2e enquête "SRG Trend" relative à la votation du 9 juin 2024

Avant la mobilisation finale :

Initiative pour l’allègement des primes – impasse avec une tendance vers le Non

Initiative pour un frein aux coûts : majorité contre avec une tendance vers le Non

Initiative pour la liberté : majorité contre avec une tendance vers le Non

Loi sur l’approvisionnement en électricité – majorité pour malgré une légère polarisation vers le non

Etude sur mandat de la SRG SSR

Si l’on avait déjà voté le 18 mai 2024, la loi sur l’approvisionnement en électricité aurait été acceptée, tandis que l’initiative pour la liberté et l’initiative pour un frein aux coûts auraient été rejetées. En ce qui concerne l’initiative pour l’allègement des primes, le Oui aurait été très mince.

Pour les quatre objets, la proportion de Non a augmenté au cours de la campagne, tandis que la proportion de Oui a diminué. Pour les initiatives, cette tendance au Non correspond au cas normal attendu de la formation de l’opinion. Pour un projet émanant des autorités comme la loi sur l’approvisionnement en électricité, il s’agit plutôt d’un cas exceptionnel, mais cette tendance au Non n’est que faiblement marquée.

Avec 48 %, le taux de participation est actuellement proche de la moyenne à long terme (47,1 % entre 2011 et 2022 selon l’OFS) et n’a pas augmenté de manière significative en l’espace d’un mois.

Comme d’habitude, il s’agit d’un instantané de la situation deux semaines avant le jour du vote et Non d’un pronostic sur l’issue du vote. Mais en comparant les courbes, les résultats peuvent aussi être interprétés comme des tendances. L’étude décrit donc l’état et les tendances de l’opinion avant la mobilisation finale.

Toutes les indications valent avec une probabilité de 95 % affectée d’une marge d’imprécision de ± 2.8 points de pourcentage.

Les constats de l’enquête font l’objet d’un positionnement théorique par le gfs.bern à l’aide de l’approche dispositionnelle

Ici se trouvent des informations générales sur les projets mis aux votations de mars, et ici sur la méthode sous-tendant les enquêtes de tendance SRG.

En outre, vous pouvez télécharger ici un recueil complet des graphiques et ici le moniteur de votation actuel du Centre de recherche opinion publique et société (fög) sur la situation des médias dans la campagne de votation en cours.

Initiative d’allègement des primes

Une très légère avance du Oui dans la tendance du Non

Vers la mi-mai 2024, l’initiative «Au maximum 10 % du revenu pour les primes d’assurance-maladie (Initiative d’allègement des primes)» aurait été approuvée de justesse par la majorité du peuple suisse. 50 % des personnes désireuses de participer ont eu au moins tendance à signaler une intention de voter Oui. 48 % voulaient voter plutôt ou sûrement contre cette initiative. Il s’agit d’une impasse si l’on tient compte de l’erreur d’échantillonnage. La tendance n’a pas été en faveur de l’initiative sur l’allègement des primes au cours du mois qui s’est écoulé entre la première et la deuxième enquête. Le recul de l’approbation est de 6 points de pourcentage (dans la suite points). La part de Non a augmenté de 8 points au cours de la même période.

Les personnes titulaires du droit de vote désireuses de participer continuent de tabler sur une adoption de l’Initiative d’allègement des primes. Elles sont 54 % (- 5 points) à s’attendre à un Oui à l’initiative le 9 juin 2024, et 46 % à un Non. La part de Oui est estimée en moyenne à 50,6 %. L’état d’esprit indique des chances d’acceptation, mais il est plus réservé que lors de l’initiative AVS, où 68% pensaient encore que le Oui l’emporterait lors de la deuxième vague de sondage (février 2024).

L’opinion se trouve à un stade de formation avancé

35 % disent approuver sûrement l’Initiative d’allègement des primes, et 37 % disent la désapprouver sûrement. 72 % sont décidés fermement, ce qui est un chiffre en forte hausse. De plus, les deux tiers des intentions de vote peuvent désormais être facilement comprises grâce aux arguments, de sorte que l’état de la formation de l’opinion peut être considéré comme globalement avancé. La marge de manœuvre pour les campagnes existe toujours. En outre, un élan de mobilisation ultérieur peut également changer la donne.

