2e enquête "SRG Trend" relative à la votation du 18 juin 2023

Avant la phase finale de mobilisation :

Imposition minimale OCDE/G20 - une claire majorité pour avec une nette tendance au Non
Loi sur le climat et l'innovation - une majorité pour avec une nette tendance au Non
Loi Covid-19 – une stable majorité pour

Etude sur mandat de la SRG SSR

Trois Oui majoritaires



Si les votations avaient eu lieu dès le 27 mai 2023, les trois projets mis au vote à l’échelle de toute la Suisse auraient clairement été acceptés. Cette acceptation vaut le plus clairement pour l’imposition minimale OCDE/G20, suivie de la loi Covid-19 et de la loi sur le climat. Pendant la phase principale des campagnes, les trois projets ont connu une polarisation en direction du Non. Cette évolution constitue un cas exceptionnel de formation de l’opinion pour des projets émanant des autorités.



La participation au vote aurait été en moyenne de 45 %.

Il s’agit d’un cliché instantané pris environ sept semaines avant le jour des votations, et non pas d’un pronostic. L’étude décrit la situation de départ en début de phase de campagne principale.

Toute désignation, dans ce document, de personne, de statut ou de fonction s’entend indifféremment au féminin et au masculin.

Toutes les indications valent avec une probabilité de 95 % et une marge d’imprécision de ± 2,8 points de pourcentage. Les probabilités se réfèrent aux valeurs obtenues par l’enquête actuelle, non à l’issue de la votation du 18 juin 2023. Comme d’habitude, cette seconde enquête ne constitue elle aussi qu’un instantané ; elle ne pronostique pas l’issue de la votation. Mais en comparant les courbes, les résultats peuvent aussi être interprétés comme des tendances.

Les constats de l’enquête font l’objet d’un positionnement théorique par le gfs.bern à l’aide de l’approche dispositionnelle

Ici se trouvent des informations générales sur les projets mis aux votations de juin, et ici sur la méthode sous-tendant les enquêtes de tendance SRG. Une caractérisation du macroclimat politique est accessible ici.

En outre, vous pouvez télécharger ici un recueil complet des graphiques.

Imposition minimale OCDE

Intentions de vote actuelles clairement en faveur de l’arrêté fédéral

Fin mai, 73 % auraient voté pour l’arrêté fédéral visant une imposition particulière des grands groupes d’entreprise, et 24 % contre. Bien que la part de Oui ait baissé de plus de 11 % entre fin avril et fin mai, et que la part de Non se soit multipliée par plus de deux, une très robuste majorité en faveur du Oui demeure.

En effet, les personnes interrogées s’attendent elles-mêmes à une acceptation de l’«Imposition minimale de l’OCDE» car 84 % d’entre elles estiment que la part de Oui dépassera les 50 % lors de la votation du 18 juin 2023. Cette part est estimée en moyenne à 56 %, soit un taux comparativement élevé. Les personnes votantes s’attendent elles-mêmes à un Oui avec encore plus de netteté qu’avant.

Stade de formation de l’opinion: moyen

À ce stade, une majorité a déjà l’intention ferme de voter pour l’imposition minimale de l’OCDE. Dans l’ensemble, 67 % des personnes interrogées ont des avis bien arrêtés soit pour soit contre le projet de loi, ce qui continue d’être plutôt une valeur moyenne. Les intentions de vote précoces sont explicables à 37 % par des arguments. La cohérence du contenu a certes augmenté, mais elle continue de se trouver à la traîne derrière celle des deux autres projets de loi. Dans l’ensemble et malgré l’intention répandue et ferme de voter Oui, nous considérons que le stade de formation de l’opinion est moyen.

La ligne de conflit: Légère tendance au Non chez le PS, l’UDC et les personnes critiques envers le gouvernement

Tous les groupes soutiennent le projet à plus de 60 %. Chez les sympathisants-es du PS et de l’UDC, les tendances au Non sont très nettes comparées à la première enquête. La part de Non des sympathisants-es du PS est passée de 16 à 33 %, ce qui apaise un peu le conflit élite/base. C’est aussi dans le groupe des sympathisants-es du PS que le se trouve la plus grande part de personnes indiquant être passées du camp du Oui à celui du Non. Chez les Verts, le libre choix de vote produit assurément de l’effet vu qu’au sein de leur base personne n’indique être passé du camp du Oui à celui du Non. Cette même base ne veut pas non plus voter Non plus que la moyenne (Verts: 74 % de Oui contre 19 % de Non).

