Etude sur mandat de la SRG SSR
Si les votations avaient eu lieu dès le 4 septembre 2022, les deux projets de réforme de l’AVS auraient été adoptés. Une majorité ténue aurait rejeté l’initiative contre l’élevage intensif. Une majorité relative aurait adopté la loi sur l’impôt anticipé.
Pendant la phase principale des campagnes, les quatre projets ont connu une polarisation en direction du Non. Cette évolution est généralement typique des initiatives; pour les projets émanant des autorités en revanche, elle constitue un cas exceptionnel de formation de l’opinion.
La participation aux votations serait restée stable à 44 % en moyenne.
Toute désignation, dans ce document, de personne, de statut ou de fonction s’entend indifféremment au féminin et au masculin.
Comme d’habitude, cette seconde enquête ne constitue elle aussi qu’un instantané; elle ne pronostique pas l’issue des votations. Si l’on compare les courbes, les résultats peuvent toutefois aussi être interprétés comme des tendances.
Toutes les indications valent avec une probabilité de 95 % affectée d’une marge d’imprécision de ± 2.8 points de pourcentage. La campagne de votation ne fait que commencer et l’opinion à se former, faits dont il est prouvé qu’ils peuvent influencer le rapport des Oui et des Non lors des votations populaires. A cela s’ajoutent des effets dus à la mobilisation, encore inconnue, déclenchée par les campagnes.
Le positionnement théorique des constats de l’enquête fait appel à la démarche du gfs.bern en matière de disposition.
Vous trouverez ici des informations de fond sur les projets de loi de la votation du mai 2022 et ici des informations sur la méthode du projet « SRG-Trendumfragen ».
En outre, vous pouvez télécharger ici un recueil complet des graphiques.
Légère tendance défavorable
Début septembre 2022, l’initiative contre l’élevage intensif aurait été refusée de justesse. 47 % des personnes désireuses de participer ont signalé leur intention de voter Oui, 52 % en revanche celle de voter Non. Le recul de la part de Oui au fil du mois, de 4 points de pourcentage (ci-après abrégés «ppt»), est seulement mineur. La part de Non a augmenté de 6 points de pourcentage.
Les attentes des titulaires du droit de vote désireux de participer continuent d’être nettement plus critiques que les intentions de vote. 72 % de ces personnes prévoient un Non le 25 septembre 2022. La part de Oui est estimée en moyenne à 45 %. Ainsi et de l’avis des personnes interrogées, un Non net se dessine.
Stade avancé de formation de l’opinion
76 % (+11 ppt) sont soit certainement pour le projet (35%), soit certainement contre (41%). Plus des trois quarts des intentions de votes sont donc bien compréhensibles à partir des arguments. Le stade de formation de l’opinion est par conséquent avancé.
Une polarisation claire entre la gauche et la droite, entre la ville et la campagne – la classe moyenne devient plus critique
La polarisation politique entre la gauche et la droite s’avère encore plus nette qu’aucun cours de la première vague d’enquête. Comme il faut s’y attendre avec les fossés relevant de la politique environnementale, celui-ci sépare les sympathisants-es du PVL et le Centre. Les parts de Oui se maintiennent au sein du PS, des Verts et jusqu’au PVL. Il faut s’attendre à un refus très net au Centre, au sein du PLR et de l’UDC. En outre les Indépendants ont basculé. La majorité qui à l’origine voulait voter Oui ou plutôt Oui s’est transformée en une majorité de 54 % qui maintenant veut voter Non.
A la campagne, une majorité est déjà certainement contre l’initiative. 62 % veulent voter contre l’initiative d’opposition à l’élevage intensif. Il reste cependant une tendance de 36 % en faveur du Oui, représentative de beaucoup de sympathies même à la campagne. Les majorités ont basculé dans les petites et moyennes agglomérations et désirent maintenant, fait nouveau, voter contre le projet (52 %) Dans les grandes agglomérations, les majorités sont moins claires. Actuellement 53 % veulent voter en faveur de l’initiative. Dans l’ensemble se
dessine un fossé ville/campagne moins profond qu’avec les projets de politique agraire mis aux votations en juin 2021.
Une différenciation par régions linguistiques montre un Non partout devant. C’est en Suisse germanophone que la régression est la plus faible. Le mois dernier, c’est surtout en Suisse francophone et italophone que l’initiative a vu son soutien s’éroder fortement.