Polarisation entre la gauche et la droite, et dépendance d’une catégorie sociale

L’Initiative d’allègement des primes est jugée diversement selon le parti avec lequel les personnes interrogées sympathisent. Les tendances indiquent une polarisation accrue entre la gauche et la droite.

Les sympathisants-es des Verts et du PS sont clairement pour. Le Oui y progresse même à un niveau très élevé. Tous les autres groupes sont devenus plus critiques. En dehors du camp de la gauche, seuls les partis non affiliés suffisent à obtenir une majorité. 54 % de ce groupe ont l’intention d’être d’accord. Le mois précédent, ce chiffre était de 68 %. Les positions du PVL, du centre, du PLR et de l’UDC se sont renforcées entre la première et la deuxième consultation contre l’initiative.

Les catégories de revenus les plus faibles et les plus basses ainsi que les personnes sans diplôme de formation professionnelle jugent le projet très positivement. Dans le domaine des revenus moyens et de l’éducation, l’initiative perd du terrain, mais reste majoritaire. Ce n’est que dans les couches supérieures de revenus et de formation que des majorités veulent voter contre l’initiative. Les personnes qui se méfient du gouvernement sont encore un peu plus enclines à voter Oui que celles qui font confiance au gouvernement. Selon cette étude, les groupes qui participent davantage et régulièrement aux votes sont plus critiques que ceux qui participent plutôt par intérêt spontané.

Le groupe d’âge le plus critique est désormais celui des 40-65 ans. Le groupe ayant atteint l’âge de la retraite ne penche plus qu’à peine majoritairement pour le Oui. Aucune tendance claire au Non ne se dégage chez les jeunes de moins de 39 ans. 53 % veulent voter en faveur de l’initiative.

 

 

Les femmes sont devenues nettement plus critiques et ne veulent voter qu’à peine majoritairement en faveur de l’initiative. Chez les hommes, une courte majorité s’oppose entre-temps à l’initiative.

Dans la perspective de la majorité des cantons, les différences régionales revêtent une grande importance.

Un profond fossé linguistique se dessine. Si en Suisse germanophone 43 % seulement de l’électorat se dit prêt à voter pour l’initiative, ce taux passe à 66 % en Suisse francophone et à 69 % en Suisse italophone. Dans les régions de langue latine, le Oui semble donc plus ou moins acquis.

Un fossé ville-campagne est désormais clairement visible. Dans les campagnes, l’initiative n’est plus susceptible de recueillir une majorité en raison d’une forte tendance au Non. En revanche, dans les agglomérations et les villes, les chances d’obtenir des majorités de Oui restent intactes.

Les Suisses de l’étranger continuent de manifester une approbation nettement plus forte que les Suisses domiciliés sur le territoire national. La tendance au Non est toutefois plus nette parmi les Suisses de l’étranger. Ils sont encore 53 % à souhaiter l’allègement des primes proposé.

Le schéma conflictuel est plus accentué que lors du débat sur la 13e rente AVS, où le fossé des âges était à chaque fois particulièrement mis en avant. fr Les tendances du Non montrent plutôt un schéma classique d’initiatives de gauche. Outre la polarisation croissante entre la gauche et la droite, les tendances chez les femmes, chez les électeurs plus âgés et à la campagne sont typiques de cette situation.

Argumentaire: Allègement financier des familles ou fardeau pour la classe moyenne?

En termes de contenu, la situation de départ quant à l’Initiative d’allègement des primes est meilleure que celle des intentions de vote. Sur le plan de l’argumentation, 56 % se sentent plus proches du camp du Oui et 38 % du camp du Non. Les partisans du PVL et du centre ont tendance à pencher plus nettement pour le Oui que ne le montrent les intentions de vote. Les slogans pourraient avoir un impact dans ce cas.

Les trois arguments Pour testés ici récoltent une approbation majoritaire et ils agissent, comme le cible l’intention, sur la décision de vote.

L’argument producteur du plus puissant effet sur une décision de voter Oui est celui selon lequel les familles de même que les personnes aux revenus moyens et les retraités-es vont profiter de l’initiative. Bien que cet argument perde un peu de son soutien, 64 % continuent à l’approuver.