 

Chez les sympathisants-es de l’UDC, la part de Non était même passée de 20 à 37 % lors de la dernière enquête avant le vote, ce qui montre que le mot d’ordre de l’UDC ne convainc visiblement pas une part croissante de sa propre base. Les personnes qui font confiance au gouvernement veulent à 83 % accepter l’arrêté fédéral, les personnes critiques envers lui veulent à 59 % faire de même. En l’espace d’un mois, fait nouveau, ce ne sont plus 20 % des personnes critiques envers le gouvernement qui veulent refuser le projet de loi, mais 38 %. Le Non a eu tendance à augmenter aussi dans les foyers disposant de revenus réduits et chez les personnes qui n’ont pas fait d’études universitaires. Toutefois, les opposants-es au projet loi ne sont pas plus d’un tiers dans chacun de ces groupes. La tendance au Non est plus marquée en Suisse germanophone que dans les deux autres régions linguistiques. Elle se manifeste selon une ampleur similaire en ville, à la campagne et dans les agglomérations. Une majorité claire en faveur du Oui demeure dans toutes les régions.

 

Argumentaire: Attractivité du site vs Concurrence fiscale inutile

Les trois arguments en faveur du Oui continuent tous d’être très fortement soutenus par approximativement 80 % des personnes interrogées. La réforme est considérée comme juste par 77 % d’entre elles, car elle cible uniquement les groupes d’entreprises opérant à l’international et pas les entreprises de plus petite taille. Les instruments fiscaux supplémentaires destinés à rendre la Suisse plus attractive en tant que site, et le barrage à l’évasion fiscale des grandes entreprises en direction des pays à bas taux d’imposition dans le but d’instaurer une justice fiscale internationale, continuent sans changement de parler en faveur de la réforme.

 

Dans le camp du Non, la critique venant de la gauche sur la répartition des fonds parvient de justesse à réunir une majorité de 53 %: si un petit nombre de cantons fiscalement attractifs reçoivent une grande partie de la manne fiscale, cela va exacerber en plus la concurrence fiscale intercantonale. Il s’agit là du plus puissant des trois arguments en faveur du Non testés. La critique venant de la droite convainc moins. 31 % ne veulent pas d’impôts supplémentaires en périodes difficiles. 26 % (soit 2 % de plus que le mois précédent) voient dans l’impôt minimum de l’OCDE une ingérence intolérable dans la souveraineté fiscale de la Suisse. L’analyse de l’effet montre que la critique provenant de la droite est moins efficace que celle venant de la gauche. Entre le Oui et le Non, le débat sur le contenu mesuré à l’aune de l’effet des arguments s’est déporté vers la question de savoir si des fonds supplémentaires pour l’attractivité du site sont judicieux, ou s’ils ne font qu’intensifier inutilement la concurrence fiscale entre les cantons.

Tendance dans la formation de l’opinion

Malgré une tendance remarquable au Non sur la base des intentions de vote actuelles environ trois semaines avant la votation, l’enquête de tendance SRG ne donne aucunement lieu de douter que la majorité va voter Oui. Le contenu de la critique provenant des milieux critiques envers le gouvernement et de personnes proches de l’UDC est peu fondé et serait obligé d’augmenter massivement au cours des dernières semaines.

Le mot d’ordre de l’UDC parle naturellement aussi contre une tendance durable au Non dans le camp conservateur de droite, parallèlement au débat peu intense sur le projet. A gauche, la critique du PS est également parvenue à la base, mais elle n’intéresse pratiquement pas les sympathisants-es des Verts. D’où le peu de probabilité que le Non continue de s’amplifier. Ce serait d’ailleurs aussi l’attente des personnes qui vont elle-même voter et qui partent clairement d’une acceptation. Un Oui net des personnes qui vont voter paraît donc être le scénario vraisemblable.

Loi sur le climat

Intentions de voter Oui actuellement majoritaires

Fin mai, une claire majorité de 63 % des personnes désireuses de participer aurait certainement ou plutôt voté pour la loi sur le climat et l’innovation. 36 % se sont dits plutôt ou clairement contre. Une tendance au Non s’est mise en marche au fil de la campagne: le camp du Oui perd de ses soutiens (-9 %) et celui du Non en gagne (+11 %). Au passage le soutien tendanciel s’érode, mais pas le soutien résolu.  Dans l’ensemble, cette évolution a ramené cette avance du camp du Oui à 27 % (soit -20 %).