C’est la classe moyenne qui éprouve le moins de sympathie pour le projet, et la régression de la part de Oui y est la plus forte. Actuellement, 39 % des personnes ayant reçu une formation professionnelle veulent voter en faveur du projet. Les personnes d’un niveau d’éducation moins élevé ou plus élevé sont beaucoup plus fortement clivées entre le Oui et le Non Mais le Non gagne légèrement du terrain aussi dans ce groupe d’éducation.
Par ailleurs, les femmes sont encore de justesse une majorité à vouloir voter pour l’Initiative contre l’élevage intensif, tandis que les hommes vont voter à 59 % certainement ou plutôt contre l’initiative. Les différences entre intentions de vote sur l’initiative contre l’élevage intensif s’avèrent moins marquées en fonction de la confiance éprouvée envers le gouvernement et de l’âge.
Argumentaire: Le camp du Non progresse
Le contenu de l’Initiative contre l’élevage intensif est jugé de façon légèrement plus critique que cela ne se manifeste dans les intentions de vote. En outre, les points faibles du projet figurent maintenant au premier plan lorsqu’il s’agit, pour de nombreuses personnes désireuses de voter, d’entrer dans la phase décisive précédant le remplissage du bulletin de vote. En pourcentage et de par leur argumentaire, 53 % des personnes voulant participer sont plus proches des adversaires de l’initiative, et 44 % des personnes qui la défendent.
55 % des personnes interrogées se rangent à l’affirmation selon laquelle la Suisse possède déjà l’une des lois de protection animale les plus sévères à l’échelle mondiale, raison
pour laquelle il est inutile de la durcir. Il s’agit de l’argument le plus efficace dans le camp du Non. En outre, le renvoi à l’offre existante de différents labels est important précisément pour les Indépendants, pour expliquer leur attitude devenue critique.
Le camp du Oui atteint 47 % lorsqu’il renvoie aux diminutions du bien-être et de la dignité des animaux, ou 44 % lorsqu’il argumente sur la capacité de l’agriculture à faire face au futur. Comparés au mois précédent, ces deux arguments perdent du soutien. L’argument de base contre l’élevage intensif continue de bénéficier du vaste soutien des personnes désireuses de participer (63 %), mais il n’a qu’un faible effet formateur d’opinion. 79 % s’attendent à des coûts supplémentaires en raison des standards exigés. L’argument du prix convainc les deux camps, ce en quoi son effet formateur d’opinion est le plus faible.
Tendance dans la formation de l’opinion
Comme il fallait s’y attendre, l’initiative contre l’élevage intensif a perdu au fil de la campagne l’aptitude à la majorité qu’elle détenait en début de campagne principale. Toutefois, cette tendance est comparativement faible. Notamment les milieux moins politisés sont cependant devenus plus critiques, et le camp du Non progresse sur le terrain de l’argumentation.
Les attentes aussi sont devenues plus critiques, faisant que tout autre chose qu’une progression de la tendance au Non constituerait une surprise. Par ailleurs l’obstacle de la majorité
des cantons du point de vue des initiatrices et initiateurs ne paraît pratiquement plus surmontable.
L’ampleur que prendra la tendance au Non est difficile à évaluer. Les milieux de gauche et écologistes peuvent être fortement mobilisés, raison pour laquelle un résultat bien supérieur à 40 % demeure réaliste. À la différence des initiatives de politique agraire, il n’y a pas à la campagne de polarisation aussi clairement visible, et l’initiative n’a pas été représentée, dans la campagne des agricultrices et agriculteurs, comme une question menaçant leur existence économique. Inversement, le soutien est intense jusque dans les rangs du PVL.
La réforme de l’AVS comprend deux projets de loi : la décision fédérale visant le financement additionnel de l’AVS par une augmentation de la TVA et la modification de la loi fédérale sur l’Assurance Vieillesse et Survivants (AVS 21). Les deux projets de loi sont liés; si l’un des deux est refusé, c’est l’ensemble de la réforme qui échoue. Le focus va porter, dans les propos qui suivent, sur la modification de la loi fédérale sur l’Assurance Vieillesse et Survivants ou AVS 21. Le projet relatif à la TVA n’est discuté que là où des divergences pertinentes apparaissent.
