1ère enquête "SRG Trend" relative à la votation du 25 septembre 2022

Situation en début de campagne :

Initiative contre l’élevage intensif - approuvée par une majorité serrée
Financement additionnel de l’AVS - une majorité favorable
AVS 21 - une majorité favorable
Loi sur l’impôt anticipé - une majorité relative favorable

Etude sur mandat de la SRG SSR

Si les votations avaient eu lieu dès le 8 août 2022, l’initiative contre l’élevage intensif et les deux projets de réforme de l’AVS auraient été adoptés. La loi sur l’impôt anticipé n’aurait recueilli que les faveurs d’une majorité relative. Avec 45 %, la participation aux votations aurait été inférieure à la moyenne.

Vous trouverez ci-après un état des lieux dressé environ sept semaines avant le jour du scrutin. Il ne s’agit pas d’un pronostic, mais de la situation en vigueur au début des principales campagnes.

Toute désignation, dans ce document, de personne, de statut ou de fonction s’entend indifféremment au féminin et au masculin.

Toutes les indications valent avec une probabilité de 95 % affectée d’une marge d’imprécision de ± 2.8 points de pourcentage. La campagne de votation ne fait que commencer et l’opinion à se former, faits dont il est prouvé qu’ils peuvent influencer le rapport des Oui et des Non lors des votations populaires. A cela s’ajoutent des effets dus à la mobilisation, encore inconnue, déclenchée par les campagnes.

Le positionnement théorique des constats de l’enquête fait appel à la démarche du gfs.bern en matière de disposition.

Vous trouverez ici des informations de fond sur les projets de loi de la votation du mai 2022 et ici des informations sur la méthode du projet « SRG-Trendumfragen ».

En outre, vous pouvez télécharger ici un recueil complet des graphiques.

Initiative contre l’élevage intensif

Intentions de voter Oui actuellement majoritaires

Début août 2022, l’initiative contre l’élevage intensif aurait recueilli de justesse la majorité populaire. 51 % des personnes désireuses de participer ont signalé leur intention de voter Oui, 46 % celle de voter Non. L’inclination à l’approbation est un peu plus faible que lors de la première enquête sur les initiatives de politique agraire mises au vote le 13 juin 2021. Au cours de l’enquête d’avril 2021, l’initiative pour une interdiction des pesticides atteignait encore une proportion de 55 % d’intentions de voter Oui et de 32 % de voter Non. Pourtant, au final, c’est le Non qui avait prévalu avec seulement 39,4 % de Oui.

Les attentes des titulaires du droit de vote désireux de participer sont peut-être plus critiques que les intentions de vote en raison justement du débat de l’année dernière. 71 % de ces personnes prévoient un Non le 25 septembre 2022. La part de Oui est estimée en moyenne à 49 %. Ainsi et de l’avis de nombreuses personnes interrogées, un Non se dessine.

Stade moyen de formation de l’opinion

33 % disent approuver certainement l’initiative, 32 % par contre la désapprouvent. Ces 65 % sont déjà révélateurs d’une votation dans une certaine mesure prédéterminée. Plus de la moitié des intentions de vote étant facilement compréhensibles aussi via les arguments, le stade de formation de l’opinion peut donc, dans l’ensemble, être jugé moyennement avancé.

Plusieurs fossés dans le schéma conflictuel: Les fossés villes/campagnes, entre sexes et classes sociales jouent aussi un rôle

Comme il fallait s’y attendre, la polarisation politique entre la gauche et la droite s’avère très nette. Tandis que les sympathisants-es des Verts, du PS et même du PVL veulent en majorité voter pour l’initiative, cette dernière échoue en situation de départ auprès de majorités des sympathisants-es du Centre, du PLR et de l’UDC. Actuellement les Indépendants cultivent majoritairement de la sympathie pour cette problématique, mais la formation de l’opinion au sein de ce groupe qui souvent finit par examiner de près les répercussions financières d’un projet n’est pas encore très avancée.

