma conflictuel préliminaire : résistance à gauche, chez les jeunes, dans les foyers à faibles revenus et sur des territoires urbains
La ligne de conflit primaire dans les intentions de vote précoces longe l’appartenance à un parti. Sur la gauche de l’échiquier on est contre le projet, et pour au centre droit. Les électorats des différents partis campent ainsi en majorité sur la position (à attendre) de leur parti d’attache respectif. Ensuite l’âge des personnes désireuses de participer, leur situation financière et le type de zone habitée jouent des rôles importants dans les intentions de vote relatives au projet Droit du bail : résiliation pour besoin propre.
En situation de départ, ce sont les 40 à 64 ans désireux de voter qui soutiennent en majorité le projet Droit du bail : résiliation pour besoin propre, ce sont aussi les personnes dont le foyer dispose des plus hauts revenus, qui détiennent un niveau d’éducation moyen, qui proviennent de zones habitées intermédiaires, de Suisse italophone ou germanophone, et les hommes. En outre, les personnes désireuses de participer entourant le PVL, le Centre, le PLR et l’UDC ainsi que celles faisant confiance au gouvernement ont en majorité l’intention de voter Oui.
Le projet Droit du bail : résiliation pour besoin propre récolte des intentions majoritaires de voter Non chez les moins de 40 ans, chez les personnes issues de foyer disposant de moins de 5’000 francs, d’un niveau d’éducation réduit, qui entourent les partis politiques de gauche, qui se méfient du gouvernement, et les citadins-ines.
Se montrent divisées les personnes retraitées désireuses de participer, les femmes, les Suisses francophones, les Indépendants, les personnes détenant un niveau d’éducation élevé et celles issues de foyers disposant d’un revenu moyen à élevé. Leurs intentions de vote sont au coude à coude et la suite de la formation de l’opinion de ces groupes jouera un rôle phare dans l’issue de la votation.
Argumentaire sous-location et résiliation pour besoin propre: autant les locataires que les propriétaires peuvent compter sur de la compréhension
Vu la proximité du contenu de ces deux projets concernant le droit du bail, huit arguments relatifs aux deux projets ont été sondés. À ce titre se font face les perspectives de deux groupes sociaux : le groupe des locataires et celui des propriétaires. Et ces deux groupes peuvent trouver des majorités pour leur façon de voir les projets.
Parmi les arguments Pour, celui concernant l’affaiblissement de la position des locataires par l’amendement de loi sur la résiliation pour besoin propre est soutenu par les deux tiers des personnes désireuses de participer. Dans les milieux bourgeois également, des majorités se rangent à cette affirmation. Et aussi dans les arguments Contre, l’angle de vue des locataires domine : les deux tiers des personnes désireuses de participer et des majorités dans tous les électorats des partis sont convaincus par l’argument énonçant que l’amendement de la loi sur la résiliation pour besoin propre affaiblit la protection contre la résiliation et ainsi la position des locataires. Si l’on décrit ces projets comme une attaque générale contre la protection des locataires, 54 % des personnes interrogées se rangent à cette description. Seules les personnes désireuses de participer proches de l’UDC et du PLR pensent en majorité le contraire.
Le camp des propriétaires peut également compter sur de la compréhension : 59 % des personnes désireuses de participer reconnaissent que les propriétaires devraient pouvoir utiliser personnellement leurs biens immobiliers en contrepartie du fait que les droits de propriété sont déjà restreints aujourd’hui. L’entourage du PS et des Verts émet toutefois une objection majoritaire. La protection de la propriété est une valeur fondamentale majoritairement et communément reconnue, et il considère que ces amendements de loi feront qu’elle soit mieux garantie. Aussi sur ce point, des sympathisants-es du PS et des Verts sont d’un autre avis.