Intentions de voter Oui actuellement majoritaires, avec tendance au Non
Exactement trois semaine avant les votations, les deux projets de réforme de l’AVS auraient été adoptés, mais avec une courbe de formation de l’opinion évoluant vers le Non. Un pourcentage en baisse (59 % soit -5 ppt) de l’électorat ayant l’intention ferme de voter l’aurait fait en faveur de l’AVS 21, un pourcentage en hausse (38 %, soit +5 ppt) aurait voté contre. Un pourcentage stable de 63 % (-2 ppt) aurait approuvé l’augmentation de la TVA, un pourcentage en hausse (34 %, soit +5 ppt) l’aurait refusée.
En l’espace d’un mois, l’attente des personnes voulant participer que les deux projets soient adoptés devant les urnes s’est nettement consolidée: (respectivement 68 % (+12 ppt) et 69 % (+14 ppt) estiment la part de Oui supérieure à 50 % lors des votations). L’issue attendue de la votation est toutefois nettement plus serrée que les intentions de vote exprimées. La part de Oui est estimée en moyenne à 52 % pour les deux projets de loi.
Stade avancé de formation de l’opinion
73 %, des personnes voulant participer, soit un pourcentage en nette hausse, manifestent des intentions de vote fermes sur l’AVS 21 (+13 ppt) et seulement 3 % se montrent encore indécises. 68 % des personnes ont pris une décision ferme (+17 ppt) quant à l’augmentation de la TVA en faveur de l’AVS, et 3 % sont encore indécises (-3 ppt). De même, le soutien argumenté des décisions de vote est nettement reconnaissable (degré d’explication, par analyse de régression: 76 %).
Le stade de formation de l’opinion est par conséquent avancé. Il faut toutefois s’attendre à des changements car le processus de formation de l’opinion et la phase de campagne principale battent leur plein.
Le schéma du conflit: Des paramètres politiques, des accentuations par langue régionale et le sexe des personnes interrogées figurent au premier plan
A gauche, un Non aux deux projets de réforme de l’AVS se dessine encore plus clairement qu’il y a un mois. Les Indépendants voulant participer se positionnent eux aussi de justesse contre la réforme de l’AVS. La structure des parts de Non s’explique à partir des évolutions intervenues dans ces électorats, car chez les électrices et électeurs des partis du Centre et à droite de ce dernier, la part de Oui se maintient ou augmente sans apparition du Non.
Le refus de l’AVS 21 dans les rangs des Verts et du PS non seulement a augmenté mais il est maintenant majoritaire. Le financement additionnel via la taxe à la valeur ajoutée continue toutefois à recueillir l’approbation à grande échelle précisément de ces mêmes rangs (PES: 50 %, PS: 43 % plutôt/certainement pour). A l’exception des Verts sur le projet visant la TVA, toutes les bases des partis se positionnent en majorité du côté de leur parti d’attache respectif.
Une opposition croissante à la réforme de l’AVS se manifeste sur les territoires suisses de langue latine. En Suisse italophone, les intentions de vote s’avèrent maintenant divisées envers les deux volets de la réforme de l’AVS, en
raison d’une nette tendance au Non (financement additionnel: 48 % de Oui/47 % de Non; AVS 21: 49 % de Oui/47 % de Non). En Suisse francophone, l’AVS 21 est sur le point de basculer (47/49); le financement additionnel continue toutefois de bénéficier d’une approbation majoritaire (56/39).
En outre, le Non a augmenté chez les femmes, tandis que le Oui se consolidait chez les hommes. Le Non féminin n’est toutefois majoritaire qu’envers l’AVS 21 (51 % certainement/plutôt contre).
La confiance éprouvée envers le gouvernement s’avère décisive, avec encore plus de netteté qu’en août: Qui fait confiance au gouvernement approuve clairement la réforme. Qui en revanche ne lui fait pas confiance est maintenant majoritairement contre.
En dehors des cinq groupes mentionnés, l’approbation demeure presque partout majoritaire malgré des tendances au Non. Des paramètres socio-économiques marginaux jouent toutefois un rôle, sachant que les couches sociales à revenu et niveau d’éducation plus bas s’avèrent plus critiques que toutes les autres. Une observation par âges montre que les pensionnés sont le plus nettement favorables aux deux projets, tandis que la résistance s’est accrue chez les personnes plus jeunes voulant participer.
Arguments : pas d’accroissement de l’âge de la retraite sans égalité des salaires vs La réforme assure l’AVS sans qu’il faille diminuer les pensions.