63 % soutiennent l’affirmation selon laquelle l’initiative met la pression sur le monde politique, parce que la pression des coûts commence à dépasser les assurés cotisants. Il s’agit du deuxième argument le plus efficace. L’argument du besoin urgent d’agir en raison des coûts reçoit le plus de soutien. 87 % approuvent. Il ne s’agit pourtant que du troisième argument le plus efficace pour expliquer les intentions de vote.

Toutefois, la question du financement explique elle aussi l’intention de voter Non. 58 % voient, dans des hausses d’impôts, des charges supplémentaires se profiler à l’horizon pour les familles et la classe moyenne. Cela reste globalement l’argument le plus efficace sur la formation de l’opinion. Les deux autres arguments du Non sont certes efficaces et plus soutenus qu’un mois auparavant, mais ils ne sont soutenus que par une majorité relative. 49 % craignent que les incitations à l’épargne disparaissent. 48 % soutiennent l’argument selon lequel les cantons économes cofinancent ceux qui sont moins économes. 43 % ne voient pas les choses ainsi.

Tendance dans la formation de l’opinion

Sur le plan typologique, l’initiative est un projet affecté d’une prédisposition positive. Toutefois, si l’on se réfère à l’évolution avec un recul du Iui, cela correspond à un phénomène souvent observé dans les initiatives. Les électeurs adaptent leurs opinions aux recommandations du Conseil fédéral et du Parlement vu que les arguments de la partie adverse occupent plus de place dans le débat. Le débat porte moins sur l’idée de l’initiative que sur les problèmes soulevés par la solution proposée. Certes, la forte pression des problèmes liés aux primes d’assurance maladie freine l’effet typique, mais l’impasse indique que la majorité de Oui le 9 juin 2024 est loin d’être assurée.

Si la pression du problème – notamment en ce qui concerne la charge pesant sur les familles et les couches de revenus inférieures – est fortement au centre du débat, cela peut freiner les effets du camp du Non. La discussion entamée sur les augmentations de primes pour 2025 pourrait également provoquer un revirement de l’opinion.

 

Jusqu’à la fin, de tels événements peuvent motiver des personnes à participer aux votes qui sont plus motivées par le problème. Cela a été clairement le cas pour la 13e  rente AVS, mais cela ne doit pas se répéter.

Si le Oui du peuple l’emporte de justesse, la majorité des cantons sera également nécessaire. En cas de Oui de justesse, cet obstacle est élevé pour l’initiative sur l’allègement des primes en raison des tendances cantonales dans les cantons germanophones, notamment à la campagne. L’argumentation sur les différences entre les cantons concernés reste importante, de sorte que les sensibilités régionales peuvent contribuer à la décision jusqu’à la fin. En raison du petit nombre de cas dans les petits cantons de Suisse alémanique, nous observons quelques impasses trois semaines avant la date de la votation, ce qui fait que de nombreux cantons ne peuvent pas être clairement attribués au camp du Oui ou du Non. Actuellement, le résultat serait également serré pour la majorité des cantons.

Initiative pour un frein aux coûts dans le secteur de la santé

ntentions de voter Non actuellement majoritaires

A la mi-mai 2024, l’initiative populaire «Pour des primes plus basses – Frein aux coûts dans le système de santé» aurait été rejetée. 54 % des personnes souhaitant participer voulaient certainement ou plutôt rejeter le projet. 41 % se sont dites plutôt ou sûrement contre cette dernière. Les proportions se sont en fait inversées, avec une baisse de 11 points pour le Oui et une hausse de 13 points pour le Non en l’espace d’un mois seulement.

Toutefois, les titulaires du droit de vote désirant participer s’attendent également à ce que l’Initiative pour un frein aux coûts soit rejetée. 36 % s’attendent à une approbation le 9 juin 2024, 64 % s’attendent à un refus. La part de Oui est estimée en moyenne à 46,5 %.

Un stade moyennement avancé de la formation de l’opinion

Au total, 57 % sont fermement décidés à soutenir ou à rejeter l’initiative, ce qui signifie qu’une majorité a désormais une opinion bien arrêtée. En outre, seulement un peu plus de la moitié des intentions de vote sont bien compréhensibles par les arguments, ce qui permet de conclure à un état moyennement avancé de la formation de l’opinion. La marge de manœuvre pour les campagnes existe toujours.