L’affirmation selon laquelle les droits des locataires ne seront aucunement restreints par ces deux modifications du droit locatif provoque : 58 % des personnes désireuses de participer disent s’y opposer et seulement 35 % y adhérer. Seules des majorités ténues dans les milieux bourgeois soutiennent cette affirmation. 56 % des personnes désireuses de participer se rangent au fait que l’assouplissement des règles de résiliation pour besoin propre va permettre au lobby immobilier d’obtenir des rendements plus élevés. L’opposition provient de l’environnement des partis bourgeois.
L’analyse des effets sur les deux projets est basée sur ces huit arguments testés et est effectuée séparément pour chaque projet.
Analyse de l’effet du droit du bail visant la sous-location : empêche les abus vs est déjà interdite
En pourcentage, 47 % des personnes sont plus proches des arguments du camp Contre, 43 % sont plus proches des arguments du camp Pour et les 10 % de personnes restantes se disent indifférentes.
Un Oui à l’amendement de loi dans le domaine de la sous-location est le plus fortement porté par l’affirmation selon laquelle il empêche ainsi les sous-locations abusives, par exemple via des plateformes en ligne. Mais le deuxième argument le plus puissant est celui selon lequel il est déjà interdit aujourd’hui de sous-louer sans le consentement du/de la loueur-euse, et que par conséquent ce règlement est inutile.
Ensuite l’impression qu’il s’agit d’une attaque générale menée contre la protection des locataires est déterminante pour le Non, et la meilleure garantie de cette valeur de base qu’est la propriété constitue un motif d’une puissance similaire en faveur du Oui. Marginalement, le point de vue selon lequel les droits des locataires ne sont pas restreints promeut en outre un Oui.
Dans l’ensemble, les huit arguments testés expliquent 45 % des voix pour le Oui et le Non, ce qui constitue une valeur relativement basse.
Analyse de l’effet Droit du bail : résiliation pour besoin propre : protection de la propriété vs Attaque lancée contre la protection des locataires
Les attitudes divisées sur le projet Résiliation pour besoin propre se confirment dans l’analyse de l’approbation du contenu : Si l’on indexe les attitudes sur les arguments, des parts similairement élevées d’adversaires (43 %) et de partisans-es (44 %) sont plus proches. 13 % des personnes sont indifférentes.
L’analyse de l’effet des arguments montre que la formation précoce de l’opinion sur l’amendement de loi dans le domaine de la résiliation pour besoin propre continue cependant d’être fortement marquée par le camp Pour. Au centre se trouvent les arguments selon lesquels la protection de la propriété sera mieux garantie par les amendements de la loi, et que les propriétaires, en raison des droits de propriété déjà restreints, pourront au moins utiliser rapidement eux-mêmes leurs biens immobiliers. Ces points de vue soutiennent puissamment le camp du Oui.
Un Non à l’amendement de la loi dans le domaine de la résiliation pour besoin propre s’explique par le point de vue selon lequel ces projets s’attaquent à la protection des locataires. Concrètement, c’est un affaiblissement de la protection contre la résiliation qui constitue le deuxième motif le plus puissant d’opposition au projet. Les rendements plus élevés ciblés par le lobby immobilier ne jouent jusqu’à présent qu’un rôle marginal.
Les jugements portés sur les huit arguments permettent d’expliquer 62 % des voix Oui et Non. Il s’agit d’une valeur déjà plutôt élevée pour une situation de départ.
Sous-location: Tendance dans la formation de l’opinion
Sans connaissance de la dynamique sous-tendant la formation de l’opinion au fil de la campagne, les pronostics relatifs à l’issue de la votation sont peu assurés. Les personnes qui approuvent le projet détiennent toutefois des avantages de départ : aussi dans la majorité des sous-groupes examinés, elles rencontrent un soutien majoritaire. Les opinions ne sont toutefois pas encore arrêtées de manière définitive. C’est ce que suggère, outre le tableau d’opinion peu affermi, l’efficacité plutôt faible des arguments.
