Enquête commanditée par le groupe d'information Boissons rafraîchissantes
Équipe: Lukas Golder Cloé Jans Aaron Venetz Daniel Bohn
La sondage alimentation et activité physique montre ce que la population pense des thèmes Santé, Alimentation et Activité physique, et comment l'attitude de l'électorat évolue au fil du temps.
Au cœur de cette réflexion et de cette attitude figurent des échelles de valeur, des tendances sociétales ainsi que les attentes envers le monde politique et l’économie. En outre, des thèmes actuels sont également repris dans le sillage du débat politique.
En 2020, les thèmes Régionalité et Gaspillage alimentaire retiennent tout particulièrement l’attention. Ont par ailleurs été posées des questions sur la réduction volontaire du sucre par ce secteur dans les produits alimentaires ou sur l’introduction possible d’un impôt sur le sucre.
Les résultats de l’Observatoire de l’alimentation et de l’activité physique sont basés sur une enquête représentative auprès de 1000 électrices et électeurs en Suisse.
L’enquête a été réalisée du 03 au 27 mars 2020, c’est-à-dire à une époque où la crise du coronavirus avait déjà gagné la Suisse (le premier cas avait été confirmé dans le Tessin le 25 février 2020).
Si la pandémie de COVID-19 constitue certes un thème de santé, son lien avec les échelles de valeurs conférées aux questions de l’alimentation et de l’activité physique n’est que ténu. Cela se voit aussi dans les réponses fournies aux questions ouvertes où le coronavirus ne joue pratiquement aucun rôle.
Dans ce contexte, il faut partir du principe que l’enquête 2020 se laisse bien inscrire et interpréter, malgré la situation exceptionnelle actuellement vécue, dans le continuum de tendances à long terme.
Des détails relatifs à la méthode et à l’échantillon figurent dans la boîte d’infos à la fin du cockpit.
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L’alimentation et l’activité physique sont des thèmes de la vie quotidienne et étroitement liés, dans la vie de chacun, à des expériences personnelles. Cependant, depuis le début de l’enquête il y a 7 ans, la part de «personnes non intéressées» augmente lentement mais visiblement, et a presque doublé depuis 2014.
Parallèlement, la part de Suisses hommes et femmes qui s’intéressent beaucoup à l’alimentation et à l’activité physique a visiblement baissé entre 2014 et 2020. Ce phénomène est en cours bien que des discussions sur différentes formes d’alimentation et tendances de santé soient omniprésentes à l’ère précisément des réseaux sociaux.
Un changement se laisse constater aussi dans les habitudes alimentaires. Depuis 2014, la part de rations de fruits et légumes consommées par personne et par jour est en nette baisse.
Les hommes et les personnes de plus de 65 ans sont représentés particulièrement fréquemment dans le groupe prenant au maximum deux au lieu des cinq rations de fruits et légumes recommandées par jour.
Il est visible dans l’ensemble que l’électorat continue de disposer de solides compétences en matière de santé, compétences dont il ne faut cependant pas négliger l’encouragement aujourd’hui.
Cela vaut notamment aussi du fait qu’un pilotage de la santé publique par règlements et interdictions interposées n’est clairement pas souhaité par une majorité.
La population adresse une demande fondamentale à l’État, à savoir de simplifier la déclaration des valeurs nutritives sur les aliments.
Il faut en outre mettre un accent sur la prévention et la sensibilisation (s’adresser de manière ciblée aux groupes-cibles, réaliser des projets en collaboration avec l’économie privée). Or ces mesures précisément tendent plutôt à perdre quelques suffrages (à un haut niveau) ces dernières années.
Aussi dans le sillage de ce qui précède, un nombre de personnes nettement inférieur aux années précédentes juge nécessaire d’introduire l’économie domestique comme matière obligatoire. En revanche, la part de personnes souhaitant interdire la publicité des produits alimentaires pour enfants contenant du sucre, du sel et des matières grasses est plus élevée que les années d’enquête précédentes. Inversement, la part de personnes désireuses d’interdire entièrement les produits alimentaires préjudiciables à la santé ou d’introduire un impôt sur le sucre a plutôt diminué ces dernières années.
Aussi vis-à-vis de l’économie, la nécessité que les ingrédients des produits soient plus transparents et compréhensibles figure en première place. Avec elle va de pair le souhait de simplifier la déclaration nutritionnelle actuelle.
La promotion de la santé publique via plus de sport de masse, la réalisation de projets visant l’acquisition de bonnes habitudes alimentaires ou aussi des semaines de projets sur le thème de la cuisine et de l’alimentation continuent certes d’être jugées importantes par une majorité claire, mais cette tranche majoritaire tend à diminuer.
En 2016, le marquage de la valeur nutritionnelle de référence avait bénéficé du soutien le plus large de la population avec plus de 70 pour cent estimant que cette forme d’informations sur les ingrédients alimentaires était très ou plutôt suffisante. Depuis, cette part a nettement cédé du terrain. Les titulaires du droit de vote ne sont plus que 52 pour cent à juger le marquage de la valeur nutritionnelle de référence suffisant.
A la place, l’idée d’un marquage couleur («feux de signalisation» anciennement) déjà présent sur certains produits alimentaires bénéfice d’un engouement croissant. En Suisse, 80 pour cent de l’électorat estime aujourd’hui que ce marquage devrait devenir la nouvelle norme légale.
En Suisse, l’introduction d’un impôt frappant les produits alimentaires contenant du sucre, du sel ou des matières grasses est déjà connue d’autres pays mais hors de question pour une majorité de l’électorat. La valeur d’approbation la plus élevée jusqu’à présent atteinte a été enregistrée en 2017, après que cette introduction a été discutée souvent globalement en 2016 et début 2017.