Les partisans-es conservent le dessus au niveau de l’argumentaire car leurs arguments convainquent des majorités, tandis que les arguments contre divisent les personnes voulant participer. Si l’on indexe les attitudes sur les arguments, 55 % des partisans-es soit un pourcentage stable en sont plus proches, et 41 % des personnes Contre. Ces valeurs continuent certes d’évoluer en dessous des intentions de vote constatées, mais elles confirment l’avantage du camp du Oui. Cet avantage est toutefois relativisé – outre par une tendance générale au Non – également par l’analyse de régression, car l’argument le plus efficace envers une décision de vote sur la réforme de l’AVS 21 est un argument du camp adverse.
Aucun argument Pour n’a ainsi vu son approbation s’éroder de façon pertinente. Un pourcentage élevé, 62 %, continue de considérer que la réforme de l’AVS va accroître la solidarité intergénérationnelle vu qu’avec l’augmentation de la TVA les pensionnés vont eux aussi continuer à apporter leur contribution à la prévoyance vieillesse. 61 %, soit un pourcentage stable, trouvent qu’il n’y a pas de raison que les femmes partent plus tôt à la retraite que les hommes. Cette affirmation divise les femmes (47 %/49 %), tandis que les hommes l’acceptent en majorité (74 % plutôt/entièrement
d’accord). Par ailleurs, 55 % continuent comme avant à trouver injuste de saper financièrement l’AVS aux frais de la génération suivante. Et 55 %, autre pourcentage stable, approuvent le fait que la réforme assure l’AVS sans qu’il faille rogner les rentes.
Le camp Contre reçoit une approbation majoritaire lorsqu’il argumente que la réforme sanctionne les femmes à double titre vu qu’aujourd’hui déjà elles touchent un tiers de moins de rente que les hommes (51 % plutôt/tout à fait d’accord). Cet argument n’a toutefois qu’un effet restreint sur une décision de vote. 48 %, soit un pourcentage en légère baisse (-4 ppt), se rangent à l’avis que la réforme de l’AVS sera la porte ouverte à d’autres retardements de l’âge du départ en retraite. Ensuite, les avis relatifs aux arguments contre divergent fortement. Ainsi respectivement 47 % sont d’accord et 49 % pas d’accord avec l’affirmation selon laquelle une hausse de l’âge du départ à la retraite des femmes est hors de question aussi longtemps que ces dernières continueront, à travail égal, d’être sous-payées. Il s’agit ici de l’argument le plus efficace pour une décision de vote; cet argument convainc les groupes d’électeurs de gauche et groupes indépendants, mais pas le centre de l’échiquier politique ni son pôle droit. Les hommes sont une majorité à rejeter cette affirmation (63 % plutôt/pas du tout d’accord) et les femmes une majorité à l’approuver (61 % plutôt/entièrement d’accord). Et pour terminer, un pourcentage stable de personnes voulant participer (41 %) juge la réforme injuste étant donné que via la TVA tout le monde paierait plus tandis que les prestations seraient simultanément rognées.
Tendance dans la formation de l’opinion
Avec le démarrage de la campagne principale préparatoire aux votations, le schéma d’opinions sur les deux projets de réforme de l’AVS s’est cristallisé et polarisé. Une tendance au Non s’est déclenchée, sachant que le projet AVS 21 s’est retrouvé plus sous pression que le financement additionnel via la TVA. En particulier les femmes, les personnes désireuses de participer de langue latine, de gauche et indépendantes de tout parti jugent de façon plus critique qu’il y a encore un mois. La question des femmes polarise et pèse lourd sur la décision de vote. Sur le terrain de l’argumentation toutefois, les adversaires ne sont pas parvenus jusqu’à présent à prendre le dessus sur tous les fronts. L’approbation majoritaire des deux projets et l’attitude des personnes titulaires du droit de vote, à savoir qu’elles s’attendent à ce que la réforme réussisse devant les urnes, se sont consolidées. Assurer l’AVS sans diminuer les rentes revêt une haute priorité dans les décisions de vote sur les deux projets.
La dynamique constatée dans la formation de l’opinion, avec une baisse des Oui, est atypique pour un projet émanant des autorités, car normalement l’approbation augmente tandis que la date des votations approche. En raison de l’avance du camp Oui, de l’approbation manifestée par la majorité des sous-groupes ici analysés et des attitudes argumentatives, une majorité populaire en faveur de la réforme de l’AVS semble plus probable que son refus.