Les personnes désireuses de participer continuent de s’attendre également à un Oui à la Loi sur le climat le 18 juin 2023: la part de Oui est estimée en moyenne à 53 % (soit +1 %) le dimanche de la votation. 71 % des personnes désireuses de participer partent d’une acceptation, 29 % seulement d’un refus.

Stade de formation de l’opinion avancé

81 % manifestent des intentions fermes de voter (soit +12 %). Seulement 1 % des personnes se disent encore indécises (soit -2 %). Le soutien argumenté des décisions de vote est robuste et a augmenté, comme l’on s’y attendait, au fil de la campagne: 77 % des décisions de vote individuelles peuvent être prédites correctement uniquement à l’aide des attitudes sur les six arguments testés ici.

Le stade de formation de l’opinion est donc avancé mais non encore achevé car le processus de formation de l’opinion et la phase de la campagne principale battent actuellement leur plein.

Schéma conflictuel: polarisation politique accentuée, les personnes se méfiant du gouvernement et celles détenant un niveau d’éducation réduit se trouvent dans le camp du Non avec, fait nouveau, l’UDC

La tendance générale à une polarisation en direction du Non se manifeste dans tous les sous-groupes à l’exception des personnes désireuses de participer proches des Verts, du PS et du PVL. De la sorte, un Oui de gauche et des écologistes peut être présumé établi car le soutien du projet de loi fait pratiquement bloc dans cet environnement (Verts: 99 %, PS: 95 %, PVL: 96 % plutôt/certainement pour). Le pôle opposé est formé par le Non accentué de l’UDC à la Loi sur le climat, Non qui est tout aussi net (85 % plutôt/certainement pour, soit +22 %) Tous les autres électorats de partis persistent majoritairement dans le Oui, même si l’approbation en provenance du Centre s’est retrouvée sous pression, plus fortement dans l’environnement du PLR que dans celui du Centre. L’approbation des Indépendants décline elle aussi, mais n’en demeure pas moins majoritaire (55 % plutôt/certainement pour, soit -9 %).

Certes tous les électorats des partis se rangent ainsi majoritairement aux côtés de leurs dirigeants respectifs, mais au Centre et dans le PLR les intentions de vote sont en train de s’éloigner de la position officielle du parti d’attache respectif.

 

 

 

Le stade de formation de l’opinion demeure, dans l’environnement du PLR et chez les Indépendants, en retard sur celui des autres groupes constituant l’électorat, ce qui maintient des changements vraisemblables dans cet environnement.

En dehors de l’électorat proche de l’UDC, deux sous-groupes supplémentaires refusent majoritairement la Loi sur le climat, et c’est nouveau: les personnes désireuses de participer qui ne font pas confiance au gouvernement (68 %  plutôt/certainement contre, soit +20 %) et celle détenant un niveau d’éducation réduit (56 % plutôt/certainement contre, soit +24 %).

Significativement plus critiques envers la loi sur le climat se montrent en outre les personnes désireuses de participer détenant une formation moyenne (46 %  plutôt/certainement contre), les hommes (40 % plutôt/certainement contre), les personnes de 40 à 64 ans (40 % plutôt/certainement contre), les habitants-es des zones rurales (41 % plutôt/certainement contre), celles et ceux vivant en Suisse allemande ou italienne (DCH: 38 %, ICH: 39 % plutôt/certainement contre).

Il n’empêche que le Oui majoritaire se maintient sur l’ensemble du territoire car, en dehors des trois groupes indiqués (UDC, personnes se méfiant du gouvernement, celles détentrices d’un niveau d’éducation réduit), l’ensemble des personnes désireuses de participer auraient en majorité voté Oui fin mai. Il est remarquable notamment que l’approbation demeure majoritaire à la campagne malgré une tendance au Non, et que l’argumentation adverse au sujet des coûts séduise certes, mais sans empêcher les personnes désireuses de participer et provenant de foyer aux niveaux de revenus bas et moyens, de voter en majorité Oui fin mai.

