Etude sur mandat de la SRG SSR
Si les votations avaient eu lieu le 14 février 2021, la loi sur les services d’identification électronique aurait été rejetée; l’initiative Oui à l’interdiction de se dissimuler le visage et l’accord de libre-échange avec l’Indonésie auraient été acceptés. La participation aux votations aurait atteint 51 %, score supérieur à la moyenne.
Durant la principale phase de la campagne, l’opinion s’est formée et polarisée en direction du Non aux trois projets. Dans le cas de la loi sur l’E-ID, une tendance manifeste au Non se dessine; l’initiative Oui à l’interdiction de se dissimuler le visage se traduit par une impasse. L’accord de libre-échange avec l’Indonésie continue d’être bien accueilli.
Toutes les indications valent avec une probabilité de 95 % et une marge d’imprécision de ±2.8 points de pourcentage. Les probabilités se réfèrent aux valeurs obtenues par l’enquête actuelle, pas à l’issue des votations du 7 mars 2021. Comme d’habitude, cette seconde enquête ne constitue elle aussi qu’un instantané; elle ne pronostique pas l’issue des votations. Si l’on compare les courbes, les résultats peuvent toutefois aussi être interprétés comme des tendances.
Le positionnement théorique des constats de l’enquête fait appel à la démarche du gfs.bern en matière de disposition. Des informations de fond (en allemand) sur les sujets du vote du 7 mars 2021 et une collection complète de graphiques sur l’étude sont également disponibles.
Intentions de vote actuelles: Dans l’impasse, avec une tendance au Non
Le 14 février 2021, 49 % des titulaires du droit de vote ayant l’intention de participer auraient voté pour l’initiative Oui à l’interdiction de se dissimuler le visage et 47 % contre. Tandis que le camp du Non reprenait du terrain au fil de la campagne, le camp du Oui a vu son soutien s’éroder. La formation de l’opinion tend par conséquent en direction du Non.
Pour le 7 mars 2021, 67 % des personnes mobilisées (+12 pt) partent d’une acceptation de l’initiative, et 30 % de son refus (-12 pt). La part de Oui à cette votation est estimée en moyenne à 53 %.
Stade avancé de formation de l'opinion
Comme d’habitude au cours des campagnes de votations, les intentions de vote ont gagné en netteté ces dernières semaines: 74 % ont une opinion ferme pour ou contre l’initiative Oui à l’interdiction de se dissimuler le visage. Les 4 % d’indécis forment un groupe stable.
Un part pertinente des intentions de vote exprimées lors de l’entretien se laisse expliquer via le jugement porté sur les arguments. La combinaison de ces facteurs atteste d’un stade de formation de l’opinion avancé.
Le schéma conflictuel est marqué par une très nette polarisation gauche/droite
La tendance générale au Non se retrouve dans la vaste majorité des sous-groupes ici analysés. Seuls milieux où elle n’est pas détectable: l’environnement de l’UDC et les personnes prévoyant de voter dont les revenus sont compris entre 9’000 et 11’000 CHF.
La tendance au Non fait que dans l’électorat désireux de participer et qui refuse l’initiative, celui du PVL rejoint celui entourant le PS et les Verts; Ce phénomène à peine perceptible est nouveau. Partie du PVL, la ligne de fracture s’est ainsi décalée vers le milieu de l’échiquier car tous les autres groupes d’électeurs et électrices, Indépendants inclus, continuent d’appuyer l’initiative du Oui à l’interdiction de se dissimuler le visage. Massive dans la sphère UDC, l’approbation n’est plus que de justesse dans les rangs du centre, du PLR et des Indépendants. Il ne reste donc plus de conflit élite/base qu’au sein du PLR; Contrairement au mot d’ordre du parti auquel il est très attaché, l’électorat proche du PLR continue de prôner l’interdiction de se dissimuler le visage La tendance suggère cependant que la base se rapproche de la position du parti libéral-radical.
La confiance faite au gouvernement continue de s’avérer pertinente: Qui fait confiance au Conseil fédéral et au Parlement est contre l’interdiction de se dissimuler le visage, qui se méfie du gouvernement est clairement pour. La tendance au Non se manifeste toutefois dans les deux groupes.
L’âge des personnes désireuses de voter et leur niveau d’éducation demeurent d’autres paramètres explicatifs capitaux: Celles de moins de 40 ans sont en majorité contre l’interdiction de se dissimuler le visage, celles plus âgées sont pour malgré une tendance en direction du Non. Sur fond de tendance au Non peu marquée, les personnes désireuses de voter et détentrices d’un niveau d’éducation réduit ou moyen continuent d’appuyer l’interdiction de se dissimuler le visage; celles jouissant d’un niveau d’éducation élevé s’y opposent désormais.