D’autres fossés jusqu’à présent faciles à constater méritent d’être cités: 60 % de femmes, mais seulement 41 % d’hommes, veulent accepter l’initiative contre l’élevage intensif. Le fossé villes/campagnes s’avère d’une profondeur comparable à celle du fossé entre sexes. Tandis que dans les grandes agglomérations 57 % veulent voter Oui, à la campagne,

 

 

 

l’initiative ne recueille pas de majorité avec 40 % d’approbation dès la situation de départ. Dans les agglomérations, l’initiative ne franchit que de justesse (52 %) l’obstacle de la majorité. Les revenus du foyer enfin représentent aussi une ligne conflictuelle pertinente. Plus le foyer dispose de moyens financiers et plus les personnes interrogées sont critiques.

En différenciant par régions linguistiques, l’inclination à l’approbation est accrue en Suisse italophone, tandis que la situation de départ en Suisse germanophone et francophone se présente très comparable à celle de l’ensemble de la Suisse. Au début de la formation de l’opinion sur l’initiative relative aux pesticides, les différences par langues étaient presque identiques. Toutefois, le résultat final en Suisse italophone s’est avéré tout aussi critique que dans les autres régions linguistiques.

Les différences entre intentions de vote sur l’initiative contre l’élevage intensif s’avèrent moins marquées en fonction de la confiance éprouvée envers le gouvernement et de l’âge.

Argumentaire: Les arguments efficaces polarisent

Sur le plan du contenu, la situation de départ vis-à-vis de l’initiative contre l’élevage intensif se présente sous un jour plus critique que pour les intentions de vote, et plus critique aussi si l’on compare cela avec la situation de départ lors de l’initiative contre les pesticides: En pourcentage, 50 % des personnes désireuses de participer sont de par leur argumentaire plus proches du camp Non, et 46 % du camp Oui: Six semaines avant les votations sur l’initiative contre les pesticides, 38 % se rapprochaient du camp Oui et 34 % du camp Non.

Dans l’environnement de tous les électorats des partis, le soutien argumentatif relativement à l’initiative contre l’élevage intensif est légèrement inférieur au niveau des intentions de vote manifestées. Toutefois, dans le détail, la situation du contenu est plus polarisée que dans l’initiative contre les pesticides. Les deux arguments les plus efficaces pour expliquer les intentions de vote n’atteignent pas des chiffres d’approbation très élevés si l’on ajoute chaque fois les parts de

personnes, ayant l’intention ferme de participer, qui se déclarent entièrement ou plutôt d’accord avec un argument : Du côté du Non agit le revenoi au status quo rigide dans la loi sur la protection animale actuellement en vigueur. Il s’agit dans l’ensemble de l’argument le plus efficace, mais il ne convainc que 54 % des personnes. Le camp adverse marque des points avec les atteintes au bien-être et à la dignité des animaux, encore possible en vertu de la réglementation actuelle. 50 % se rangent à cette argumentation, qui est la plus efficace dans le camp Oui. Les autres arguments efficaces partagent eux aussi en camps de tailles égales l’électorat ayant l’intention de voter: Du côté des Oui, le renvoi à une agriculture durable grâce aux restrictions de l’élevage intensif (46 % de soutien), et dans le camp Non le renvoi à une offre suffisante grâce à des labels (57 % de soutien). Les deux arguments détenant le plus grand pouvoir de conviction sont jusqu’à présent les moins efficaces. Le renvoi au risque, menaçant l’homme et l’animal, de répercussions négatives de l’élevage intensif dans le camp Oui (67 % de soutien) ainsi que le renvoi aux coûts de production supplémentaires à la charge des consommateurs (81 % de soutien).