Les sympathisants-es du Centre et les Insatisfaits éprouvent de la sympathie pour le frein aux coûts.

Le schéma d’approbation et de rejet de l’initiative reste exceptionnel. Les partisans du centre soutiennent l’initiative de leur propre parti à 56 %. À gauche et à droite des partisans du centre, le soutien n’est en revanche que minoritaire. L’image de «tous contre le centre» s’est renforcée, car même les Verts ne soutiennent plus majoritairement cette cause. La demande bénéficie d’un peu plus de sympathie de la part des personnes non affiliées à un parti. Toutefois, la baisse de 70 % de Oui à 49% de Oui en un mois est très nette dans ce groupe.

Même les personnes méfiantes à l’égard du gouvernement se sont entre-temps opposées au projet. L’état d’esprit concernant les primes n’est plus un facteur en faveur de l’initiative.

Les dépendances de classe apparaissent toujours, mais l’initiative n’est majoritaire dans aucun des groupes étudiés.

 

 

Toutefois, une majorité relative de personnes issues de ménages aux revenus les plus bas ou n’ayant pas terminé leur formation professionnelle souhaite accepter le projet. Plus le nombre de formations achevées ou de revenus est élevé, plus les personnes interrogées se montrent critiques à l’égard de l’initiative.

D’un point de vue régional, les différences linguistiques ont du poids, même si l’initiative perd du soutien dans toutes les régions. Ainsi, une majorité relative de 49 % soutient encore le projet en Suisse romande et même une majorité de 55 % en Suisse italienne. En Suisse alémanique, 38 % sont encore favorables au projet. Les différences entre ville et campagne n’ont guère d’importance.

Les différences d’âge restent faibles. Les personnes plus âgées ont tendance à soutenir un peu plus l’initiative, mais sont aussi majoritairement contre. Entre-temps, les femmes sont encore plus critiques que les hommes vis-à-vis de l’initiative.

Argumentaire: L’idée reste intéressante, mais les conséquences passent au premier plan

L’idée centrale de l’initiative, formulée sous forme d’argument, continue de recueillir une majorité. 54 % soutiennent l’argument selon lequel le frein aux coûts est efficace parce qu’il réunit tous les acteurs du système de santé autour d’une table. Même 56 % soutiennent l’argument selon lequel aucune réduction n’est à craindre si les prestations médicales sont fournies de manière plus efficace. L’approbation et le rejet du troisième argument, selon lequel seul un frein aux coûts peut réduire la charge des familles, s’équilibrent.

Les trois contre-arguments sont efficaces et convaincants pour des majorités.

 

Les faiblesses sont donc plutôt devenues encore plus pertinentes. 72 % estiment qu’il est erroné de lier les soins de santé à l’évolution économique. 60 % jugent le couplage avec l’évolution des salaires trop rigide et craignent un rationnement. 55 % craignent que ce soient des bureaucrates qui décident des interventions nécessaires plutôt que des professionnels.

Les jugements indexés sur les six arguments et les intentions de vote sont désormais très similaires (indice 39 % de Oui, 52% de Non). Cela indique également que les faiblesses ont été mises en avant dans la campagne principale, comme c’est souvent le cas pour les initiatives.

Tendance dans la formation de l’opinion

Sur le plan typologique, cette initiative est un projet affecté d’une prédisposition positive de justesse. Le cas normal de la formation de l’opinion sur une initiative s’est produit: les intentions de vote s’alignent sur les recommandations du Conseil fédéral et du Parlement au cours de la campagne, car les arguments adverses prennent plus de place dans le débat.

Dans le cas du frein aux coûts, la pression du problème des primes n’a pratiquement plus d’effet sur la formation de l’opinion. Certes, on peut trouver beaucoup d’avantages à l’idée de réunir les acteurs de la santé autour d’une table pour réduire les coûts. Toutefois, les craintes sont maintenant au premier plan quant à ce qui pourrait être concrètement décidé à cette table contre ses propres soins et son autonomie en matière de santé. Cela plaide en faveur d’un rejet de l’initiative sur le frein aux coûts.