Dans un cas normal de formation de l’opinion sur un projet émanant des autorités, les intentions de vote de l’électorat s’alignent, au fil de la campagne, sur les recommandations du Conseil fédéral et du Parlement. Si ce cas normal se produit, la Réforme de la sous-location sera adoptée le 24 novembre 2024, adoption dont partent elles-mêmes les personnes titulaires du droit de vote. Parle en faveur de ce scénario la pression, reconnue, exercée par le problème tout autour des sous-locations commerciales via les plateformes en ligne. Certaines villes suisses ont déjà réagi à cette problématique et lui ont procuré tout récemment une visibilité dans les médias.
Ce problème reconnu fait toutefois face à deux arguments Contre efficaces : d’une part le doute quant à la nécessité de ce règlement vu qu’aujourd’hui déjà il faut le consentement du/de la loueur-euse lorsqu’on veut sous-louer un bien immobilier. d’autre part l’objection que cet amendement de la loi constitue une attaque générale menée contre la protection des locataires. En Suisse, pays de locataires, ces deux objections sont écoutées. Si les adversaires du projet réussissent à mieux ancrer les restrictions de la protection des locataires et, dans leur camp, le refus des deux projets et à mobiliser à leur sujet, un Non aux deux projets visant le droit du bail se situe dans le domaine du possible.
En l’état aujourd’hui, il faut laisser l’issue de la votation en suspens.
Résiliation pour besoin propre: Tendance dans la formation de l’opinion
Le débat sur le projet Droit du bail : résiliation pour besoin propre est polarisé et marqué par deux thèmes centraux : la protection de la propriété et les craintes que la protection des locataires ne soit attaquée. Les opinions sont moyennement affermies et sont au coude à coude. Actuellement, les personnes indécises, les femmes, les retraités-es et les Suisses francophones pourraient influencer de façon déterminante l’issue de la votation.
Si le cas normal de formation de l’opinion se met en place, les intentions de vote vont évoluer, durant la suite de la campagne, en direction de la position prise par le Conseil fédéral et le Parlement, ce qui conduirait à un Oui. Parlent en faveur de ce scénario la protection hautement pondérée de la propriété en Suisse, et la volonté acceptée qui en découle d’utiliser la propriété habitable. Les arguments des partisans-es sont fondamentalement entendus et produisent les effets recherchés. Ils dominent la formation précoce de l’opinion sur l’amendement du Droit du bail : résiliation pour besoin propre.
Mais dans un passé récent justement se sont produits des cas où il ne se formait pas d’opinion sur des projets émanant des autorités et où l’inverse s’est produit : la part de Non s’est amplifiée au fur et à mesure que se déroulait la campagne (la réforme LPP en est un exemple marquant). La Gauche a livré la preuve de son pouvoir référendaire et elle dirige aussi la campagne du Non au projet actuel. Sur la question du droit du bail, elle peut en outre s’appuyer sur un avantage quantitatif : En Suisse, les locataires sont plus nombreux que les loueurs-euses Si l’on réussit à mobiliser et convaincre cette masse importante, le projet visant le Droit du bail : résiliation pour besoin propre se retrouvera en difficulté. Les titulaires du droit de vote partent personnellement plutôt de ce scénario exceptionnel et estiment que le projet ne sera pas adopté de justesse.
En l’état aujourd’hui et en raison de cette évaluation précoce ambivalente, il faut laisser l’incertitude planer sur l’issue de la votation.
Intentions actuelles de voter Oui
Début octobre 2024, une majorité de 61 % des personnes désireuses de participer aurait voté certainement ou plutôt en faveur du financement uniforme des prestations de santé (EFAS). 26 % se sont dites plutôt ou clairement contre. 13 % étaient encore entièrement indécises. En situation de départ, l’avance du camp des Oui se chiffre donc à 35 %.
Qui veut participer s’attend aussi plutôt à une approbation : la part de Oui le dimanche de la votation est estimée en moyenne à 53 %. 64 % des personnes désireuses de participer partent d’une approbation.