 

 

Argumentaire: Incitatifs corrects sans impôts supplémentaires vs Prix de l’électricité et coûts en hausse

En termes d’argumentaire, les partisans du Oui hommes et femmes se trouvent en meilleure position car ils convainquent des majorités claires avec leurs arguments, ce à quoi les opposants-es ne parviennent pas. Toutefois, les trois arguments pour ont recueilli moins d’approbation le mois passé, tandis que celle des arguments contre est en train d’augmenter.

69 % se rangent dans le camp pour lorsque ce dernier avance qu’il est judicieux, pour une alimentation en électricité sûre à long terme, que la Suisse poursuive sur la voie de l’abandon des énergies fossiles. (-4 %). Un peu moins des deux tiers trouvent que le projet crée des incitatifs corrects et qu’il aide ainsi la population et l’économie à passer à des formes de chauffage respectueuses de l’environnement sans nécessiter d’impôts supplémentaires (62 % de personnes plutôt/tout à fait d’accord, soit -6 %). Un taux stable de 56 % reconnaît également que la Suisse dépend des importations d’électricité et que la loi sur le climat va la faire moins dépendre de gouvernements non fiables et imprévisibles. Des voix critiques envers les arguments pour proviennent principalement de l’environnement de l’UDC, laquelle refuse clairement l’ensemble des trois arguments pour.

45 %, soit une minorité, approuvent l’affirmation selon laquelle la loi sur le climat va conduire à une forte hausse des prix de l’électricité et ainsi occasionner aux foyers des milliers de francs de frais supplémentaires chaque année (+6 %). Les personnes désireuses de participer sympathisant avec l’UDC partagent toutefois nettement cette crainte (87 % de plutôt/tout à fait d’accord, soit +10 %).

 

L’argument des coûts est en outre majoritairement accepté dans les groupes électoraux proches du PLR ainsi que chez les Indépendants (52 % / 60 % plutôt/tout à fait d’accord, soit +3 % / +17 %). 40 %, soit un taux en augmentation, acceptent l’argument selon lequel les mesures prévues aggraveraient la crise énergétique et la pénurie d’électricité (+7 %). Dans l’environnement de l’UDC, on considère clairement que c’est le cas (81 % plutôt/certainement d’accord). Fait nouveau, les Indépendants soutiennent eux aussi en majorité de justesse cette argumentation (50 % plutôt/tout à fait d’accord). De même, l’affirmation selon laquelle la défiguration du paysage par les panneaux solaires et les éoliennes est inacceptable recueille les suffrages d’un nombre croissant de personnes désireuses de participer, mais un nombre minoritaire (30 %, soit +5 %). Parmi ces personnes, celles proches de l’UDC sont toutefois une majorité (64 %) à soutenir cette affirmation.

La forte congruence entre les intentions de vote et les attitudes envers les arguments renvoie à des décisions de vote fondées sur des contenus (degré d’explication du modèle de régression: 77 %). Les intentions de vote sont définies par des considérations du rapport dommage/utilité. Côté dommage, c’est l’argument d’une aggravation de la pénurie d’électricité qui pèse le plus lourd. Côté utilité, c’est le caractère incitatif du projet de loi lors du passage à des chauffages plus respectueux de l’environnement sans impôts supplémentaires qui est mis sur l’autre plateau de la balance. Ce sont ces deux arguments qui produisent maintenant le plus d’effet sur une décision de vote. L’argument des coûts a gagné en importance au fil de la campagne.

Tendance dans la formation de l’opinion

Il continue de régner un consensus sociétal relativement large sur la question de la loi sur le climat, avec seulement trois groupes s’y opposant au sein de la population. Les personnes titulaires du droit de vote continuent de présumer que le projet sera accepté et elles soutiennent, en termes de contenu, la loi sur le climat. Actuellement, tout porte à croire que le projet sera adopté le 18 juin 2023. La perspective dynamique exige toutefois d’ajouter un mais: avec le démarrage de la campagne principale pour les votations, le tableau de l’opinion s’est polarisé. Une tendance en direction du Non s’est enclenchée. Les adversaires de la loi sur le climat parviennent mieux à convaincre qu’il y a encore un mois. En particulier chez les Indépendants et les électorats proches de l’UDC, l’argument des coûts convainc de vastes périmètres.

La tendance au Non rencontrée correspond à un cas exceptionnel de formation d’opinion autour d’un projet de loi émanant des autorités.