 

Initiative pour la liberté

Intentions de voter Non actuellement majoritaires

Le 18 mai 2024, l’initiative pour la liberté aurait été rejetée encore plus nettement qu’il y a un mois. Une baisse de 22 % aurait plutôt ou certainement accepté l’initiative pour la liberté. Une augmentation de 75 % aurait voté plutôt ou certainement contre. L’image correspond à une tendance au «Non» typique des initiatives. En raison du faible taux d’approbation dès le départ, il est toutefois relativement faible.

Les attentes des votants correspondent à cette opinion: une majorité claire et en hausse part du principe qu’elle sera rejetée dans les urnes (84 %). Ils ne sont plus que 16 % à tabler sur une acceptation le 9 juin 2024. La moyenne anticipée des personnes interrogées se situe à 37,5 % (-5 points).

L’opinion se trouve à un stade de formation avancé

16 % plaident résolument pour l’initiative, 65 % résolument contre. En outre, l’argumentation fondant les suffrages présente des bases solides et 59 % des intentions de vote sont compréhensibles au travers des arguments.

Combinés, ces éléments indiquent un vote prédéterminé et un état avancé de la formation de l’opinion, ce qui laisse moins de place aux effets de campagne et de mobilisation.

Schéma conflictuel préliminaire: Tous les sous-groupes majoritairement dans le Non

La faible tendance au Non se retrouve dans tous les sous-groupes. Cela a eu pour effet d’éroder le soutien majoritaire dont bénéficiaient au départ les personnes désireuses de participer à l’UDC, ainsi que les sympathies accrues des personnes non affiliées au parti. Ainsi, le 18 mai 2024, tous les sous-groupes auraient voté majoritairement contre l’initiative pour la liberté.

Néanmoins, le modèle de conflit reste le plus susceptible d’avoir un caractère politique. Les personnes méfiantes à l’égard du gouvernement, celles qui sont proches de l’UDC et celles qui ne sont pas liées à un parti sont les groupes qui se distinguent par une propension accrue, mais minoritaire, à approuver le projet.

 

 

Dans l’entourage de l’UDC, un conflit élite-base se dessine suite à cette évolution, car l’UDC a décidé de dire Oui à l’initiative pour la liberté.

Si l’on différencie les régions linguistiques, c’est la Suisse italophone qui a le plus baissé son taux d’approbation (-21 points). Le taux d’approbation des germanophones est donc désormais le plus élevé, suivi de celui des francophones.

En outre, les variables liées à la stratification jouent un rôle marginal: l’approbation diminue avec l’augmentation du niveau de formation et du revenu, mais reste clairement minoritaire même dans le groupe de revenu et de formation le plus bas.

Argumentaire: Ne pas compter sur la politique vs. les droits fondamentaux protègent le corps contre l’influence de l’État

Chez l’ensemble des personnes désireuses de participer, le camp du Contre convainc majoritairement par ses arguments. Chez ces personnes, l’opinion selon laquelle l’intégrité physique et intellectuelle est déjà ancrée dans la Constitution s’avère particulièrement probante (81% plutôt/pleinement d’accord, +1 points). L’argument selon lequel les exigences de l’initiative vont bien au-delà de la question de la vaccination, ce qui entraîne des incertitudes juridiques en ce qui concerne l’exécution des peines, convainc davantage (65%, +9 points). Légère baisse de 60% (-3 points) qui reconnaissent l’importance d’une vaccination obligatoire en cas de nouvelle épidémie pour éviter des mesures de protection plus strictes.

Les arguments pour sont moins convaincants et un seul recueille encore le soutien de la majorité (52%, -3 points): qu’un être humain n’est libre que s’il peut déterminer lui-même ce qui entre dans son corps et non la politique.

 

 

Mais ni les arguments d’une société à deux vitesses menaçante (36 %, -3 points) ni ceux d’une politique peu fiable en matière d’intégrité physique et mentale dans le contexte du Covid (32 %, -4 points) ne parviennent à convaincre une majorité. À ce titre, les avis sont fermement ancrés.

Les arguments qui obtiennent de faibles taux d’approbation se révèlent particulièrement efficaces pour expliquer le comportement de vote. Ceux qui considèrent que l’intégrité physique et mentale est protégée par la Constitution sont contre l’initiative sur la liberté. Cet argument a eu plus d’impact au cours de la campagne. En revanche, ceux qui ont des doutes sur la politique menée dans le cadre de la pandémie de Covid sont enclins à glisser un «Oui» dans l’urne le 9 juin 2024. C’était dès le départ l’argument le plus fort en faveur du projet.