La présente enquête ne peut pas livrer de renseignements sur la majorité des cantons et une éventuelle influence de la décision de report, prise après l’enquête par la Commission sociale du Conseil des États, sur l’amélioration de la situation des femmes dans le 2e pilier. Si la Suisse de langue latine devait dire Non en bloc, cela correspondrait au Non de sept cantons. Avec quatre cantons et demi supplémentaires émettant un Non, la réforme achopperait à la majorité des cantons.
Approbation en majorité relative, avec tendance au Non
Début septembre, 47 %, soit un pourcentage serré, auraient voté pour la modification de la loi sur l’impôt anticipé et 44 % auraient voté contre. La part de Oui est restée stable (-2 ppt), tandis qu’augmentait la part de refus (+9 ppt). Un pourcentage élevé (9 %) mais en baisse (-7 ppt) demeure comme avant indécis.
Une majorité des personnes désireuses de participer estime supérieure à 50 % la part de Oui (51 %, soit -2 ppt) lors de la votation du 25 septembre 2022. Cette part est estimée en moyenne à 51 %. Les personnes désireuses de participer partent d’une acceptation de justesse du projet de loi.
Stade moyen de formation de l’opinion
60 % ont un avis ferme quant à la loi sur l’impôt anticipé; parmi ces personnes figurent à peine plus d’adversaires que de partisans-es (31 % certainement contre, 29 % certainement pour). Le stade de formation de l’opinion a évolué en l’espace d’un mois (personnes ayant pris une décision ferme: +16 ppt), mais il reste en retard sur celui relatif aux trois autres projets. Il faut donc continuer à s’attendre à ce que les choses bougent dans les intentions de vote. Les intentions de vote sont toutefois bien explicables avec des arguments, ce qui ramène la marge d’influence de la campagne principale aux indécis ou aux personnes ayant une opinion moins affermie.
Schéma conflictuel marqué en premier lieu par la politique
La tendance au Non au projet de modification de la loi sur l’impôt anticipé se manifeste dans la quasi-totalité des sous-groupes ici analysés (exceptions: les hommes, les sympathisants-es du PVL, du Centre et du PLR). On est toutefois en présence d’une approbation (relativement) majoritaire dans 18 des 32 sous-groupes étudiés ici.
En termes de politiques de partis, tous les électorats suivent majoritairement le mot d’ordre de leur parti d’attache respectif. A ce titre, les pôles de l’opinion sont occupés par les sympathisants-es du PLR (79 % plutôt/certainement pour) et les sympathisants-es du PS (74 % plutôt/certainement contre). Les Indépendants font preuve d’une attitude critique.
La confiance envers le gouvernement, l’âge, le revenu et le sexe influencent en outre les attitudes vis-à-vis de la loi sur l’impôt anticipé. La loi sur l’impôt anticipé rencontre une approbation claire chez les pensionnés, les hommes, les personnes désireuses de participer faisant confiance au gouvernement, celles détenant un niveau d’éducation réduit et celles disposant des plus hauts revenus; l’approbation atteint une majorité relative chez les 40-64 ans, les personnes d’un niveau d’éducation moyen, les titulaires du droit de vote entrant dans la deuxième plus haute catégorie de revenus et les personnes originaires de la Suisse germanophone.
Le loi sur l’impôt anticipé se heurte en majorité (relative) à un refus chez les personnes désireuses de participer jeunes, de sexe féminin, les personnes proches du PS et des Verts, et chez celles qui ne font pas confiance au gouvernement. Une faille divise les personnes désireuses de participer détenant un haut niveau d’éducation, percevant un revenu moyen, habitant des agglomérations de petite à grande taille, en Suisse francophone et italophone.
Argumentaire: Emplois et des recettes fiscales plus élevées à moyen terme vs Injustice et désavantage des citoyens-nes ordinaires
Au niveau de l’argumentation, le camp du Non convainc certes à plus grande échelle, mais il influence moins la décision. En pourcentages, 49 % (+1 ppt) des personnes voulant participer sont plus proches des arguments du camp Contre, et 42 % (+1 ppt) plus proches de ceux du camp Pour, sachant que 9 % (-2 ppt) restent indifférents. L’analyse de l’effet des arguments confirme toutefois que la formation de l’opinion demeure fortement marquée par le camp Pour.