Ce scénario exceptionnel a été toutefois assez fréquemment observé dans un passé récent, en particulier pendant l’année 2021 politiquement chargée et lors de campagnes intensives en faveur du Non. Telle fut précisément la destinée d’un projet comparable, la loi sur le CO2 par exemple (1e vague 60 %, 2e vague 54 %, votation: 48 % de Oui). Mais l’autre votation de référence sur la stratégie énergétique 2050 de la législature précédente est là pour montrer qu’une tendance au Non ne signifie pas automatiquement un Non devant les urnes (1e vague 61 %, 2e vague 56 %, votation: 58 % de Oui).

Vu que le niveau d’approbation de la loi sur le climat a été dès le début supérieur à celui des votations de référence, vu que le tableau est relativement homogène et que le contenu des arguments « porte » les intentions de vote, il est nettement plus probable, malgré cette tendance au Non, que la loi sur le climat soit acceptée. Si toutefois le soutien des Indépendants s’érode, associé à une poussée mobilisatrice des milieux critiques envers le gouvernement, une issue de justesse serait envisageable.

 

Loi Covid-19

Intentions actuelles de voter Oui inchangées, avec une part légèrement croissante d’intentions de voter Non.

Le camp du Oui entre avec une avance de 36 % dans la phase principale de la campagne pour les votations, même si cette avance a diminué de 4 % comparé à la première vague de l’enquête Fin mai 2023, 67 % des personnes désireuses de participer (soit -1 %) auraient voté en faveur de la modification de la loi Covid-19. 31 % auraient voté contre, ce qui représente une augmentation de 3 % comparé à la première vague d’enquête. Les changements intervenus dans la formation de l’opinion sont mineurs et se situent à proximité de la marge d’erreur conditionnée par l’échantillon.

L’attente de la claire majorité des personnes désireuses de participer reste inchangée, à savoir que les modifications de la loi Covid-19 seront acceptées (73 % estiment la part de Oui supérieure à 50 %, soit une augmentation de 6 %, tandis que 26 % des personnes partent une part inférieure à 50 %). L’issue attendue de la votation s’avère toutefois plus serrée que les intentions de vote mesurées, mais avec 60 % elle se trouve également dans le Oui et, comparé à la première vague, elle a augmenté de 6 %.

 

L’opinion se trouve à un stade de formation avancé

78 % expriment déjà des intentions de vote fermes, ce qui correspond à une augmentation de 8 %. Il ne reste plus que 2 % de personnes indécises, soit un pourcentage inférieur de moitié à celui constaté au début du mois. En outre, les décisions de vote sont adossées à des arguments solides: ce thème en effet, qui touche à la vie quotidienne, est largement connu.

Cela correspond dans l’ensemble à un stade avancé de formation de l’opinion. Une marge demeure pour des changements, mais une marge restreinte.

 

 

Schéma conflictuel : l’affinité avec des partis et la confiance envers le gouvernement demeurent au centre.

La polarisation en fonction des partis politique reste sans changement, c’est-à-dire forte. Du pôle politique de gauche au PLR, l’approbation des modifications de la loi COVID-19 continue encore de faire bloc. Dès à présent, l’approbation ferme dépasse la barre des 50 % chez les personnes désireuses de participer proches des Verts, du PS, du PVL, du Centre et du PLR. Comparé à la première vague d’enquête, les Indépendants ne disent plus majoritairement Oui maintenant, mais sont divisés en deux camps presque égaux (49 % pour et 48 % contre). Il en va différemment des personnes désireuses de participer proches de l’UDC: fin mai, elles se sont en majorité prononcées contre la loi Covid-19. Les électorats des différents partis campent ainsi en majorité sur la position de leur parti d’attache respectif.

 

Outre les sympathisants-es de l’UDC, les personnes désireuses de participer qui ne font pas confiance au gouvernement continuent, aussi durant la deuxième vague d’enquête, à refuser majoritairement les modifications de la loi Covid-19. En dehors de ces deux groupes, il n’existe pas d’autres sous-groupes qui les refusent, mais des effets dus à l’âge, à la formation et au degré d’urbanisation se manifestent dans les intentions de vote précoces. Chez les 40 à 64 ans, l’approbation des modifications à apporter à la loi Covid-19 est plus réservée que chez les personnes plus âgées ou plus jeunes désireuses de participer. Et cette approbation augmente avec le niveau d’éducation et le degré d’urbanisation. Considérée sur le plan régional, l’approbation continue de couvrir l’ensemble du territoire malgré une part de Non significativement plus élevée sur les territoires ruraux ainsi qu’en Suisse germanophone.