Tendance dans la formation de l’opinion

Non seulement les taux d’approbation sont bas et les personnes qui souhaitent participer s’attendent elles-mêmes à ce que le projet échoue dans les urnes, mais en plus, le nombre de personnes qui souhaitent participer à l’initiative est très faible. Sur le plan argumentatif, il y a également peu d’arguments en faveur de l’initiative pour la liberté. Tous les indicateurs disponibles ont évolué vers le Non au cours de la campagne.  Un soutien dans de vastes pans de la population est entièrement absent. De plus, à l’exception de l’UDC, les élites politiques s’opposent également à ce projet.

 

 

 

Cette image correspond à une initiative prédisposée négativement. Avec la tendance au Non, le cas normal de formation de l’opinion sur une initiative s’est produit.

Compte tenu de la situation de départ et de la tendance constatée, tout autre résultat qu’un rejet de l’initiative pour la liberté le 9 juin 2024 serait une grande surprise.

Loi pour un approvisionnement en électricité sûr

Intentions de voter Oui actuellement majoritaires

Environ 3 semaines avant le vote, 73% des personnes interrogées se seraient déclarées stables ou plutôt favorables à la loi fédérale relative à un approvisionnement en électricité sûr reposant sur des énergies renouvelables , une légère augmentation de 24% des personnes interrogées ont voté plutôt ou clairement contre. D’un point de vue dynamique, cela correspond à une faible polarisation vers le Non. Il convient toutefois de noter la part élevée et croissante de personnes résolument favorables à la loi sur l’approvisionnement en électricité (54% d’opinions favorables, +8 points). Le pourcentage d’indécis est tombé à 3 % (-3 points).

L’attente d’une adoption de la loi sur l’approvisionnement en électricité le 9 juin 2024 s’est renforcée en l’espace d’un mois : le dimanche du vote, la part de Oui est estimée en moyenne à 56 % (+ 1 point). 82 % des personnes désireuses de participer partent d’une approbation et seulement 18 % d’un refus (-5 points).

L’opinion se trouve à un stade de formation avancé

Un pourcentage nettement supérieur de 70% exprime des intentions de vote fermes (+13 points). De plus, 73 % des intentions de vote s’expliquent par les positions dans les arguments.

Même si les effets de la campagne ou de la mobilisation laissent toujours une marge de manœuvre pour des changements graduels dans les intentions de vote, l’état de la formation de l’opinion peut être considéré comme avancé. L’opinion publique est stable.

Schéma conflictuel préliminaire en premier lieu politiquement chargé

Dans les sous-groupes étudiés, l’évolution des intentions de vote correspond presque partout au modèle général d’une confortable proportion de Oui malgré une faible tendance au Non. La différence est plus marquée chez les hommes, les électeurs issus de zones non rurales et ceux disposant de revenus moyens à élevés sont encore plus enclins à voter en faveur de l’initiative que les autres.

La critique de la loi sur l’approvisionnement en électricité s’est toutefois développée dans l’entourage de l’UDC. Les personnes proches de l’UDC qui souhaitent participer constituent l’autre pôle de l’éventail d’opinions en tant que seul sous-groupe opposé: 53 % d’entre eux auraient rejeté la loi sur l’approvisionnement en électricité le 18 mai 2024 (+5 points), 43 % l’auraient acceptée (-3 points). Tous les autres électorats de partis auraient accepté la loi sur l’approvisionnement en électricité, la participation la plus nette étant celle des personnes issues de la gauche et des verts.

 

 

Ainsi, tous les électorats des partis sont, dans leur majorité évidente, du côté de la position de leur parti mère respectif.

Cependant, les personnes désireuses de participer et méfiantes à l’égard du gouvernement se montrent de plus en plus divisées: en baisse, 49 % d’entre eux auraient accepté la loi sur l’approvisionnement en électricité à la mi-mai (-9 points), 47 % l’auraient rejetée (+11 points). Les lignes de conflit les plus pertinentes restent donc de nature politique.