Si l’approbation avait de nouveau un peu baissé en 2018 et 2019, une légère remontée se dessine cette année (consentement passé de 24 % à 27 %). Cette variation se situe toutefois à l’intérieur de l’erreur inhérente à un échantillon. A l’heure actuelle, 70 pour cent de l’électorat de la Suisse refuse l’introduction d’un tel impôt.
Le faible niveau d’approbation de l’impôt sur le sucre pourrait aussi résider dans l’efficacité réduite attribuée à une telle mesure.
Ils ne sont que 23 pour cent (donc moins nombreux que ceux d’accord avec une introduction) à partir du principe qu’un impôt sur le sucre pourrait influencer tout court la consommation de produits alimentaires contenant du sucre, du sel ou des matières grasses.
Conformément à l’Office fédéral de l’environnement (OFEV), la Suisse jette à elle seule 2,6 millions de tonnes de produits alimentaires chaque année. Les deux-tiers de ces déchets relèvent du gaspillage alimentaire, ceci signifiant que ces produits alimentaires auraient été consommables, au moment de leur élimination, s’ils avaient été utilisés correctement.
En Suisse, les électrices et électeurs estiment aussi clairement que le gaspillage alimentaire est un très gros (38 %) ou plutôt gros (40 %) problème.
Compte tenu du fait que les déchets évitables sont en majorités produits par les ménages privés, les citoyens*nes sont fondamentalement bien placés pour contribuer à maîtriser le problème. Un obstacle à cela toutefois réside dans le fait que seule la moitié détient des connaissances vraiment solides sur la signification des différentes dates d’expiration.
Une part considérable des personnes interrogées indique ne connaître qu’approximativement ou pas du tout la différence entre «à consommer jusqu’au» et «à utiliser de préférence avant fin».
La façon dont nous nous nourrissons non seulement est déterminante pour notre santé mais elle influe aussi énormément sur la nature et l’environnement. Avec en toile de fond le débat intensif sur le climat l’année dernière, cette constatation s’est ancrée dans la conscience de la population suisse.
Au moment de choisir entre un produit bon marché d’origine inconnue et un produit régional plus cher, 69 pour cent des électrices et électeurs de Suisse opteraient pour ce dernier.
Des majorités sont de cet avis, indépendamment de leur situation financière, de leur âge, de leur sexe ou aussi de leur niveau d’éducation. Les personnes cependant qui d’une manière générale ne s’intéressent pas au thème de l’alimentation et de l’activité physique ou qui trouvent ces questions dénuées d’importance opteraient plutôt pour le produit bon marché d’origine inconnue.
Un label indiquant si un produit alimentaire ou une boisson ménage l’environnement serait pris en compte par 73 pour cent de l’électorat au moment de faire les courses.
En revanche, une personne interrogée sur cinq (18 %) juge sans importance l’information sur la durabilité d’un produit alimentaire.
L’initiative propre et les compétences de chaque individu continuent de valoir comme valeurs fondamentales lorsqu’il s’agit d’aborder, en Suisse, les thèmes Alimentation et Activité physique. Une grande majorité voit d’un œil critique les interventions de l’État et la régulation sous la forme d’interdictions ou de lois. En Suisse, l’introduction d’une taxe sur le sucre ne recueille aucun soutien majoritaire, et ceci tous cantons confondus. Ces dernières années cependant et avec une accentuation toute récente due aux expériences faites autour de la crise du COVID-19, le seuil d’inhibition envers plus de solutions publiques sur le plan des valeurs semble toutefois légèrement baisser.
En Suisse, le niveau de conscience d’une alimentation saine et d’une activité physique suffisante et l’importance qui leur est attribuée sont très élevés. La préservation de la santé de la population n’est pas pour autant un automatisme. Dans le contexte précisément d’un niveau d’information en baisse sur ce thème, il est important de fournir un travail d’information ciblé et de promouvoir des habitudes saines dès la prime enfance.
La population détient ainsi les connaissances requises pour maintenir avec compétence et de manière autodéterminée un style de vie sain, et elle n’est pas dépendante des interventions publiques. En effet, des mesures telles que les impôts, les taxes d’incitation ou les interdictions ne recueillent pratiquement aucune approbation au sein de la population.
La population souhaite, aussi bien de l’économie que de l’État, de la transparence et de la compréhensibilité quant aux ingrédients alimentaires. La norme actuelle, c’est-à-dire le marquage de la valeur nutritionnelle de référence, fait l’objet de pressions croissantes et est de moins en moins considérée suffisamment informative.
L’électorat souhaite à la place qu’un marquage couleur tel que certains produits alimentaires l’arborent déjà soit ancré comme norme dans la loi.
Il y a longtemps qu’organiser sa vie de manière plus durable n’est plus le souhait seulement d’une minorité et qu’il joue un rôle aussi lors du choix des produits alimentaires achetés. En outre la problématique du gaspillage alimentaire est connue et perçue comme problème à grande échelle. De manière similaire à la compensation de la pollution due aux billets d’avion, le souhait d’organiser son propre bilan alimentaire reste encore, fréquemment, un vœu pieux. La réalité montre que le supplément de prix frappant les produits régionaux continue de dissuader beaucoup de gens de les acheter, et qu’en Suisse les ménages privés figurent parmi les plus importantes sources de gaspillage alimentaire. L’enquête montre toutefois que la population fait preuve d’ouverture d’esprit envers une amélioration de la situation. Il est néanmoins nécessaire de poursuivre le travail de sensibilisation.