Le plus puissant argument en faveur de la réforme de l’impôt anticipé est qu’elle va certes coûter à court terme, mais qu’en seulement quelques années elle va entraîner de plus fortes recettes fiscales (43 % plutôt/entièrement d’accord). Deuxième argument le plus efficace selon l’analyse de l’effet: la réforme fiscale va créer et assurer des emplois en Suisse, ce dont profiteraient aussi l’AVS et l’AI (45 % plutôt/entièrement
d’accord). 43 % sont par ailleurs d’accord avec le camp Pour sur le fait que la réforme fiscale stoppe les cadeaux fiscaux que la Suisse faisait aux pays étrangers.
Un pourcentage stable (60 %) est d’accord avec le camp Contre sur le fait qu’il est injuste de délester les entreprises et à la place de présenter la facture aux citoyens-nes ordinaires. Non seulement cet argument est apte à réunir une majorité mais c’est encore celui qui agit le plus efficacement en direction d’un Non. Il est suivi de l’argument selon lequel la réforme fiscale va de nouveau délester les entreprises et qu’au final seuls resteraient imposés les salaires, les pensions et la consommation; cet argument réunit lui aussi une majorité stable (53 % plutôt/entièrement d’accord). 45 %, soit une légère hausse (+4 ppt) trouvent en outre que le démontage de l’impôt anticipé facilite la criminalité fiscale et crée des issues par lesquelles se glisseraient les fraudeurs.
69 % des voix Oui et des voix Non peuvent s’expliquer par le jugement porté sur ces six arguments. C’est un pourcentage moyen à élevé dans la phase actuelle de la campagne.
Tendance dans la formation de l’opinion
Les intentions de vote, la tendance et les attitudes envers les arguments parlent dans l’ensemble pour un tableau d’opinion sur l’impôt anticipé ambivalent et comparativement peu consolidé. L’approbation de justesse se maintient, certes, mais la tendance évolue vers le Non. Cela correspond au cas d’exception dans la formation de l’opinion sur un projet de loi émanant des autorités, car dans un cas normal la formation de l’opinion va dans le sens de la position défendue par le Conseil fédéral et le Parlement:
Conformément au jugement argumentatif, la critique est répandue à une relativement grande échelle, et elle a déjà été activée par des votations antérieures relevant du même domaine thématique. Un surplus argumentatif du camp Contre se confirme sans toutefois s’amplifier. Si devait se désagréger l’approbation – actuellement en majorité relative – des classes moyennes et de la Suisse de langue latine, la loi sur l’impôt anticipé échouera devant les urnes. Une décision sur le fil du rasoir se dessine, sachant que la mobilisation sur la ligne d’arrivée devrait être décisive. En raison des signaux ambivalents émis à propos de la loi sur l’impôt anticipé, en raison aussi de la ténuité de la majorité, il faut continuer à laisser l’issue de la votation ouverte.
Les intentions de participation se maintiennent à un niveau moyen
La volonté jusqu’à présent mesurée de participer le 25 septembre 2022 continuait de se situer début septembre 2022, avec 44 %, au voisinage de la moyenne sur de longues années (46 % entre 2011 et 2020). Jusqu’au 4 septembre 2022, une mobilisation comme celle extrêmement élevée observée au cours des
quatre votations de 2021 ne se dessine pas non plus à l’heure actuelle pour cette troisième votation fédérale de l’année 2022. C’est surtout la mobilisation engendrée par les campagnes qui manque à l’appel. En phase de pandémie, les campagnes de mobilisation ont suscité beaucoup de critiques envers les autorités. Au cours de la seconde vague d’enquête SRG nous continuons de constater, sur fond d’une campagne conduite avec peu d’états d’âme, un soutien important des positions défendues par les autorités.