Observée au niveau régional, la critique tendant à être la plus formée est celle en Suisse germanophone avec une part de Non de 26 %. En Suisse francophone et en Suisse italophone, respectivement 77 % et 74 % des personnes veulent voter certainement ou plutôt Oui.

Argumentaire: Une étape indispensable pour la transition énergétique ou une nuisance à l’environnement et au paysage

L’évaluation des arguments s’avère globalement stable. Comme il y a un mois déjà, les trois arguments en faveur du Oui sont très largement soutenus : ils concernent la dépendance vis-à-vis de l’étranger, la réduction des risques dus aux conflits politiques et l’étape nécessaire pour la transition énergétique. Et là encore, comme il y a un mois, seul un argument de refus peut convaincre une majorité, à savoir que la Suisse ne peut pas couvrir ses besoins en électricité exclusivement avec des énergies renouvelables. Les dommages potentiels infligés à l’environnement et aux paysages, ainsi que la désactivation des droits de plainte éprouvés restent des arguments incapables de réunir une majorité.

 

 

Indexés, 71 % sont plus proches du «Oui» et 25 % du «Non». Ces valeurs sont congruentes avec les intentions de vote exprimées. Les attitudes argumentatives et les intentions de vote concordent donc fortement. Cela est également confirmé par l’analyse de régression qui indique clairement que les décisions de vote sont fondées sur le contenu (degré d’explication du modèle de régression: 73 %). La majorité du Oui se fonde en premier lieu sur la nécessité de la loi dans le cadre de la transition énergétique et de la réduction du risque de pénurie d’électricité. L’argument selon lequel des conditions de planification facilitées pour les centrales hydroélectriques, les éoliennes et les installations solaires nuisent à l’environnement et au paysage suisse sert de principal élément d’explication pour un Non.

Tendance dans la formation de l’opinion

La loi sur l’approvisionnement en électricité est un projet de loi par les autorités prédisposé positivement, ce qui a donné à ses partisans un avantage de départ important. L’avance du «Oui» se confirme dans le deuxième sondage de tendance, le «Non» n’ayant que faiblement progressé au même moment. Les intentions de vote exprimées sont consolidées, l’opinion est stable et le Oui l’emporte quasiment partout. La seule opposition notable vient des milieux de l’UDC.

Enfin, les votants eux-mêmes partent du principe que le projet sera accepté et soutiennent la loi sur l’approvisionnement en électricité sur le fond. Les intentions de vote concordent également avec les attitudes envers les arguments Pour et Contre parce qu’une majorité claire considère cela comme une étape importante pour la transition énergétique. Sur le fond, les critiques sont efficaces en ce qui concerne la protection de l’environnement et du paysage.

 

Les signes indiquant que l’opposition a pu prendre le dessus sur le déroulement de la campagne se trouvent tout au plus dans l’entourage de l’UDC et dans les milieux méfiants à l’égard du gouvernement. Une légère polarisation vers le Non s’est ainsi amorcée, mais elle ne dépasse pas les cercles désignés.

Un «Oui» à la loi sur l’approvisionnement en électricité reste donc le scénario probable pour le 9 juin 2024, compte tenu de la situation de départ, de la tendance de la formation de l’opinion, du schéma des conflits et du niveau des mots d’ordre.

Intentions de participer

L’intention de participer au vote du 9 juin 2024 reste moyenne

La volonté de participer le 9 juin 2024 jusqu’à présent mesurée (48 %) est proche de la moyenne sur le long terme (47,1 % entre 2011 et 2022 selon l’OFS).

 

Avec la mobilisation finale au cours de la campagne, ce pourcentage pourrait encore augmenter un peu, de sorte que l’on peut s’attendre à une convergence vers les urnes le 9 juin 2024 moyenne voire légèrement supérieure à la moyenne.

Profil des personnes voulant participer

Au cours de la phase principale de la campagne, les jeunes, les électeurs ayant confiance dans le gouvernement, ceux dont le revenu du ménage se situe entre 7000 et 11000 CHF et les hommes ont été mobilisés en premier lieu. En revanche, on retrouve des tendances à la démobilisation chez les électeurs disposant d’un revenu faible ou moyen ainsi que chez les personnes ayant les revenus les plus élevés, chez les personnes ayant un niveau d’éducation élevé et chez les personnes qui se méfient du gouvernement. Cependant,  les personnes âgées, les personnes ayant un niveau d’éducation et de revenu élevé ainsi que les hommes continuent de manifester des intentions de vote plus élevées. Si le débat ne s’étend pas à d’encore plus larges milieux, le schéma de participation devrait également correspondre, le 9 juin 2024, au schéma actuel.