 

Tendance dans la formation de l’opinion

Sur le plan typologique, l’initiative est un projet affecté d’une prédisposition positive de justesse. L’image s’inverse toutefois lorsqu’on tient compte des attentes et des attitudes envers le contenu. Ici, une comparaison avec les projets de politique agraire qui avaient été mis aux votations le 13 juin 2021 s’avère utile. En situation de départ, les intentions de vote étaient plus nettes pour les initiatives, et l’image du contenu beaucoup plus ouverte qu’actuellement. La formation de l’opinion sur l’initiative contre l’élevage intensif est plus avancée et se présente plus polarisée que l’année dernière. C’est remarquable dans la mesure où l’initiative sur l’élevage intensif a été peu médiatisée jusqu’à présent.

Dans un cas normal de formation de l’opinion sur une initiative, les intentions de vote de l’électorat s’alignent, au fil de la campagne, sur les recommandations du Conseil fédéral et du Parlement. Si ce cas normal se produit, l’initiative sur l’élevage intensif sera refusée le 25 septembre 2022. Toutefois et en raison du stade plutôt avancé de formation de l’opinion, une tendance au Non aussi nette qu’avec les projets de politique agraire constituerait une surprise. A l’époque, les deux projets avaient atteint moins de 40 % de Oui.

Ce n’est que si le problème exerce une très forte pression ou que la mobilisation s’avère unilatéralement favorable à l’initiative (en raison d’autres projets), qu’une suprise serait possible au niveau de la majorité populaire. En pareils cas exceptionnels, les parts de Oui se maintiennent quand elles n’augmentent pas un peu, même, en raison de la mobilisation. Sur le plan du contenu, le débat tournerait dans ce cas plus fortement autour de problèmes de l’élevage intensif, tandis que les répercussion d’un durcissement sur les prix demeureraient en arrière-plan. Cela aussi serait atypique et contraire à l’expérience faite avec le débat autour des initiatives de politique agraire. Indépendamment du déroulement du débat, il semble que l’initiative aura du mal à franchir l’obstacle de la majorité des cantons. Certes des affirmations suffisamment sûres ne peuvent pas être émises pour la totalité des cantons vu que les amplitudes de fluctuation sont très fortes. Toutefois et en détail, les jugements portés sont déjà en majorité critiques dans de nombreux cantons à dominante rurale en Suisse germanophone et francophone. Si au fil de la campagne la polarisation villes/campagnes s’intensifie comme il faut s’y attendre, les voix Non des cantons conservateurs de Suisse germanophone devraient venir s’ajouter en bloc.

Réforme AVS

La réforme AVS comprend deux projets de loi : la décision fédérale sur le financement supplémentaire de l’AVS par une augmentation de la TVA et la modification de la loi fédérale sur l’Assurance Vieillesse et Survivants (AVS 21). Les deux projets de loi sont liés; si l’un des deux est refusé, l’ensemble de la réforme qui échoue. Le focus va porter, dans les propos qui suivent, sur la modification de la loi fédérale sur l’Assurance Vieillesse et Survivants.Le projet relatif à la TVA n’est discuté que si des divergences pertinentes apparaissent. Les graphiques afférents se trouvent dans le recueil de graphiques dont le lien d’accès est mentionné en introduction.

Intentions de voter Oui actuellement majoritaires

Si les votations avaient eu lieu dès le 8 août 2022, les deux projets de loi portant réforme de l’AVS auraient été adoptés. 64 % de l’électorat ayant l’intention ferme de voter l’aurait fait en faveur de l’AVS 21, et 33 % contre. 65 % auraient approuvé l’augmentation de la TVA et 29 % l’auraient refusée. En situation de départ, cela procure au camp Oui une avance de respectivement 31 et 36 points de pourcentage.

Une majorité des personnes voulant participer s’attend à ce que les deux projets de loi soient adoptés devant les urnes (respectivement 56 % et 55 % estiment la part de Oui supérieure à 50 % lors des votations). L’issue attendue de la votation est toutefois nettement plus serrée que les intentions de vote manifestées ne le laisseraient supposer. La part de Oui est estimée en moyenne à 50 % pour les deux projets de loi.