Argumentaire: Complément judicieux à la loi sur les épidémies vs La loi sur les épidémies offre une protection suffisante

Sur le terrain argumentatif aussi, le camp du Oui a le dessus car non seulement ses arguments convainquent de solides majorités mais il dispose aussi actuellement des deux arguments les plus efficaces pour une décision de vote.  Sur le plan de la tendance, les arguments pour ont perdu un peu de soutien au fil de la campagne, tandis que l’évaluation des arguments contre s’avère stable.

Les disponibilités plus rapides de médicaments en faveur de personnes présentant un risque accru sont soutenues par 70 % des personnes (soit -2 %). La nécessité d’un fondement légal pour un certificat sûr et reconnu à l’international est reconnue par 69 % des personnes qui vont certainement participer (soit -6 %), tandis que 68 % (-3 %) sont d’avis que la complémentation de la loi sur les épidémies avec la Loi Covid-19 a fait ses preuves.

 

Le camp contre convainc à moins grande échelle. Le seul argument apte à réunir une majorité se réfère au fait qu’il faut rétablir intégralement la démocratie directe et que l’état d’exception doit demeurer une exception (53 % plutôt/tout à fait d’accord, soit -2 %). Une majorité (65 % plutôt pas/pas du tout d’accord, soit -2 %) s’oppose à l’argument selon lequel la possibilité de réintroduction d’un certificat ou d’autres mesures coercitives peut conduire à une société à deux vitesses. Même chose pour le troisième argument Contre, à savoir que la loi Covid-19 ne protège personne et que la loi sur les épidémies offre une protection suffisante (64 % plutôt/tout à fait d’accord, soit -1 %).

La congruence entre les intentions de vote de l’électorat et les attitudes envers les arguments est nette (taux d’explication: 81%). La loi Covid-19, en tant que complément judicieux à la loi sur les épidémies en situations d’urgence, soutient le plus fortement le Oui aux modifications de la loi Covid-19. Des doutes quant à l’efficacité des mesures et le point de vue que la loi sur les épidémies offre une protection suffisante promeuvent le plus fortement un Non.

Tendance dans la formation de l’opinion

Bien que l’OMS ait suspendu le 5 mai 2023 l’état d’urgence sanitaire mondial relativement au Covid et que la Suisse ait levé l’ensemble des mesures, le virus n’a pas encore complètement disparu de la scène. Que les discussions tout autour du Covid, l’obligation du certificat et la vaccination ne sont pas encore pleinement des affaires classées, cela se voit par exemple à la voie référendaire à nouveau empruntée.

Compte tenu du niveau des mots d’ordre, des votes finaux dans les cantons ou aussi lors des deux votations précédentes sur le Covid-19 (13 juin 2021: 60,2 % de Oui / 28 novembre 2021: 62 % de Oui), le tableau majoritairement positif de l’opinion autour de la cinquième modification de la loi Covid-19 a peu de quoi surprendre.

En dehors de l’UDC et des personnes désireuses de participer qui ne font pas confiance au gouvernement, la critique en présence n’est que minoritaire.

Comparé à la première enquête, une faible polarisation en direction du Non est observée, sachant que la part de Oui se maintient. L’argument selon lequel la loi Covid-19 et les mesures n’ont pas fait leurs preuves, et que la loi sur les épidémies est suffisante, s’avère demeurer le principal point de critique.

En raison de l’avance persistante du camp du Oui et de l’évaluation des arguments, une acceptation de la Loi Covid est le scénario le plus vraisemblable pour la votation du 18 juin 2023.

 

Intentions de participer

Mobilisation moyenne pour les votations du 18 juin 2023

Avec une hausse de 5 % des intentions fermes de participer, soit désormais 45 %, il est possible de parler d’une légère poussée de la mobilisation. L’intention actuelle de participer est proche de la moyenne sur de longues années (BFS 2011-2022: 47 %).

 

En règle générale, la volonté de participer augmente généralement jusqu’au jour même des votations, raison pour laquelle il est possible de partir du principe que le pourcentage de gens venant s’exprimer devant les urnes dépassera les 45 %. C’est précisément la mobilisation finale qui, au cours de la législature actuelle, a souvent été étonnamment élevée.