Profil des personnes voulant participer
Depuis 2022, nous observons de nouveau une structure des mobilisations plutôt conforme aux attentes: Il est habituellement plus probable que ce soient les personnes moins jeunes, d’un niveau d’éducation plus élevé, politiquement affiliées à un camp et faisant confiance au gouvernement qui participent. Si le débat ne s’étend pas à d’encore plus larges milieux, le schéma de participation devrait également correspondre à ce profil le 25 septembre 2022. A remarquer la faible mobilisation des femmes (39 % comparé à 49 % des hommes). Une égalisation se produit en règle générale par la suite. Vu que les femmes sont particulièrement affectées par le projet sur l’AVS, leur mobilisation finale devrait être plus élevée que ce n’est actuellement le cas. Les efforts de la population agricole semblent plutôt porter leurs fruits. Dans l’intervalle la mobilisation s’est accrue à la campagne, mais avec 49 % elle n’atteint pas encore une valeur maximale. Sont peu mobilisées jusqu’à présent notamment les personnes titulaires d’un diplôme d’école professionnelle (22 %) ou les
sympathisants-es de l’UDC (29 %). Les personnes de moins de 40 ans ont été mobilisées au fil de la campagne, tandis que celles titulaires du droit de vote plus âgées souhaitent moins participer qu’il y a encore un mois.
Le débat entourant les projets enthousiasme visiblement beaucoup plus de titulaires du droit de vote en Suisse francophone. En Suisse germanophone, la volonté de participer descend de 44 à 41 %, ce qui est inhabituel. En Suisse francophone, elle passe de 48 à 50 % et en Suisse italophone de 40 à 45 %.
En Suisse germanophone précisément, il faut continuer de s’attendre à une polarisation du débat productrice d’effets mobilisateurs supplémentaires dans différents groupes. Ces groupes toutefois devraient peut-être être ouverts aux arguments de gauche et de droite envers les différents projets de loi. De la sorte, la participation pourrait se situer dans le domaine des 50 %. Une mobilisation record n’est toutefois pas à attendre.
Deuxième session de l’enquête Trend SRG-SSR sur les votations du 25 septembre 2022, réalisée par l’Institut de recherche gfs.bern entre le 31 août et le 7 septembre 2022 auprès de 8’642 titulaires du droit de vote. La plage d’erreur statistique est donc de +/- 2.8 pour cent.
La partie téléphonique de l’enquête présente a été réalisée par le Service d’enquête gfs, l’institut de recherche gfs.bern est en charge de l’évaluation et de l’analyse des données.
Le sondage suit la procédure RDD/Dual Frame, via les réseaux fixe et mobile. Dans le cadre du mandat SSR, le sondage téléphonique des électeurs est complété par un sondage en ligne depuis l’automne 2018, afin de renforcer la taille d’échantillonnage en Suisse romande et au Tessin. La partie en ligne a été réalisée sous forme de sondage opt-in (sondage participatif) via les portails en ligne de SRG SSR Médias. De plus amples informations sur le mandat et la méthode sont disponibles ici.
Pour pouvoir émettre des affirmations par régions linguistiques, nous avons tenu compte plus que proportionnellement des minorités linguistiques au cours de l’enquête CATI. Les proportions ont été rectifiées pour pouvoir émettre des affirmations au niveau national.
Nous ne pouvons émettre aucune affirmation sur la majorité des cantons vu que le nombre de personnes interrogées ne suffit pas pour effectuer des analyses assurées au niveau cantonal.
Rapport technique succinct
Commettant : Conférence CR de la SRG SSR
Corpus de base : Titulaires du droit de vote Suisses
Origine des adresses CATI : Plan d’échantillonnage Gabler/Häder pour RDD/dual-frame; corrigé par liste Swiss Interview
Origine des adresses en ligne : Sondage opt-in via les portails Internet de SRG SSR
Relevé des données : par téléphone, assisté par ordinateur (CATI) et en ligne
Nature de l’échantillonnage CATI : randomisé/par régions linguistiques; méthode de la date de naissance dans le foyer selon régions linguistiques
Nature de l’échantillonnage en ligne : Sondage de participation ouvert
Période d’enquête : 31 août – 7 septembre 2022
Jour médian de l’enquête : 4 septembre 2022
Taille des échantillons : minimum 1’200, réel 8’642 (Cati: 1’203 Online: 7’439), n DCH: 6’645, n FCH: 1’608, n ICH: 389
Erreur d’échantillonnage : ± 2.8 points de pourcentage d’une valeur de 50% (et probabilité de 95%)
Particularités des quotas CATI : sexe/âge interverrouillés
Particularités des quotas en ligne : –
Pondération selon : Pondération dual-frame, langue, lieu de résidence, affinité avec un parti, recall, participation
Durée de l’enquête moyenne CATI : 15.1 minutes (écart-type : 3.4 minutes)
Publication : 14 septembre 2022, 6h00