Stade de formation de l’opinion moyen à avancé

Dans cette phase précoce de la campagne de votation, 60 % des personnes voulant participer manifestent des intentions de vote fermes sur l’AVS 21 et seulement 3 % se montrent encore indécises. 51 % des personnes ont pris une décision ferme quant à l’augmentation de la TVA en faveur de l’AVS, et 6 % sont encore indécises. De même, le soutien argumenté des décisions de vote est déjà nettement reconnaissable (degré d’explication, par analyse de régression: 62 %).

Cela correspond dans l’ensemble à un stade de formation de l’opinion moyen à avancé. Il faut toutefois s’attendre à des changements car nous n’en sommes qu’au début du processus de formation de l’opinion.

Schéma conflictuel préliminaire: Les affinités avec des partis figurent au premier plan

La polarisation en fonction des partis politiques est déjà bien reconnaissable, sachant que les électorats des différents partis campent en majorité sur la position (attendue) de leur parti d’attache. Y font exception les sympathisants-es des Verts qui en situation de départ se prononcent de justesse pour L’AVS 21. Toutefois, du pôle politique de droite au PVL, l’approbation de l’AVS 21 fait bloc. Les Indépendants disent eux aussi en majorité Oui. Il en va autrement de l’électorat proche de l’UDC: Il se prononce en majorité contre la modification de la loi fédérale sur l’Assurance Vieillesse et Survivants.

Concernant la décision fédérale sur le financement supplémentaire de l’AVS en augmentant la TVA, le tableau est légèrement différent, car si les électorats de partis approuvent tous en majorité, l’UDC et les Indépendants sont eux dans un flou maximal. Dans l’environnement des partis de gauche existent des différences d’attitudes entre les élites de ces partis et leurs bases. Il faut s’attendre à ce que la sympathie pour la réforme diminue encore dans cet environnement au fil de la campagne.

En situation de départ, on ne trouve en dehors des sympathisants-es du PS aucun autre sous-groupe rejetant le

projet, mais des différences nettes par sexe et des accentuations par régions linguistiques. Ainsi, 74 % d’hommes mais seulement 52 % de femmes ont indiqué vouloir voter pour l’AVS 21. Mais concernant l’augmentation de la TVA, la différence est beaucoup moins forte (68 % d’hommes, 64 % de femmes plutôt/certainement pour).

L’approbation des germanophones voulant participer est plus forte que celle des francophones et des italophones. Elle est cependant majoritaire dans les trois régions du pays. Si toutefois les deux projets jouissent d’une approbation d’égale importance en Suisse germanophone, le projet AVS 21 est moins approuvé en Suisse francophone et italophone que le projet sur l’augmentation de la TVA.

Une observation par âges montre que les pensionnés sont le plus nettement favorables aux deux projets. Certes, début août les personnes voulant participer âgées de moins de 40 ans auraient accepté les deux projets, mais elles auraient formé le groupe le plus réservé vis-à-vis de l’augmentation de la TVA. Celles âgées entre 40 et 64 ans sont celles qui se sont le moins clairement exprimé en faveur du projet AVS 21.

En outre, l’approbation des deux projets augmente comme le niveau d’éducation et le revenu du foyer, elle est moins forte chez les personnes voulant participer méfiantes envers le gouvernement que chez celles qui lui font confiance.

Arguments : pas d’augmentation de l’âge de la retraite sans égalité des salaires vs Aucune raison que les femmes partent plus tôt à la retraite.

Si l’on indexe les attitudes sur les arguments, 54 % des personnes Pour en sont plus proches, et 41 % des personnes Contre. 5 % sont indifférentes. Ces valeurs évoluent certes en dessous des intentions de vote constatées, mais elles confirment l’avantage du camp Oui en situation de départ. Cet avantage est toutefois relativisé par l’analyse de régression, car l’argument le plus efficace envers une décision de vote sur la réforme de l’AVS est un argument du camp adverse.