Profil des personnes voulant participer

Actuellement, l’électorat mobilisé est en premier lieu celui qui à chaque votation manifeste une forte volonté de participer: Les retraités-es, les hommes, les titulaires du droit de vote détenant un niveau d’éducation ou de revenus élevé. On assiste toutefois à une remontée précisément des jeunes titulaires du droit de vote, de ceux détenant un niveau d’éducation moyen, de sorte que le profil sociodémographique s’avère un peu plus équilibré qu’il y a encore un mois. Par ailleurs, les personnes habitant en ville ou dans les territoires ruraux, celles résidant en Suisse italophone ou germanophone ont été plus fortement mobilisées pendant la phase de campagne principale que leurs groupes opposés respectifs.

 

Les plus fortement mobilisées sont les personnes ayant une affinité pour le PVL ou le PLR. Elles ont été influencées par la campagne pour les votations. C’est plutôt le contraire qui s’est produit au niveau des deux pôles: les sympathisants-es des Verts et de l’UDC veulent moins participer qu’il y a encore un mois. Les titulaires du droit de vote proches du PS et du Centre ont un comportement quasiment stable. De leur côté, les Indépendants sont plus fortement mobilisés que lors de la première enquête.

 

Façon de citer

Deuxième session de l’enquête Trend SRG-SSR sur les votations du 18 juin 2023, réalisée par l’Institut de recherche gfs.bern entre le 23 et le 31 mai 2023 auprès de 12’655 titulaires du droit de vote. La plage d’erreur statistique est donc de +/- 2.8 pour cent.

Méthode et base de données

La partie téléphonique de l’enquête présente a été réalisée par le Service d’enquête gfs, l’institut de recherche gfs.bern est en charge de l’évaluation et de l’analyse des données.

Le sondage suit la procédure RDD/Dual Frame, via les réseaux fixe et mobile. Dans le cadre du mandat SSR, le sondage téléphonique des électeurs est complété par un sondage en ligne depuis l’automne 2018, afin de renforcer la taille d’échantillonnage en Suisse romande et au Tessin. La partie en ligne a été réalisée sous forme de sondage opt-in (sondage participatif) via les portails en ligne de SRG SSR Médias. De plus amples informations sur le mandat et la méthode sont disponibles ici.

Pour pouvoir émettre des affirmations par régions linguistiques, nous avons tenu compte plus que proportionnellement des minorités linguistiques au cours de l’enquête CATI. Les proportions ont été rectifiées pour pouvoir émettre des affirmations au niveau national.

Nous ne pouvons émettre aucune affirmation sur la majorité des cantons vu que le nombre de personnes interrogées ne suffit pas pour effectuer des analyses assurées au niveau cantonal.

Vous trouverez ici plus d’informations sur la théorie et la méthode des sondages SRG Trend.

Rapport technique succinct

Commettant : Conférence CR de la SRG SSR
Corpus de base : Titulaires du droit de vote Suisses
Origine des adresses CATI : Plan d’échantillonnage Gabler/Häder pour RDD/dual-frame; corrigé par liste Swiss Interview
Origine des adresses en ligne : Sondage opt-in via les portails Internet de SRG SSR
Relevé des données : par téléphone, assisté par ordinateur (CATI) et en ligne
Nature de l’échantillonnage CATI : randomisé/par régions linguistiques; méthode de la date de naissance dans le foyer selon régions linguistiques
Nature de l’échantillonnage en ligne : Sondage de participation ouvert
Période d’enquête : 23 – 31 mai 2023
Jour médian de l’enquête : 27 mai 2023
Taille des échantillons : minimum 1’200, réel 12655 (Cati: 1204, Online: 11451), n DCH: 10334, n FCH: 2011, n ICH: 310
Erreur d’échantillonnage : ± 2.8 points de pourcentage d’une valeur de 50% (et probabilité de 95%)
Particularités des quotas CATI : sexe/âge interverrouillés
Particularités des quotas en ligne :
Pondération selon : Pondération dual-frame, langue, lieu de résidence, affinité avec un parti, recall, participation
Durée de l’enquête moyenne CATI : 14.2 minutes (écart-type : 3.8 minutes)
Publication : 7 juin 2023, 6h00