Les tendances par sexe sont à noter: Auprès des hommes, une tendance ténue au Non est reconnaissable mais avec une approbation qui reste majoritaire. Auprès des femmes, la nette tendance au Non a provoqué une érosion du Oui initial.
Les différentes régions suisses voient également les intentions de vote bouger. En Suisse francophone, une nette tendance au Non a conduit dans une impasse. L’approbation demeure la plus forte en Suisse italophone, pour ne plus être que minime en Suisse germanophone. Les rapports de majorité se sont également renversés dans les régions urbaines; dans les grandes agglomérations, les titulaires du droit de vote sont désormais en majorité contre l’initiative Oui à l’interdiction de se dissimuler le visage. En zones rurales, dans les petites et moyennes agglomérations, les approbations majoritaires se maintiennent malgré une tendance au Non.
Et bien que la tendance au Non ait gagné les Suisses de l’étranger, leur approbation du projet de loi est plus forte que parmi les titulaires du droit de vote domiciliés en Suisse.
Arguments: Interdiction de se camoufler le visage suffit contre montrer son visage fait partie de la culture
Les responsables de l’initiative convainquent par deux messages de campagne sur les trois testés ici: Montrer son visage fait partie de la culture suisse (76 % plutôt/entièrement d’accord) et enfermer les femmes dans des burkas et niqabs au lieu de les laisser vivre librement dans notre société (61 % plutôt/entièrement d’accord) porte atteinte à leur dignité. En revanche polarise l’argument selon lequel l’interdiction de se dissimuler le visage aiderait à stopper des terroristes et autres malfaiteurs masqués, et accroîtrait notre sécurité (47 % plutôt/entièrement d’accord).
L’argument sécuritaire des opposants à l’interdiction convainc: 62 % estiment qu’une simple interdiction de se dissimuler le visage dans des situations spéciales (des manifestations par exemple) suffit pour assurer la sécurité. Ces mêmes opposants reçoivent en outre un soutien majoritaire lorsqu’ils avancent que cette interdiction constitue une politique symbolique aux frais d’une petite minorité. Ils polarisent toutefois lorsqu’ils soulignent que l’interdiction de se dissimuler le visage empêcherait désormais les femmes visées de participer à la vie publique (50 % plutôt/entièrement d’accord).
Bien que les deux factions avancent des arguments capables de recueillir une majorité, celle des opposants a un léger avantage: Au fil de la campagne, leurs arguments ont plutôt gagné du terrain et inversement ceux des responsables de l’initiative et l’argument le plus efficace dans la décision de vote étant selon une analyse de régression l’argument sécuritaire des opposants.
Le second argument le plus important à cette heure est toutefois un argument pour: montrer son visage fait partie intégrante de la culture suisse.
Tendance dans la formation de l'opinion
Porter un jugement final sur la suite de son évolution est rendu difficile par des intentions de vote dans l’impasse, des arguments convaincants et efficaces des deux côtés, une dynamique et une émotionnalité considérables du débat public sur l’interdiction de se dissimuler le visage.
Le scénario des initiatives obéit au cas général suivant: une tendance au Non une fois entamée se poursuit et l’initiative finit par être rejetée. Outre la tendance au Non presque omniprésente, le soutien et la pertinence en hausse des arguments opposés à l’initiative parlent en faveur de ce scénario dans l’initiative Oui à l’interdiction de se dissimuler le visage Les positions des élites politiques sont, elles aussi, annonciatrices d’un refus.
La marge de manœuvre dont disposerait une tendance effrénée au Non est relativisée par les intentions de vote relativement fermes, par l’argumentaire convaincant et efficace des responsables de l’initiative et par l’attente accrue enfin, parmi les personnes désireuses de voter, que ce projet de loi soit adopté le 7 mars.
La probabilité d’un Non le 7 mars est plus forte, mais un Oui ne peut pas être entièrement exclu. Les passions entourant ce thème et l’intense campagne préparatoire vont à coup sûr dynamiser la formation de l’opinion. Malgré la tendance globale au Non, les sous-groupes acceptant l’initiative continuent d’être plus nombreux que ceux qui la refusent, et les personnes qui la défendent détiennent un potentiel de mobilisation plus important. L’initiative sera tranchée au centre de l’échiquier politique et par les Indépendants.