Un pourcentage élevé, 64 %, reconnaît que la réforme de l’AVS va accroître la solidarité intergénérationnelle vu qu’avec l’augmentation de la TVA les pensionnés vont eux aussi continuer d’apporter leur contribution à la prévoyance vieillesse. 62 % trouvent qu’il n’y a pas de raisons que les femmes partent plus tôt à la retraite que les hommes. Cette affirmation divise les femmes (48 %:47 %), tandis que les hommes en majorité l’acceptent (73 % plutôt/entièrement d’accord). Par ailleurs, 54 % trouvent injuste de saper financièrement l’AVS aux frais de la génération suivante. Et

54 % approuvent le fait que la réforme assure l’AVS sans qu’il faille rogner les pensions.

Le camp Contre trouve une approbation majoritaire lorsqu’il argumente que la flexibilisation de l’âge de la retraite est une escroquerie vu que de facto seules les personnes à revenus élevés peuvent s’offrir de partir tôt à la retraite (63 % plutôt/entièrement d’accord). 52 % se rangent à l’avis que la réforme de l’AVS va ouvrir grand les portes à d’autres augmentations de l’âge de la retraite. Ensuite toutefois, les avis envers les arguments contre divergent fortement. Ainsi 48 % sont respectivement d’accord et pas d’accord avec l’affirmation selon laquelle une augmentation de l’âge du départ à la retraite est hors de question pour les femmes tant que ces dernières continuent, à travail égal, d’être sous-payées. Il s’agit ici de l’argument le plus efficace pour une décision de vote. Les hommes sont une majorité à rejeter cette affirmation (64 % plus tôt/pas du tout d’accord) et les femmes une majorité à l’approuver (63 % plutôt/entièrement d’accord). Et pour terminer, 41 % des personnes voulant participer jugent la réforme injuste étant donné que via la TVA tout le monde paierait plus tandis que simultanément les prestations seraient rognées.

Tendance dans la formation de l’opinion

Certes les détails de la réforme divisent les esprits et une polarisation des intentions de vote en fonction des liens politiques est reconnaissable, mais dans l’ensemble l’approbation semble relativement vaste – en dehors du PS, aucun sous-groupe, en situation de départ, ne rejette les projets.

Les arguments contre pèsent toutefois lourd dans la décision de vote et l’approbation mesurée sur la base des attitudes argumentatives dans tous les électorats est plus basse que si mesurée sur la base des intentions de vote. Il faut donc, de façon correspondante, partir du principe que la phase de campagne principale qui va suivre maintenant est encore en mesure d’influencer le tableau d’opinion précoce ici constaté.

En raison de l’avance du camp Oui, de la vaste approbation et des attitudes argumentatives, l’adoption de la réforme semble

 

plus probable que son refus. Toutefois, sans connaissance de la dynamique sous-tendant la formation de l’opinion au fil de la campagne, les pronostics relatifs à l’issue de la votation sont peu assurés.

Dans un cas normal de formation de l’opinion sur un projet émanant des autorités, les intentions de vote de l’électorat s’alignent, au fil de la campagne, sur les recommandations du Conseil fédéral et du Parlement. Si ce cas normal se produit, la réforme de l’AVS sera adoptée avec une nette majorité le 25 septembre 2022.

Des indices de scénario exceptionnel, où le refus monte en puissance au fil de la campagne, se trouvent dans les attitudes argumentatives et les estimations des titulaires du droit de vote quant à l’issue des votations. Une inversion des rapports de majorité constituerait toutefois, même dans ce cas, une grosse surprise. Pour y parvenir, le camp adverse devrait durant la suite de la campagne prendre nettement le dessus sur le terrain argumentatif et fortement mobiliser.

 

Modification de la loi sur l’impôt anticipé

Intentions de vote actuelles affectées d’une prédisposition légèrement positive

Début août, 49 % auraient voté pour la modification de la loi sur l’impôt anticipé et 35 % auraient voté contre. 16 %, taux comparativement élevé, des titulaires du droit de vote ayant la ferme intention de voter ne s’étaient pas encore décidé.