Stade peu avancé de formation de l’opinion
Dans cette phase précoce de la campagne pour la votation, 41 % manifestent des intentions de vote fermes. Une majorité ne s’est donc pas encore clairement cristallisée. Les intentions de vote précoces ne sont à ce stade que partiellement soutenues par des arguments.
Cela correspond dans l’ensemble à un stade peu avancé de formation de l’opinion, faisant qu’il reste beaucoup de marge pour sa formation au cours des dernières semaines précédant la votation.
Schéma conflictuel préliminaire : l’appartenance à une couche sociale joue un rôle important
En situation de départ, les intentions de vote ne sont marquées d’abord que le long des appartenances à un parti politique. Les mots d’ordre ne sont pas encore producteurs de beaucoup d’effets. Dans le camp de gauche, l’EFAS reçoit (encore) un soutien majoritaire ou en majorité relative. Les Indépendants sont également une majorité sur le fil à l’approuver. L’approbation est plus nette chez les sympathisants-es de l’UDC, du Centre, du PLR et du PVL. Comme il en va typiquement des projets complexes, la volonté d’approbation dépend de la confiance éprouvée envers le gouvernement. Les personnes qui font confiance au gouvernement veulent en claire majorité voter pour le financement uniforme. Qui ne lui fait pas confiance est plus réservé-e. On constate toutefois, au fil de la législature actuelle, un tendance à la baisse de confiance envers le gouvernement : Chez les personnes désireuses de participer, celles qui font confiance au gouvernement (45 %) et celles qui ne lui font pas confiance (45 %) sont actuellement en équilibre sur la balance. Depuis 2018, les personnes faisant confiance au gouvernement étaient toujours majoritaires dans les enquêtes de tendance SRG. Dans l’environnement des personnes qui ne lui font pas confiance, le mot d’ordre Oui de l’UDC, que les délégués ont rédigé après la clôture de la première enquête de tendance, pourrait éventuellement encore avoir des répercussions.
L’appartenance à une couche sociale joue, aux côté de l’orientation intellectuelle, un grand rôle. Les avis des personnes dont le foyer dispose de revenus inférieurs à la moyenne et des personnes ne détenant pas de diplômes ouvrant accès aux études suivantes sont moins clairement définis. Compte tenu de la discussion intensive sur les primes, la tendance dans la formation de l’opinion chez les personnes et foyers moins privilégiés devient particulièrement intéressante car elle permet d’estimer les chances du projet de façon concluante.
En Suisse francophone, l’incertitude vis-à-vis de la solution proposée est plus forte que sur les territoires italophone et germanophone. Ici, en situation de départ, le projet ne convainc aucune majorité. En revanche, les différences selon le type de zone habitée n’ont pas d’importance. Bien que les différences d’âge ne soient pas non plus très éloquentes, les jeunes notamment ne se sont encore pratiquement pas fixé de direction à prendre. Seulement un tiers des 18-39 ans dit favoriser « certainement » le Oui (20 % certainement pour) ou le Non (13 % certainement contre). Les femmes penchent certes majoritairement pour le Oui (56 % certainement ou plutôt pour), mais elles portent un jugement plus réservé que les hommes (64 %).
Argumentaire : Soins efficaces vs. qualité en souffre
Sur le plan des arguments, les personnes Pour sont en meilleure position que le camp du Non, sachant que l’avantage est seulement de justesse lorsque considéré sur l’ensemble des arguments. En termes de contenu, 54 % sont plus proches du Oui. Les personnes interrogées restantes sont soit encore indifférentes soit tendent, via les arguments, vers le camp du Non.
Dans le camp du Oui, une majorité croit à une moindre contrainte pesant sur la santé personnelle s’il y a plus de traitements ambulatoires que stationnaires. En outre, une majorité est convaincue par l’argument énonçant que si les Cantons participent aussi aux coûts des traitements ambulatoires, cela profitera aux personnes à revenus bas et moyens. Et enfin une majorité serrée est convaincue par l’argumentation de l’incitatif : grâce à l’amendement de la loi, le traitement le plus efficace pourra être choisi sans pertes de qualité.