Une nette tendance au Non
Bien que les personnes sondées désireuses de voter s’attendent en petite majorité à un Oui, les opinions ont clairement évolués vers un Non au projet de loi. Fait nouveau, une majorité de 54 % des personnes ayant prévu de voter va certainement ou plutôt le faire contre l’E-ID. Les partisans du Oui arriveraient actuellement à 42 %. Cette tendance massive de l’opinion reflète plutôt les débats controversés dans les médias et au sein des partis ces dernières semaines; elle ne reflète pratiquement plus les rapports de majorité au Parlement.
L’opinion en reste à un stade de formation moyen
4 % des personnes mobilisées n’ont pas encore d’intention ciblée et 40 % commencent seulement à avoir une intention de vote indicatrice de tendance. L’opinion est à moitié formée, mais une forte part d’incertitude demeure, nettement illustrée par le nombre déclinant de personnes qui à coup sûr vont voter pour le projet de loi. Dans le camp du Oui aussi, l’incertitude se propage au fil des débats en cours.
Le schéma du conflit: La critique des autorités s’est amplifiée
Le scénario envisagé d’une critique croissante des autorités sur fond de pandémie se confirme: Qui a l’intention de participer et se méfie du gouvernement a non seulement à 66 % (+13 pt) l’intention de voter contre ce projet, mais à 50 % (+17 pt) l’intention ferme de le faire. Dans l’ensemble, les Verts et les partisans du PS sont les seuls à s’exprimer encore plus clairement contre l’E-ID proposée. A gauche, le débat produit maintenant des effets clairs en direction du mot d’ordre adopté.
La connotation critique du gouvernement qui accompagne ce projet de loi concorde bien avec la critique croissante de l’électorat proche de l’UDC et désireux à 56 % – c’est nouveau – de voter contre malgré le mot d’ordre de son parti, et avec la critique des Indépendants où les adversaires du projet sont passés de 38 à 50 %. Un conflit élite/base pourrait en résulter au sein du PVL vu qu’une majorité de ses partisans soutient toujours le projet. La volonté d’approbation diminue cependant et se déplace ainsi en direction du mot d’ordre.
En Suisse francophone, le débat nettement critique dans les médias selon le moniteur des votations publié par le fög a eu des répercussions sur la formation de l’opinion: Le jugement initialement réservé sur le territoire francophone a cédé la place à une critique franchement majoritaire.
Fait nouveau, les hommes et les femmes veulent en majorité voter contre la loi avec une opposition demeurant plus marquée auprès des femmes. La critique du projet de loi s’amplifie dans toutes les couches sociales. Les tendances sont très claires notamment dans celles plus défavorisées et parmi les personnes de 40 ans et plus. Si en début de débat les personnes retraitées tendaient le plus nettement vers le Oui, elles forment maintenant le plus important camp du Non sur les trois groupes d’âges analysés. Cela montre avec quelle puissance l’incertitude agit sur des personnes qui, jugeant à l’origine dans l’esprit de la campagne pour le progrès et à la lumière de la campagne principale, jugent maintenant à partir des risques du projet concret.
Argumentaire: Critique des multinationales et rôle de l’Etat vs COVID-19 et la vitesse
En outre le camp du Oui convainc une majorité lorsqu’il exige, dans le contexte de la Covid, qu’il faut accélérer les choses en matière d’échange électronique des données. L’argument de la Covid avancé par le camp du Oui était il y a un mois le plus efficace; maintenant il a rétrocédé derrière l’argument de négation le plus intense.
Malgré de nettes tendances dans les intentions de vote, le débat sur le contenu du projet de loi sur l’E-ID reste en-deçà des valeurs habituelles. C’est ce à quoi renvoie un modèle d’action continuant à ne pouvoir expliquer, avec les arguments, qu’un peu plus de la moitié des intentions de vote exprimées. Cela devrait être lié à la complexité de la solution proposée. Les tendances au niveau des arguments montrent toutefois que ceux des deux camps parviennent encore à recueillir une majorité.
Le camp du Oui peut argumenter avec succès d’un côté avec la vitesse de mise en œuvre si l’Etat et le secteur privé coopèrent, et de l’autre avec le contrôle par l’Etat pour assurer la protection des données. L’argument analysé sur la protection des données en faveur de la solution perd de son efficacité, ce qui coïncide avec le constat général que le débat s’est chargé d’une connotation critique envers le gouvernement.