Une majorité des personnes désireuses de participer estime la part de Oui lors de la votation du 25 septembre 2022 à plus de 50 %. Cette part est estimée en moyenne à 50 % en 2022. Les personnes désireuses de participer partent dans cette mesure d’une acceptation du projet de loi.

 

Stade peu avancé de formation de l’opinion

Les intentions de vote précoces sont certes bien explicables avec des arguments, ce qui ramène la marge d’influence de la campagne principale aux indécis ou aux personnes ayant des intentions de vote moins fermes. Sur ce projet toutefois, ces personnes sont une majorité.

44 % seulement ont un avis arrêté sur la loi sur l’impôt anticipé et 16 % – taux élevé – sont encore entièrement indécises. Nous avons donc affaire à un stade bas de formation de l’opinion et il faut s’attendre, au fil de la campagne, à ce que les choses bougent dans les intentions de vote.

 

 

Schéma conflictuel provisoire: un cachet politique marqué

La décision de vote sur la modification de la loi sur l’impôt anticipé «suit» en premier lieu les lignes des partis, sachant que le consentement augmente de la gauche vers la droite. Début août, les personnes voulant participer et ayant des affinités avec les Verts et le PS auraient majoritairement rejeté le projet; tous les autres groupes d’électeurs l’auraient accepté (avec une majorité relative minimale). Par conséquent, les votants-es respectent les mots d’ordre de leurs partis préférentiels et jusqu’à présent aucun conflit élite/base ne se dessine.

Outre la sympathie pour un parti, c’est le revenu du foyer qui détermine la décision de votre: Plus le revenu est élevé et plus l’est l’approbation de la modification de la loi sur l’impôt anticipé. Et en dehors des électorats de gauche, seules les personnes voulant participer dont les revenus du foyer sont

compris entre 3000 et 5000 francs rejetettent le projet en (relative) majorité.

Les autres différences significatives s’expliquent moins via les différentes majorités que, plutôt, via les différents stades de formation de l’opinion. Ainsi par exemple les femmes et les jeunes s’expriment moins clairement en faveur du projet de loi que les hommes et les personnes de plus de 40 ans, non pas parce qu’ils ont une attitude plus critique vis-à-vis du projet de loi, mais parce qu’ils sont tout bonnement un grand nombre à n’avoir pas (encore) pris de décision.

Une observation régionale révèle une critique croissante du projet de loi de la campagne vers la ville, mais elle reste minoritaire dans tous les types d’agglomération. Le Oui modéré à la modification de la loi sur l’impôt anticipé se manifeste aussi dans les trois régions linguistiques. Il est toutefois clairement reconnaissable que le stade de formation de l’opinion est en retard en Suisse francophone et italophone.

Argumentaire: La réforme fiscale protège l’emploi vs. elle facilite la criminalité fiscale

Six arguments ont été formulés directement au sujet de l’initiative sachant que peu nombreux sont ceux à recevoir une approbation ou un refus particulièrement clair-e. Si l’on analyse et récapitule les attitudes envers les six arguments, on obtient une impression de ce que la campagne pour les votations pourrait encore apporter. En pourcentage, 48 % des personnes voulant participer sont plus proches des arguments du camp Contre, et 41 % plus proches des arguments du camp Pour, 11 % sont indifférentes. Mesurée à l’aune des intentions de vote, l’approbation au niveau des arguments se situe donc en dessous de l’approbation de fait, car les arguments du camp Contre sont plus largement acceptés que ceux du camp Pour.

Chez les titulaires du droit de vote cependant, le consensus n’est majoritaire que sur deux arguments: 60 % reconnaissent qu’il est injuste que les entreprises soient délestées et que le commun des citoyens-nes doive régler l’ardoise. 52 % sont d’accord avec l’argument que la réforme fiscale déleste de nouveau les entreprises et qu’au final seuls les salaires, les

pensions et la consommation seraient imposés. 41 % trouvent en outre que le démontage de l’impôt anticipé facilite la criminalité fiscale et crée des issues par lesquelles se glisseraient les fraudeurs.