Au niveau régional, les intentions de participer des germanophones et des italophones stagnent, tandis que les francophones manifestent une intention de participer un peu forte.

 

 

Les électeurs vivant dans des agglomérations de petite ou moyenne taille ont également été mobilisés. Ceux issus de zones rurales ou urbaines ont plutôt été démobilisés.

Politiquement parlant, les électeurs proches des partis verts de gauche (Verts, PS et désormais PVL) restent plus mobilisés que les autres camps politiques partisans. La mobilisation des personnes non affiliées à un parti est la plus faible. Les intentions de participer des électeurs ayant des affinités pour le centre, le PLR ou l’UDC sont inférieures à la moyenne.

Étant donné que l’on ne constate pas de poussées de mobilisation, ni dans l’ensemble, ni dans le groupe des personnes non affiliées à un parti ou méfiantes à l’égard du gouvernement, on peut s’attendre pour le 9 juin 2024 à une participation régulière proche de la valeur moyenne des dernières années, sans potentiel de protestation excessif.

Façon de citer

Deuxième session de l’enquête Trend SRG-SSR sur les votations du 9 juin 2024, réalisée par l’Institut de recherche gfs.bern entre le 13 et le 22 mai 2024 auprès de 12279 titulaires du droit de vote. La marge d’erreur statistique est donc de +/- 2.8 pour cent.

Méthode et base de données

La partie téléphonique de l’enquête présente a été réalisée par le Service d’enquête gfs, l’institut de recherche gfs.bern est en charge de l’évaluation et de l’analyse des données.

Le sondage suit la procédure RDD/Dual Frame, via les réseaux fixe et mobile. Dans le cadre du mandat SSR, le sondage téléphonique des électeurs est complété par un sondage en ligne depuis l’automne 2018, afin de renforcer la taille d’échantillonnage en Suisse romande et au Tessin. La partie en ligne a été réalisée sous forme de sondage opt-in (sondage participatif) via les portails en ligne de SRG SSR Médias.

Pour pouvoir émettre des affirmations par régions linguistiques, nous avons tenu compte plus que proportionnellement des minorités linguistiques au cours de l’enquête CATI. Les proportions ont été rectifiées pour pouvoir émettre des affirmations au niveau national.

Nous ne pouvons émettre aucune affirmation sur la majorité des cantons vu que le nombre de personnes interrogées ne suffit pas pour effectuer des analyses assurées au niveau cantonal.

Vous trouverez ici plus d’informations sur la théorie et la méthode des sondages SRG Trend.

Rapport technique succinct

Commettant : Conférence CR de la SRG SSR
Corpus de base : Titulaires du droit de vote Suisses
Origine des adresses CATI : Plan d’échantillonnage Gabler/Häder pour RDD/dual-frame; corrigé par liste Swiss Interview
Origine des adresses en ligne : Sondage opt-in via les portails Internet de SRG SSR
Relevé des données : par téléphone, assisté par ordinateur (CATI) et en ligne
Nature de l’échantillonnage CATI : randomisé/par régions linguistiques; méthode de la date de naissance dans le foyer selon régions linguistiques
Nature de l’échantillonnage en ligne : Sondage de participation ouvert
Période d’enquête : 13–22 mai 2024
Jour médian de l’enquête : 18 mai 2024
Taille des échantillons : minimum 1’200, réel 12279 (Cati: 1225, Online: 11054), n DCH: 9782, n FCH: 2114, n ICH: 383
Erreur d’échantillonnage : ± 2.8 points de pourcentage d’une valeur de 50% (et probabilité de 95%)
Particularités des quotas CATI : sexe/âge interverrouillés
Particularités des quotas en ligne :
Pondération selon : Pondération dual-frame, langue, lieu de résidence, affinité avec un parti, recall, participation
Durée de l’enquête moyenne CATI : 16 minutes (écart-type : 4.7 minutes)
Publication : 29 mai 2024, 6h00