Le camp du Non s’appuie sur trois arguments soutenus par une majorité selon notre enquête: Au cœur de l’effet réside le reproche – argument le plus important – que l’E-ID serve d’écran à des multinationales désireuses d’engranger des bénéfices avec des données sensibles. De leur côté ne sont pas aussi efficaces les arguments indiquant que l’administration des données en mains privées engendre un potentiel d’abus, mais leur soutien s’accentue. Cet argument n’est toutefois pas de nature à apporter une explication supplémentaire aux intentions de vote. L’argument qui cible fondamentalement le rôle de l’Etat, selon lequel l’établissement d’une E-ID ne devrait pas être confié au secteur privé, s’est rapproché du cœur du débat et arrive en troisième position pour expliquer les intentions de vote.
Tendance dans la formation de l'opinion
Un débat sur la digitalisation qui intéressait encore peu est devenu un débat sur le rôle des multinationales et de l’Etat. La critique a trouvé un terrain très fertile auprès des personnes qui certes acceptent le progrès sous la forme digitale, mais qui ne voient pas quelle utilité individuelle aurait l’E-ID. Ainsi s’est diffusée une nette incertitude capable de s’étendre rapidement lorsqu’il s’agit de projets peu prédisposés et de convertir les référendums en puissants instruments d’opposition au Parlement et au gouvernement. Les risques de coopération entre l’Etat et les multinationales ont gagné le devant de la scène.
Symboles éloquents en ce sens: les tendances au sein de l’électorat de l’UDC malgré le Oui dans son mot d’ordre; en Suisse romande où la critique des médias a été particulièrement accentuée; dans les milieux qui se méfient du gouvernement ou parmi les Indépendants. Cela, combiné à une opinion qui auprès des sympathisants de gauche évolue dans le sens du mot d’ordre, a pris le projet de loi en tenaille au point qu’un Non soit devenu probable. Mais voilà: Avec les projets de loi complexe émanant des autorités et une formation de l’opinion encore à mi-parcours, un retournement de dernière minute en faveur de la position des autorités pourrait théoriquement causer la surprise.
Les intentions de voter Oui dominent actuellement de peu, présence d’une tendance au Non
Exactement trois semaines avant sa votation, l’accord de libre-échange avec l’Indonésie aurait de justesse été accepté: 52 % des personnes désireuses de voter auraient accepté le projet de loi, 41 % de l’électorat aurait voté Non. Avec le démarrage à grande échelle de la campagne pour les votations, la formation de l’opinion s’est polarisée et l’on voit les adversaires du projet regagner du terrain sur les personnes qui le défendent.
67 % (soit +5 pt) des personnes désireuses de voter partent d’une acceptation le 7 mars 2021, et 29 % seulement d’un refus. La part de Oui est estimée en moyenne à 53 %.
L'opinion tarde à se former
7 % des électrices et électeurs ayant une ferme intention de vote sont encore indécis et une majorité ténue exprime des intentions de vote extrêmement arrêtées: 51 % veulent voter certainement pour ou contre le projet. Cela correspond à un stade de formation de l’opinion loin de la maturité; d’importants décalages sont encore possibles. L’ancrage argumentatif des intentions de vote a toutefois repris du terrain.
Le schéma conflictuel est marqué au plan politique, régional et socio-économique
Il est très clair que les intentions de vote ont un cachet politique car les Verts et les proches du PS désireux de voter auraient refusé cet accord de libre-échange, et les sympathisants de tous les autres partis auraient voté Oui. C’est le plus nettement le cas parmi les sympathisants du PLR. Dans l’électorat proche du PS, des Verts et de l’UDC, le Non est monté en puissance. Le Oui a fait de même parmi les sympathisants du PVL, du Centre et du PLR En l’espace d’un mois, les Indépendants ont quitté le camp du Non pour celui du Oui. Les électorats des différents partis campent ainsi en majorité sur la position de leur parti respectif et il ne se dessine aucun conflits élite/base.
En Suisse francophone se manifestent aussi, en critiquant, des majorités (relatives) de personnes désireuses de participer; celles qui se méfient du gouvernement et celles dont le foyer dispose de 3’000 à 7’000 francs de revenus.
Les avis sont partagés auprès des femmes, des titulaires du droit de vote vivant dans des foyers à très bas revenus, et des personnes issues des zones rurales.
Au-delà des groupes précités, l’accord de libre-échange avec l’Indonésie rencontre de l’approbation même si cette dernière n’est parfois manifestée qu’avec réserve. Le schéma conflictuel s’avère un peu plus polarisé qu’il y a un mois, avec des parts d’indécis partout en régression. Jusqu’à présent, c’est plutôt le Non qui en a profité.