Dans le camp du Non, 59 % craignent cependant que les caisses d’assurance-maladie, grâce à la responsabilité et au pouvoir ajoutés, prennent le contrôle du système de santé.
Une majorité relative voit la pression des coûts s’aggraver en raison de la réforme, ce qui va réduire la qualité sans résoudre les problèmes existants. Seule une minorité soutient l’argumentation selon laquelle plus de traitements ambulatoires entraîneraient une détérioration des prestations de santé.
Certes l’avance du camp du Oui est moindre, observée sous l’angle du contenu, que cela ressort des intentions de vote (54 % de soutien argumenté contre 61 % de « certainement ou plutôt Pour »). Jusqu’à présent, ce sont surtout les arguments Pour qui expliquent les intentions de vote. Qui croit à des prestations de santé efficaces grâce à la disparition d’incitatifs erronés, et à une moindre charge pesant sur les bas et moyens revenus grâce au traitement ambulatoire, va selon une probabilité accrue voter pour le financement uniforme. L’argument d’une moindre charge grâce aux interventions ambulatoires détient moins d’importance. Qui croit en une aggravation de la pression des coûts si les problèmes existants ne sont pas résolus sera plus enclin-e à voter contre l’EFAS. Le décalage du pouvoir vers les caisses d’assurance-maladie ou la détérioration des prestations pèse jusqu’à présent peu en faveur du Non.
Tendance dans la formation de l’opinion
Dans l’ensemble, ce projet de financement relevant du droit de la santé est un projet des autorités affecté d’une prédisposition positive, faisant que celles et ceux qui l’approuvent disposent d’un important avantage de départ. L’avance acquise par le camp du Oui est relativement importante, mais les intentions de vote exprimées dans de nombreux groupes ne sont pas affermies. Les personnes désireuses de participer partent du principe que le projet sera accepté. Toutefois, en termes de contenu, elles se rangent moins clairement derrière ce projet de loi que cela ne se manifeste dans les intentions de vote. Dans de nombreux groupes, il reste encore beaucoup de marge au débat avant qu’elles ne prennent leur décision définitive. Les ménages qui précisément souffrent beaucoup du montant des primes, et les Indépendants vont étudier de près les conséquences possibles du projet. Beaucoup de personnes ont du mal à évaluer les répercussions que ce financement uniforme aura sur les prestations de santé et sur les primes.
Vient compliquer les choses, pour le camp du Oui, une méfiance actuellement accrue envers le gouvernement, ce qui durant les campagnes peut plutôt exposer les projets complexes à des attaques. Ces deux facteurs pourraient nettement éroder l’avance du camp du Oui.
Le scénario exceptionnel d’une formation d’opinion avec part croissante de Non au fil de la campagne a été plus fréquemment observé dans un passé récent, lors de campagnes intensives en faveur du Non. Justement les référendums initiés par la gauche ont plus instauré cette situation, ces dernières années, que ceux initiés par la droite.
La force avec laquelle le Financement uniforme des prestations de santé peut mobiliser le camp opposé codécidera de l’issue. Le gouvernement et la majorité au Parlement se sont imposés en juin face aux initiatives du Centre et du PS, mais les syndicats ont déjà réussi deux fois cette année dans le domaine de la prévoyance vieillesse.
Intention moyenne de participer aux votations du 24 novembre 2024
La volonté jusqu’à présent mesurée de participer le 24 novembre 2024 se situe, avec 44 %, un peu en dessous de la moyenne sur le long terme (47 % entre 2011 et 2023 selon l’OFS).
Ce pourcentage pourrait continuer à augmenter au fil de la campagne, faisant que pour le moment se dessine une participation moyenne devant les urnes le 24 novembre 2024.