L’analyse de l’effet des arguments montre que la formation précoce de l’opinion continue toutefois d’être marquée fortement par le camp Pour. Les trois arguments les plus efficaces proviennent tous du camp Pour, mais aucun n’est soutenu par une majorité absolue. L’argument Pour le plus efficace est que la réforme fiscale crée et assure des emplois en Suisse, ce dont profiteraient aussi l’AVS et l’AI (47 % plutôt/entièrement d’accord). Le deuxième plus puissant argument est, selon l’analyse d’efficacité, que la réforme fiscale va certes coûter à court terme, mais qu’elle va entraîner de plus fortes recettes fiscales en seulement quelques années (44 % plutôt/entièrement d’accord). En outre, 44 % sont d’accord avec le camp Pour sur le fait que la réforme fiscale stoppe les cadeaux fiscaux que la Suisse fait aux pays étrangers.

54 % des voix Oui et des voix Non peuvent s’expliquer par le jugement porté sur ces six arguments. C’est un taux moyen dans la phase actuelle de la campagne.

Tendance dans la formation de l’opinion

Sans connaissance de la dynamique sous-tendant la formation de l’opinion, il faut laisser ouverte l’issue de la votation du 25 septembre 2022. Les intentions de vote et les attitudes envers les arguments parlent dans l’ensemble pour une situation de départ ambivalente et peu cristallisée.

Dans un cas normal, la formation de l’opinion sur un projet de loi émanant des autorités évolue en direction de la position défendue par le Conseil fédéral et le Parlement: Une partie des personnes (ayant tendance à être) pour ainsi que celles encore

indécises tendent plutôt en direction du Oui à la fin du processus de formation de l’opinion. Si ce cas ce produit, le projet de loi sera approuvé.

Mais vu qu’il démarre depuis une position minoritaire dans la campagne des votations, sa situation de départ constitue un défi. En outre et conformément au jugement argumentatif, la critique est répandue à une relativement grande échelle, et cette critique a été activée déjà par des votations antérieures touchant au même domaine thématique. Un «excédent» argumentatif du côté Contre se dessine déjà en cette phase précoce. S’il se renforce au fil de la campagne, un Non pourrait aussi en résulter le 25 septembre 2022.

 

Intentions de participation

Intention moyenne de participer aux votations du 25 septembre 2022

Vers la mi-août 2022, la volonté jusqu’à présent mesurée de participer le 25

septembre 2022 se situe en gros, avec 45 %, dans la moyenne sur de longues années (46 % entre 2011 et 2020). Actuellement ne se dessine toutefois pas de mobilisation extraordinairement élevée, comme celle observée au cours des quatre votations de 2021.

Profil des personnes voulant participer

Depuis 2022, nous observons une structure des mobilisations plutôt conforme aux attentes: Il est habituellement plus probable que ce soient les personnes moins jeunes, mieux formées, liées politiquement à un camp et faisant confiance au gouvernement qui participent. Si le débat ne s’étend pas à d’encore plus larges milieux, le schéma de participation devrait également correspondre à cela le 25 septembre 2022. A remarquer la faible mobilisation des femmes (40 % comparé à 50 % des hommes). En règle générale, une égalisation se produit par la suite. Vu que les femmes sont particulièrement affectées par le projet de loi sur l’AVS, la mobilisation finale devrait être (nettement) plus élevée que ce n’est actuellement le cas. Sinon, les débats et campagnes ne sont jusqu’à présent producteurs d’aucuns effets spéciaux discernables. Il n’y a encore aucun signe d’une mobilisation particulièrement forte dans les régions conservatrices et rurales comme cela avait été le cas lors des votations du 13 juin 2021 sur les initiatives de politique agraire. Les

sympathisants-es de l’UDC (33 %), les Indépendants (36 %) et les personnes vivant à la campagne (42 %) sont moins motivés-es à participer que les groupes témoins respectifs.