Une observation par région linguistique donne la Suisse germanophone le plus nettement pour l’accord de libre-échange, suivie du Tessin. La Suisse romande conserve une attitude critique.
Argumentaire : Avantages pour la Suisse contre dommages occasionnés en Indonésie
Sur le plan des arguments, le camp du Oui continue de prédominer car non seulement ses arguments convainquent des majorités massives et croissantes mais ils sont aussi les plus efficaces envers une décision de vote. 69 %, un pourcentage en hausse, voient des avantages concurrentiels pour la Suisse car cet accord de libre échange supprime d’onéreux droits de douane et d’autres obstacles commerciaux. Le meilleur accès à ce grand marché d’écoulement encore peu exploité par l’économie suisse a de quoi séduire et constitue le motif le plus efficace d’un Oui. 60 % trouvent par ailleurs que l’accord de libre échange constitue un progrès: Vu que seule l’huile de palme issue de la production durable bénéficie d’allégements commerciaux, cet accord profite à l’environnement et contribue au développement durable de l’Indonésie.
Les arguments Contre réveillent des souvenirs des votations de novembre. De nouveau un pourcentage plus élevé de personnes (88 %) reconnaît que l’écologie et les droits de l’homme doivent enfin peser plus dans la collaboration avec d’autres pays. Il s’agit là toutefois d’un argument très ténu pour expliquer le contenu d’une décision de vote. 63 % des personnes continuent à soutenir l’argument que l’huile de palme est déjà très bon marché aujourd’hui et qu’elle repousse de plus en plus les huiles locales. 52 % reconnaissent par ailleurs que l’effet réduit de l’accord sur l’économie suisse ne justifie pas les dommages infligés par la production d’huile de palme. Si cet argument contre est le plus puissant selon l’analyse des effets, son soutien s’est quelque peu érodé.
La congruence constatée entre l’attitude des électeurs inscrits envers le projet d’une part et envers les différents arguments d’autre part s’est nettement accrue en l’espace d’un mois (pourcentage d’explication: 65 %).
Les avantages de l’accord commercial sont acceptés et promeuvent un Oui au projet. La question cruciale reste cependant de savoir si ces avantages pour la Suisse justifient les dommages occasionnés en Indonésie par la production d’huile de palme.
Tendance dans la formation de l'opinion
La décision sur l’accord de libre-échange avec l’Indonésie ne présente que de faibles prédispositions, ce que montrent la part réduite de personnes fermement décidées, les indécis relativement nombreux et le fragile rapport de majorité. Malgré la polarisation en direction du Non, les partisans de l’accord ont l’avantage si l’on tient compte par exemple des attitudes argumentatives ou de l’éventail de mots d’ordre. Deux scénarios sont fondamentalement envisageables concernant l’évolution ultérieure de l’opinion sur le projet de loi.
Il est probable qu’il continue de polariser et que les deux côtés gagnent des points. En raison de la prédisposition positive, le projet serait accepté dans ces deux cas. Ce scénario correspond à une poursuite de la formation de l’opinion entamée.
Il est envisageable, mais moins probable, que la tendance au Non s’amplifie si l’argumentaire de la partie adverse prend le dessus. Vu la courte longueur d’avance dans le camp des Oui, une inversion des rapports de majorité serait pensable. Le mot d’ordre du PS par exemple a livré des indices d’un tel scénario en montrant que la critique peut s’amplifier jusqu’à la fin. En outre, une plus forte mobilisation des personnes qui critiquent le gouvernement est imaginable.
Les avantages de cet accord commercial pour l’économie suisse n’en restent pas moins incontestables et ils marquent la formation de l’opinion. Toutefois, la critique envers l’accord de libre échange est relativement ample elle aussi car il règne un climat de sensibilité aux droits de l’Homme et aux thèmes environnementaux. Jusqu’à présent, les avantages économiques de l’accord de libre-échange continuent de prédominer le débat.
Intention croissante de participer aux votations du 7 mars 2021
Phénomène rare aujourd’hui comme par le passé, plus de la moitié des titulaires du droit de vote serait prête à participer. Les votations de septembre 2020 ont été une exception de ce genre.
En septembre, la combinaison de cinq projets de loi avait fortement mobilisé jusqu’à la fin et ainsi conduit à une très forte participation proche des 60 %. Cet effet devrait se faire nettement moins sentir avec les trois projets de loi à voter en mars 2021, ce que suggère par exemple l’écho moyen à réservé dans les médias selon l’analyse publiée par le fög.