Profil des personnes désireuses de participer
Comme à l’habitude, les titulaires du droit de vote d’un certain âge, détenant un niveau d’éducation élevé et percevant de hauts revenus manifestent des intentions accrues d’aller voter. Si le débat ne s’étend pas à d’encore plus larges milieux, le schéma de participation devrait également être proche, le 24 novembre 2024, du schéma actuel. Mérite d’être cité le fait que les titulaires du droit de vote plutôt sceptiques envers le gouvernement manifestent une forte volonté de participer (50 %).
Il en va de même de l’électorat ayant des affinités avec le PS (53 %). Une observation par régions linguistiques montre que la mobilisation est actuellement un peu plus forte en Suisse germanophone et francophone qu’en Suisse italophone (DCH : 44%, FCH : 44 %, ICH : 40 %). La mobilisation est la plus faible chez les plus jeunes membres de l’électorat (18-39 ans : 29 %), chez les Indépendants (29 %) et chez les personnes dont le foyer dispose de très bas revenus (31 %).
Première session de l’enquête Trend SRG-SSR sur les votations du 24 novembre 2024, réalisée par l’Institut de recherche gfs.bern entre le 30 septembre et le 14 octobre 2024 auprès de 11183 titulaires du droit de vote. La marge d’erreur statistique est donc de +/- 2.8 pour cent.
La partie téléphonique de l’enquête présente a été réalisée par le Service d’enquête gfs, l’institut de recherche gfs.bern est en charge de l’évaluation et de l’analyse des données.
Le sondage suit la procédure RDD/Dual Frame, via les réseaux fixe et mobile. Dans le cadre du mandat SSR, le sondage téléphonique des électeurs est complété par un sondage en ligne depuis l’automne 2018, afin de renforcer la taille d’échantillonnage en Suisse romande et au Tessin. La partie en ligne a été réalisée sous forme de sondage opt-in (sondage participatif) via les portails en ligne de SRG SSR Médias. De plus amples informations sur le mandat et la méthode sont disponibles ici.
Pour pouvoir émettre des affirmations par régions linguistiques, nous avons tenu compte plus que proportionnellement des minorités linguistiques au cours de l’enquête CATI. Les proportions ont été rectifiées pour pouvoir émettre des affirmations au niveau national.
Nous ne pouvons émettre aucune affirmation sur la majorité des cantons vu que le nombre de personnes interrogées ne suffit pas pour effectuer des analyses assurées au niveau cantonal.
Vous trouverez ici plus d’informations sur la théorie et la méthode des sondages SRG Trend.
Rapport technique succinct
Commettant : Conférence CR de la SRG SSR
Corpus de base : Titulaires du droit de vote Suisses
Origine des adresses CATI : Plan d’échantillonnage Gabler/Häder pour RDD/dual-frame; corrigé par liste Swiss Interview
Origine des adresses en ligne : Sondage opt-in via les portails Internet de SRG SSR
Relevé des données : par téléphone, assisté par ordinateur (CATI) et en ligne
Nature de l’échantillonnage CATI : randomisé/par régions linguistiques; méthode de la date de naissance dans le foyer selon régions linguistiques
Nature de l’échantillonnage en ligne : Sondage de participation ouvert
Période d’enquête : 30 septembre– 14 octobre 2024
Jour médian de l’enquête : 5 octobre 2024
Taille des échantillons : minimum 1’200, réel 11183 (Cati: 1208, Online: 9975), n DCH: 8037, n FCH: 2800, n ICH: 346
Erreur d’échantillonnage : ± 2.8 points de pourcentage d’une valeur de 50% (et probabilité de 95%)
Particularités des quotas CATI : sexe/âge interverrouillés
Particularités des quotas en ligne : –
Pondération selon : Pondération dual-frame, langue, lieu de résidence, affinité avec un parti, recall, participation
Durée de l’enquête moyenne CATI : 14.2 minutes (écart-type : 4.0 minutes)
Publication : 18 octobre 2024, 6h00