La volonté de participer comparée entre la Suisse germanophone et la Suisse francophone est de nouveau inhabituelle. En Suisse francophone, les intentions de participer sont plus élevées (48 %) qu’en Suisse germanophone (44 %). Les débats en Suisse francophone ont un profil un peu plus reconnaissable: la critique s’est formée tôt contre l’initiative sur l’élevage intensif et contre la réforme de l’AVS en Suisse francophone.

Dans l’ensemble il faut s’attendre à une polarisation du débat, avec des effets mobilisateurs supplémentaires dans différents groupes. Ces groupes toutefois devraient être ouverts aux arguments de gauche et de droite envers les différents projets de loi. De la sorte, la participation pourrait grimper au-dessus de 50 %. Mais à l’heure actuelle, aucune mobilisation hors de coutume assortie de taux supérieurs à 60 % ne se manifeste.

Façon de citer

Première session de l’enquête Trend SRG-SSR sur les votations du 25 septembre 2022, réalisée par l’Institut de recherche gfs.bern entre le 29 juillet et le 15 août 2022 auprès de 12’015 titulaires du droit de vote. La plage d’erreur statistique est donc de +/- 2.8 pour cent.

Méthode et base de données

La partie téléphonique de l’enquête présente a été réalisée par le Service d’enquête gfs, l’institut de recherche gfs.bern est en charge de l’évaluation et de l’analyse des données.

Le sondage suit la procédure RDD/Dual Frame, via les réseaux fixe et mobile. Dans le cadre du mandat SSR, le sondage téléphonique des électeurs est complété par un sondage en ligne depuis l’automne 2018, afin de renforcer la taille d’échantillonnage en Suisse romande et au Tessin. La partie en ligne a été réalisée sous forme de sondage opt-in (sondage participatif) via les portails en ligne de SRG SSR Médias. De plus amples informations sur le mandat et la méthode sont disponibles ici.

Pour pouvoir émettre des affirmations par régions linguistiques, nous avons tenu compte plus que proportionnellement des minorités linguistiques au cours de l’enquête CATI. Les proportions ont été rectifiées pour pouvoir émettre des affirmations au niveau national.

Nous ne pouvons émettre aucune affirmation sur la majorité des cantons vu que le nombre de personnes interrogées ne suffit pas pour effectuer des analyses assurées au niveau cantonal.

Vous trouverez ici plus d’informations sur la théorie et la méthode des sondages SRG Trend.

Rapport technique succinct

Commettant : Conférence CR de la SRG SSR
Corpus de base : Titulaires du droit de vote Suisses
Origine des adresses CATI : Plan d’échantillonnage Gabler/Häder pour RDD/dual-frame; corrigé par liste Swiss Interview
Origine des adresses en ligne : Sondage opt-in via les portails Internet de SRG SSR
Relevé des données : par téléphone, assisté par ordinateur (CATI) et en ligne
Nature de l’échantillonnage CATI : randomisé/par régions linguistiques; méthode de la date de naissance dans le foyer selon régions linguistiques
Nature de l’échantillonnage en ligne : Sondage de participation ouvert
Période d’enquête : 29 juillet – 15 août 2022
Jour médian de l’enquête : 8 août 2022
Taille des échantillons : minimum 1’200, réel 12’015 (Cati: 1’206, Online: 10’809), n DCH: 9’597, n FCH: 2’035, n ICH: 383
Erreur d’échantillonnage : ± 2.8 points de pourcentage d’une valeur de 50% (et probabilité de 95%)
Particularités des quotas CATI : sexe/âge interverrouillés
Particularités des quotas en ligne :
Pondération selon : Pondération dual-frame, langue, lieu de résidence, affinité avec un parti, recall, participation
Durée de l’enquête moyenne CATI : 15.5 minutes (écart-type : 3.7 minutes)
Publication : 19 août 2022, 6h00