Profil des personnes désireuses de voter: Politisation perceptible, en revanche pas de mobilisation critique envers le gouvernement
Ce supplément de mobilisation ne provient pas d’une mobilisation de groupes protestataires apolitiques, elle est au contraire apparue au sein de groupes plus intéressés par la vie politique quotidienne. Cela s’est nettement manifesté parmi les personnes politiquement liées, et très nettement dans le camp de gauche et au centre. Ces milieux s’intéressent beaucoup aux contenus débattus en campagne principale. Aussi parmi les titulaires du droit de vote ayant atteint l’âge de la retraite ou situés dans des couches sociales plus aisées se dégagent des majorités claires bien décidées à participer aux votations.
Sont par ailleurs intéressés des groupes qui, envisagés sous l’angle sociologique et socio-économique, désirent généralement voter plus que la moyenne.
Nette hausse de tendance aussi auprès des femmes – à la différence des hommes – maintenant désireuses de voter en aussi grand nombre qu’eux le 7 mars 2021. Une considération par régions linguistiques montre qu’en Suisse francophone la volonté fortement croissante de participer a gommé toutes les différences marquantes. Dans le contexte pandémique actuel, une flambée au sein des milieux qui critiquent le gouvernement demeure possible. De quoi ouvrir plus d’opportunités à l’initiative Oui à l’interdiction de se dissimuler le visage tandis que la critique des projets de loi devrait plutôt s’intensifier dans ce scénario.
Deuxième session de l’enquête Trend SRG-SSR sur les votations du 7 mars 2021, réalisée par l’Institut de recherche gfs.bern entre le 10 et le 18 février 2021 auprès de 12166 titulaires du droit de vote. La plage d’erreur statistique est donc de +/- 2.8 pour cent.
La partie téléphonique de l’enquête présente a été réalisée par le Service d’enquête gfs, l’institut de recherche gfs.bern est en charge de l’évaluation et de l’analyse des données.
Le sondage suit la procédure RDD/Dual Frame, via les réseaux fixe et mobile. Dans le cadre du mandat SSR, le sondage téléphonique des électeurs est complété par un sondage en ligne depuis l’automne 2018, afin de renforcer la taille d’échantillonnage en Suisse romande et au Tessin. La partie en ligne a été réalisée sous forme de sondage opt-in (sondage participatif) via les portails en ligne de SRG SSR Médias.
Pour pouvoir émettre des affirmations par régions linguistiques, nous avons tenu compte plus que proportionnellement des minorités linguistiques au cours de l’enquête CATI. Les proportions ont été rectifiées pour pouvoir émettre des affirmations au niveau national.
Nous ne pouvons émettre aucune affirmation sur la majorité des cantons vu que le nombre de personnes interrogées ne suffit pas pour effectuer des analyses assurées au niveau cantonal.
Vous trouverez ici plus d’informations sur la théorie et la méthode des sondages SRG Trend.
Rapport technique succinct
Commettant : Conférence CR de la SRG SSR
Corpus de base : Titulaires du droit de vote domiciliés en Suisse
Origine des adresses CATI : Plan d’échantillonnage Gabler/Häder pour RDD/dual-frame; corrigé par liste Swiss Interview
Origine des adresses en ligne : Sondage opt-in via les portails Internet de SRG SSR
Relevé des données : par téléphone, assisté par ordinateur (CATI) et en ligne
Nature de l’échantillonnage CATI : randomisé/par régions linguistiques; méthode de la date de naissance dans le foyer selon régions linguistiques
Nature de l’échantillonnage en ligne : Sondage de participation ouvert
Période d’enquête : 10 – 18 février 2021
Jour médian de l’enquête : 14 février 2021
Taille des échantillons : minimum 1200, réel 12166 (Cati: 1217, Online: 10949),
n DCH: 7725, n FCH: 3869, n ICH: 572
Erreur d’échantillonnage : ± 2.8 points de pourcentage d’une valeur de 50% (et probabilité de 95%)
Particularités des quotas CATI : sexe/âge interverrouillés
Particularités des quotas en ligne : –
Pondération selon : Pondération dual-frame, langue, lieu de résidence, affinité avec un parti, recall, participation
Durée de l’enquête moyenne CATI : 14.8 minutes (écart-type : 4.0 minutes)
Publication : 24. février 2021, 6h00